En préparant ma recension du cruel Dictionnaire Rimbaud qui me vaincra et vous vaincra tous, j'ai rencontré une précision à la lecture de l'article "Leconte de Lisle" par Denis Saint-Amand qui m'a brutalement fait penser à "Vu à Rome" :
La publication, dans Le Temps du 30 septembre 1870, des "Papiers et correspondances de la famille impériale" met au jour le fait que le Parnassien touche mensuellement une pension de 300 francs provenant de la cassette personnelle de l'Empereur : cette révélation fâche plus d'un républicain, dont Verlaine. L'épisode de la Commune attisera l'inimité des deux hommes, Leconte de Lisle ne pardonnant pas son engagement à son ancien élève.
L'emploi du terme "cassette" a été déclencheur du rapprochement dans mon esprit, mais, aussitôt, cela a pris du relief à la mesure de la date mentionnée du "30 septembre 1870". Le dîner des Vilains Bonshommes a eu lieu le 30 septembre 1871, un an jour pour jour après cette révélation dans la presse. Contrairement à ce que dit Saint-Amand, Leconte de Lisle n'était pas un "fer de lance" du mouvement parnassien. Dans son ouvrage La Génération de 1860, Luc Badesco explique déjà que les jeunes poètes rendaient un hommage obligé à Leconte de Lisle, mais ne cherchaient nullement à apparaître comme ses disciples. Leconte de Lisle n'était pas entouré des parnassiens. Toutefois, c'était un pays de Léon Dierx, et il serait intéressant de déterminer si Leconte de Lisle a pu faire débat le 30 septembre 1871, un an après la révélation dans Le Temps. Il ne faut pas oublier que les Vilains Bonshommes ne se sont jamais réunis entre-temps du fait des événements. Ensuite, dans l'Album zutique, les contributions ciblent bien sûr Coppée, mais aussi parfois Leconte de Lisle. Les parodies de Silvestre et de Léon Dierx sont rapprochées l'une de l'autre, tandis que nous avons un peu plus loin un fragment d'épître intitulé "Exil" attribué à Napoléon III qui se comprend comme un extrait détaché des nouveaux "Papiers et correspondances de la famille impériale". Léon Dierx a-t-il pris la défense de Leconte de Lisle devant Verlaine ? Et "Vu à Rome" évoque-t-il un schisme entre poètes à la marge ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire