Alain Bardel sur son site Arthur Rimbaud vient de mettre en ligne un article sur les manuscrits des Illuminations. Il réagit à mes articles récents et à l'écho qui y a été donné sur le blog Rimbaud ivre de Jacques Bienvenu.
Moi, j'ai déjà dénoncé le double jeu des rimbaldiens et aussi la lâcheté qu'ils ont à ne pas mettre un terme au sketch.
Donc, vous avez sur la page d'actualités du site de Bardel une annonce pour un article daté du 16 décembre ou une mise à jour d'un article plus ancien, peu importe, puisque ce que j'enregistre c'est l'espèce de mise au point du jour que cela laisse entendre.
Vous avez donc l'invitation à lire un article "Les Chiffons volants" de M. Fénéon qui porte bien sûr sur les Illuminations. Vous avez un encadré conséquent qui vous donne déjà la teneur intimidante de ce qu'il faut retenir d'essentiel. Fénéon n'a balancé qu'une opinion quand il a soutenu avoir organisé l'ordre du manuscrit des Illuminations quelques mois après les faits. Puis vous cliquez sur l'article et vous avez ce texte en bleu et en gros, puis toute la suite de l'article.
Alors je vous mets le lien de l'article en question : cliquer ici !
Je consulte cet article le 17/12 décembre à 00h39 et j'effectue une recherche sur la page, et puis quelques autres.
Ducoffre : 0 mention.
Bienvenu : 0 mention.
Déjà, tout est dit, la valeur de l'article de Bardel est jugée, ses scrupules, tout est pesé, la messe est dite.
Guytaux : 4 mentions.
Guyaux sert-il de défouloir ? Je vous laisse en juger sur pièces : "Guyaux se veut prudent...", [mais là] il est affirmatif" "André Guyaux écrit que [...] Cette information serait vraiment à contrôler." "la fonction que leur prête Guyaux". Pourquoi ces tournures de phrase, ils ont joué aux fléchettes ensemble et ça s'est mal passé ?
Murphy : 5 mentions. Les citations sont-elles partisanes ? Je vous laisse en juger sur pièces : "Steve Murphy défendait sensiblement les mêmes idées dans ses travaux sur les manuscrits rimbaldiens des années 2000-2006". J'ai envie de dire : et après 2006, il s'est passé quoi ? Le mot de la fin est accordé à Murphy qui est à chaque fois convoqué comme une parole d'autorité. "La réponse est non", l'opinion de Fénéon "doit être infirmée".
Murat : 4 mentions. Murat est convoqué comme première parole d'autorité pour mettre en doute la parole de Fénéon sur son propre vécu à lui Fénéon. Murat, Murphy et Bardel connaissent mieux la vie vécue par Fénéon près de 140 ans après les faits que Fénéon à quelques mois de distance.
Si on veut être de mauvaise foi et dire que Fénéon a menti, il y a de toute façon une méthode plus simple que celle choisie sans pertinence par Bardel. Il suffit d'écrire qu'il ne pouvait pas attribuer le travail à des ouvrières typographes, à du personnel lambda, donc il a brodé un article où il s'est mis en scène, il n'y tenait pas plus que ça, mais il savait que le lecteur n'accepterait pas qu'un sous-fifre se soit chargé de la publication, alors il a menti impunément.
Murat est-il compétent au plan philologique ? Je pose la question. Michel Murat est compétent pour être un professeur d'université. Il est compétent en analyse linguistique. Il est jusqu'à un certain point compétent dans l'analyse formelle de la poésie rimbaldienne. Il a une connaissance pas exceptionnelle mais pas trop mauvaise des consensus quant à l'interprétation des textes. C'est ce qui ressort de la lecture de ses publications, de ses divers écrits, et il est concerné par d'autres écrivains, notamment Julien Gracq. Mais, ici, on parle de philologie, et je précise que sur les questions philologiques, à un moment donné, le rimbaldien n'a que l'avantage en principe d'une relative érudition au sujet de cet auteur-là précisément, mais Murat n'est pas un philologue qui a une parole d'autorité sur la valeur du témoignage de Fénéon. La phrase citée par Bardel : "Il n'intervient probablement qu'après la rupture entre Gustave Khan et Léo d'Orfer", est-ce qu'elle a la forme d'un libellé scientifique ? Non, c'est une opinion, précisément ce que prétend dénoncer Bardel à propos de Fénéon, sauf que les opinions de Fénéon sur sa propre vie sont a priori plus convaincantes que les opinions de Michel Murat et d'Alain Bardel sur le vécu non fixé par écrit de Fénéon. Depuis quand on combat une opinion par une opinion d'une valeur de vérité nécessairement bien plus faible encore ?
Steve Murphy n'est pas non plus un philologue, puisqu'il n'arrive pas à lire certains vers, pourtant non raturés, du poème "L'Homme juste". On lui donne la solution, il n'arrive pas à la reconnaître. C'est pareil pour Alain Bardel, Jean-Luc Steinmetz, André Guyaux, Aurélia Cervoni ou Marc Dominicy. A partir du moment où tous ces gens ne savent pas lire "- Ô J'exèxre tous ces ces yeux de chinoisoudaines" puis "Nuit qui chante" sur un manuscrit de Rimbaud, ils n'ont aucune valeur de philologue aguerri. Point barre !
On a aussi dans la page "Actualités" un article du 4 décembre 2024 d'un certain Arnaud Buchs, mis en ligne sur le site Fabula dont voici le titre : "Prologue à une herméneutique impossible : Une saison en enfer et la traversée du sens".
Pour consulter cet article, cliquer ici !
Alors, il y a un article, il y a un résumé en français, un résumé en "english", il y a des sous-titres, l'article est aéré, tout ça tout ça, quoi ? Il y a un plan, il y a des mots clés, il ne manque plus que des motards et des mobylettes. Il y a une adresse de référence pour citer convenablement l'article. Il y a aussi une bibliographie où l'auteur cite trois de ses articles, une édition des Œuvres complètes de Rimbi-Rimbo, puis il y a une liste sommaire éclectique d'ouvrages sur Rimbaud du très solide Yves Bonnefoy, du très sérieux René Etiemble, du très foliothèque Dminique Combe, et puis un récit en prose d'un auteur contemporain : Rimbaud le fils de Pierre Michon. Oui, bon, le gars lit du Pierre Michon, c'est mieux qu'Henri Michou ou Jean-Mich Much. Oui, Henri Michon, ça passe, c'est un des rares auteurs à peu près citables du monde actuel, d'accord. Puis on a un article de Murat, un article de Murphy et enfin un livre de Murphy qui ne porte quasi pas sur Une saison en enfer.
Oui, cet article doit représenter le travail de toute une vie.
Au fait, Margaret Davies, Yoshikazu Nakaji, Hiroo Yuasa, Danielle Bandelier, Alain Coelho (celui-là, j'avoue que je ne l'ai pas encore lu) et pas mal d'autres, ils ont écrit pour les chiens, les chats, les porcs ? On a fait quoi avec leurs livres fabriqués à un certain nombre d'exemplaires, si même les intervenants du site Fabula ne les citent pas ? Comment on les appelle les gens qui travaillent sur Fabula ? Des fabulistes ? C'est quoi ces conneries ?
Je n'ai même pas envie de lire l'article. En le survolant, je tombe sur la note 14 : "Les critiques s'accordent pour y voir une allusion claire au coup de feu de Verlaine, que Rimbaud avait retrouvé en avril 1873 pour un nouveau départ londonien, qui se terminera par le fameux épisode bruxellois du 10 juillet." Hou ! que cela respire le travail de toute une vie.
- Ouais, je travaille sur Rimbaud. Aujourd'hui, il fait Rimbaud avec de la pluie, demain il fera Rimbaud avec du soleil, mais il fera froid, et dans dix jours il y aura du Rimbaud avec de la neige, mais moi je voudrais du Rimbaud avec du fog londonien pour bien étudier Une saison en enfer, il y en avait hier au matin jusqu'à dix heures, mais je me suis levé trop tard.
EDIT : 17/12 10H20
Je fais ce que devraient faire les universitaires professeurs de lettres, je lis donc la traduction en vers de La Divine Comédie de Dante. J'ai vérifié, le nombre de tercets varie selon les chants, mais il en faut nécessairement un nombre impair dans le cas de Ratisbonne, ce à quoi n'était pas obligé Dante en principe. Je continuerai les vérifications à ce sujet. Pour les césures, j'ai annoncé des césures dans "Le Paradis" pour les derniers chants. Je viens de lire à l'instant le "Chant premier" du "Paradis", et je relève les vers suivants :
(Coulpe et honte de notre humaine volonté !)Dire per verba comme on se transhumanise,
J'ai épinglé le travail de Jean-Michel Gouvard qui, sérieux, poussé et rigoureux, même si on peut en débattre, jusqu'au tournant du nouveau millénaire, n'est rien d'autre qu'une survie sur des acquis vingt ans après. Le travail de Gouvard sur la versification romantique est inexistant depuis vingt ans. Et j'ai une pensée aussi très sévère sur le travail de Cornulier qui, certes, s'est enrichi, mais qui n'a pas su se remettre en cause après plus de quarante ans.
J'épingle l'article d'Arnaud Buchs ci-dessus, parce que son article est formaté comme de l'entre-soi universitaire complètement superficiel où on excuse le manque de contenu, le manque de recherches assidues. La bibliographie, c'est un bidouillage digne d'un lycéen. On se cite soi-même, on cite des éditions d'auteurs pour faire du remplissage, et on cite deux autorités derrière lesquels on s'abrite, deux autorités qu'on assimile à des bannières qui nous représente, et puis trois ouvrages anciens généraux. Ce n'est pas sérieux ! J'ai énormément ri le restant de la soirée pour "mots-clés", "motards" et "mobylettes". Ou pour la fin où on parle de Rimbaud comme du beau temps. Le mot ronflant d'herméneutique il amène une bibliographie pareille ? Ah ouais ?
Je reprends d'autres éléments à l'article d'Alain Bardel dans cette partie éditée.
Je passe sur les élucubrations dérisoires de Bardel sur la vie de Fénéon. En gros, il ne manque plus que d'écrire que Fénéon étant arrivé après le départ et la dispute de Kahn avec Léo d'Orfer, d'après les mentions dans la revue, Khan aurait demandé à Fénéon de s'attribuer un pan de la vie de Léo d'Orfer. Il y a un moment où il faut laisser Bardel dans son marasme. On ne sait pas d'où vient la légende d'un Fénéon qui n'aurait pas laissé passer le défaut des titres pour deux poèmes. Fénéon n'est pas rigoureux quand il témoigne sur les "chiffons volants", mais il serait rigoureux comme pas un en tant qu'éditorialiste. Selon les besoins de la thèse Murphy-Bardel, Fénéon est tantôt rigoureux, tantôt non.
Un autre point important, Bardel nous dit que la liasse remise à Fénéon ne correspond pas à des "chiffons volants", mais qu'en revanche pour les derniers manuscrits publiés ultérieurement Vanier ou je ne sais plus qui aurait pu parler cette fois de "chiffons volants". Bon, déjà, l'ensemble admis de "chiffons volants" contient le manuscrit de "Génie" : excusez du peu ! Et cet ensemble publié ultérieurement, il faisait partie de l'ensemble de 1886 initialement. Donc, une partie des manuscrits avait l'air de chiffons volants dès 1886. Si bardel admet ce fait, comment il fait pour évaluer l'exactitude de pensée que recouvre l'expression "chiffons volants" dans la bouche de Fénéon ? Surtout que, dès 1886, une partie des manuscrits ne fait pas partie de la masse homogène sur un même papier. Et jusqu'à quel point dans vos vies vous êtes étonnés que dans une liasse de papiers il y en a beaucoup du même format ?
Bardel croit prendre pouvoir se servir comme d'un argument du fait que "[L]es rédacteurs [aie]nt placé en tête les manuscrits de poèmes en prose les plus soignés."
Et alors ?
Ils doivent éditer des "chiffons volants", ils commencent par ce qui est le plus facile. Je rappelle que publié vers la fin le manuscrit de "Promontoire" a été recopié à la différence des autres avant impression comme l'a montré Jacques Bienvenu dans un article que Bardel ne référence pas.
Les manuscrits les moins propres selon Bardel, ce sont forcément les derniers du recueil. D'où vient cette théorie que le poète finit d'abord les premiers poèmes du recueil ? Il peut enlever un feuillet, en mettre un autre. Il peut avoir considéré que les feuillets n'étaient pas si non présentables que ça. Peut-être que le dossier qu'il a recopié vient d'une liasse manuscrite illisible, endommagée par de la boisson ou que sais-je ? D'où viennent les nécessités logiques imposées par Bardel ?
Le poème "Après le Déluge" a été placé au début, mais Fénéon en a donné la raison. Et Bardel va un peu vite quand il dit que "Après le Déluge", "Enfance" et "Conte" sont des poèmes qui renvoient à l'univers des contes et sont parfaits pour ouvrir le recueil. "Royauté" aussi ressemble à l'univers des contes. Et "Après le Déluge" ne ressemble pas à un "Conte", et "Enfance" non plus. "Après le Déluge", c'est un recommencement après une catastrophe, ce n'est pas le thème de l'enfance. Le Prince de "Conte", son histoire n'a aucune continuité avec le récit "Enfance". Il est "Prince", mais il n'est pas décrit comme passant de l'âge enfant à l'âge adulte, par exemple.
Bardel, comme Murphy jadis, s'appuie sur le fait que Rimbaud n'a pas eu assez de papier pour tout recopier, ce qui n'a aucun sens. Si Rimbaud a voulu envoyer son manuscrit en l'état à des fins de publication, je ne vois pas ce qui l'empêchait de paginer tout l'ensemble manuscrit, ça ne mange pas de place ! La liasse manuscrite peut se perdre par la poste, et présentée n'importe comment l'éditeur l'a renverra. Rimbaud trouverait moins coûteux les frais d'envois par la poste voués à un refus évident, plutôt que de prendre son argent, d'acheter du papier et de l'encre pour rédiger un ensemble parfait au propre. Et qu'est-ce qu'il en sait Bardel que c'est cette liasse manuscrite qui était destinée à l'envoi ? La mère de Rimbaud a tout détruit à la mort de son fils ou Rimbaud a pu perdre des manuscrits lors de ses voyages. Verlaine a publié un jeu de manuscrits qu'il a eu entre les mains. On n'en sait rien si c'est celui-là précisément que Rimbaud voulait faire publier par Germain Nouveau. On n'en sait rien si en 1875 la liasse envoyée à Nouveau à des fins de publication doit être retravaillée ou non par Rimbaud. On connaît tous ce que sont les paroles en l'air, non ? Pourquoi prendre pour argent comptant tout ce qui est rapporté ? Verlaine dit que c'est "à des fins de publication", vous faites une fin de l'histoire pour un propos aussi évasif ?
Je cite les phrases de Bardel : ce n'est pas par hasard que Rimbaud a mis les poèmes comme-ci et comme ça, ils mentionnent plusieurs titres et on doit trouver l'ordre d'une évidence naturelle. Et puis il passe à un autre paragraphe où il va refaire le même discours sur une base plus ferme :
"Après le Déluge" et "Conte" évoquent le genre, l'atmosphère et le personnel littéraire des contes et légendes qu'on donne à lire aux enfants [...]
C'est très discutable dans le cas de "Après le Déluge", il y a les enfants qui regardèrent les merveilleuses images, mais c'est justement en contraste avec l'ensemble du poème conduit par quelqu'un qui n'est pas ces enfants, non ? Alors, oui, il y a la Sorcière, mais bon. Et alors ? Que ce soit là ou au milieu du recueil ? Qu'est-ce que ça prouve en soi ? Bardel fait dans l'autopersuasion. Et pourquoi "Enfance" entre les deux n'est pas cité comme renvoi à l'univers des "contes" ? Sous prétexte que l'enfance c'est forcément au début, ça peut être placé entre deux textes relevant de l'univers des contes pour enfants (ce que n'est pas "Après le Déluge" de toute façon) ? C'est quoi, ce cirque ? "Bottom" et "H" selon Bardel témoignent des expériences sexuelles de Rimbaud. Première fois que je lis un truc pareil.
Il n'y a pas un rimbaldien qui pourrait écrire personnellement à Bardel pour lui dire que la thèse de la pagination autographe et du recueil des Illuminations c'est terminé. Je ne sais pas : Michel Murat et Yves Reboul peuvent écrire personnellement à Bardel pour lui dire qu'eux n'y adhèrent plus. Sinon d'autres rimbaldiens. Il y a bien des contacts personnels qui doivent lui expliquer que la partie est perdue. Non ? Je ne sais pas. Comprends pas !
- Ah non ! hein, moi je n'écris pas à Bardel...
Il faut faire quoi pour que le cirque finisse ? Il faut écrire un dossier à toutes les universités de France, à tous les éditeurs des classiques de la Littérature. Moi, je veux bien écrire à Honoré Champion, aux Editions Classiques Garnier, je veux bien écrire à la Sorbonne, etc. Vous voulez que j'écrive aussi à des experts graphologues pour les vers de "L'Homme juste" ?
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