Publication anticipée de cet article auquel je dois encore ajouter les photographies prises ! Cet article sera édité par l'ajout du dossier iconographique très prochainement !
Henry Adrien Bouillane de Lacoste est le neveu de l'explorateur et militaire Emile Antoine Henry de Bouillane de Lacoste, connu pour ses livres sur l'Afghanistan, la Mongolie et la Mandchourie. Né en 1894, l'universitaire Bouillane de Lacoste s'est passionné pour Rimbaud qu'il a nécessairement découvert dans les éditions accessibles de son époque peu avant la première guerre mondiale. Il est connu pour sa contribution rimbaldienne majeure qui a consisté à démontrer que les manuscrits des poèmes en prose des Illuminations avaient été rédigés après Une saison en enfer, au plus tôt en 1874, avec l'apport d'un a priori favorable au témoignage de Verlaine qui avait clamé en vain que les poèmes en prose avaient été écrits après Une saison en enfer. Cette célébrité s'étend à la recension de plusieurs éditions critiques des œuvres de Rimbaud et à une réflexion psychologisante sur l'écriture de Rimbaud. Son travail de graphologue a connu des étapes. Il a d'abord publié un article dans le numéro du premier novembre 1936 du Mercure de France intitulé "L'Evolution psychologique d'Arthur Rimbaud (d'après son écriture)", pages 458-495, article conséquent signé en réalité de trois noms : le sien, celui de Pierre Izambard fils du professeur de Rimbaud et celui d'Edouard de Rougemont qui vient même en tête dans les mentions en fin de contribution. L'article contient de nombreuses illustrations fac-similaires photographiques inscrites parfois dans le corps du texte.
Ce document peut être consulté sur le site Gallica de la BNF : cliquer ici pour y accéder !
Le but initial, comme il est déclaré au début de cette étude, était de méditer le tarissement poétique précoce de Rimbaud à partir d'une analyse graphologique psychologisante, ce qui a eu pour conséquence plus heureuse de précipiter une étude philologique des manuscrits et une étude des variations de l'écriture pour améliorer la datation de ceux-ci.
Il faut par ailleurs noter que l'article commence par un rappel d'une publication antérieure dans la même revue. Dans le numéro du 15 août 1835 du Mercure de France, nos trois auteurs ont publié un article d'un genre différent : "Recherches sur les sources du 'Bateau ivre' et de quelques autres poèmes de Rimbaud". Il convient de citer la note de bas de page qui apporte des précisions :
[...] Dans cette étude, nous avons montré qu'un grand nombre de vers du Bateau ivre avaient pu être inspirés à Rimbaud par la lecture du Magasin pittoresque. Mais nous ignorions que la famille du poète possédait ce journal : notre étude avait déjà paru lorsque nous avons appris ce détail par le Mme Rimbaud de Mme Méléra (Firmin-Didot, 1930).
Le mensonge ne manque pas d'effronterie, puisque trois personnes qui étudient Rimbaud, dont au moins un universitaire Bouillane de Lacoste, et au moins le fils de Georges Izambard, font semblant qu'en 1835 ils n'avaient pas encore lu attentivement la biographie de Méléra parue cinq ans auparavant, à une époque où il n'y avait pas pléthore de livres à lire sur Rimbaud. L'idée d'interroger à la suite de la révélation de Mme Méléra le Magasin pittoresque demeure malgré tout pertinente en soi. Cet article est bien évidemment lui aussi consultable sur le site Gallica de la BNF. En réalité, il n'est signé que par Bouillane de Lacoste et Pierre Izambard. Il va de la page 5 à la page 23 du numéro de la revue : cliquer ici pour consulter cet article sur "Le Bateau ivre" en regard du 'Magasin pittoresque' !
Je pourrai rendre compte ultérieurement de ces deux articles. Il faut observer que, d'une part, Bouillane de Lacoste et Pierre Izambard vont de nouveau s'associer pour publier en un volume une édition annotée des écrits du professeur Izambard sur Rimbaud, l'ouvrage intitulé Rimbaud tel que je l'ai connu et que, d'autre part, Bouillane de Lacoste a renoncé à publier des commentaires des poèmes de Rimbaud, puisque ses livres vont exclusivement s'attacher à l'établissement du texte de Rimbaud et bien évidemment à l'ordre dans lequel doivent défiler les textes.
Dans les faits, Bouillane de Lacoste a à peu près publié deux fois les poèmes de Rimbaud. Il y a trois volumes d'éditions critiques pour respectivement les vers sous le titre Poésies, le livre Une saison en enfer et les poèmes en prose sous le titre Illuminations. Toutefois, les éditions critiques de Poésies et Une saison en enfer sont rapprochées dans le temps, tandis qu'il a fallu attendre un certain nombre d'années pour l'édition critique des Illuminations, avec entre-temps la publication d'autres livres sur Rimbaud par Bouillane de Lacoste. L'édition critique des Poésies date de 1939, sinon 1940, cela semble être au tournant de ces deux années vu la variation des mentions à ce sujet. L'édition critique d'Une saison en enfer date de 1941. L'édition critique des Illuminations date pour sa part de 1949. L'intervalle a son importance. Les deux premiers ouvrages sont publiés soit juste avant la guerre, soit tous à ses débuts. L'édition critique des Illuminations de 1949 est dédiée à la mémoire du docteur Lucien-Graux victime de la guerre et à Félix Fénéon, qui tous deux ont pourtant participé à la lente élaboration de l'édition critique, le premier du fait qu'il possédait des manuscrits capitaux à consulter, le deuxième par un courrier reproduit pour partie en appendice à l'édition critique de 1949. Mais, dans cet intervalle, Bouillane de Lacoste a publié également un volume intitulé Œuvres d'Arthur Rimbaud qui contenait les vers, Une saison en enfer, les poèmes en prose et d'autres textes variés. Ce volume a été publié directement à la fin de la guerre, considéré comme publié en 1946 il porte la mention "1945" sur la première de couverture. En 1946, avec Pierre Izambard, Georges Izambard a alors publié avec "préface et notes" le livre Rimbaud tel que je l'ai connu dont Georges Izambard est considéré comme auteur, puisque rassemblement de ses écrits il y a. Enfin, en 1949, avant son édition critique des Illuminations, Bouillane de Lacoste a publié deux autres livres : une édition critique du recueil Bonheur de Verlaine et son essai Rimbaud et le problème des Illuminations.
Tous les livres de Bouillane de Lacoste ont été publiés au Mercure de France, à l'exception du volume Œuvres qui vient de l'éditeur Fernand Hazan.
L'intervalle a une autre importance, puisque Bouillane de Lacoste explique que c'est à partir de 1939 qu'il a commencé à percevoir l'anomalie selon laquelle les manuscrits des poèmes en prose témoignaient d'une manière d'écrire d'Arthur Rimbaud qui ne pouvaient pas correspondre à l'année 1872. Il a donc fallu mûrir son étude qui de surcroît a été retardée par la guerre. L'autre fait intéressant, c'est que, autant Bouillane de Lacoste, accorde de l'importance au fait de publier les poèmes en prose après Une saison en enfer, autant il s'intéresse moins à l'odre de publication des poèmes en prose eux-mêmes, puisque l'ordre de défilement dans le volume paru en 1946 n'est pas du tout celui que nous connaissons dans les éditions courantes actuelles. Bien que le volume de 1945 ne soit pas annoté et ne contienne qu'un bref avertissement, plusieurs éléments de mise en page méritent de retenir notre attention. Je tenais à faire remonter les précieuses informations qu'il contient. Il a motivé l'idée de publier un article à base d'illustrations photographiques, à savoir l'article que vous lisez en ce moment.
La singularité la plus remarquable de l'édition de 1945 chez Hazan, c'est l'emploi de caractères mis en couleur rouge. On peut penser évidemment à l'édition originale d'Une saison en enfer comme modèle à ce caprice esthétique. Le nom de l'éditeur "Fernand Hazan" est en rouge sur la première de couverture, la signature "Arthur Rimbaud" est rouge comme le sang en-dessous de l'achevé d'imprimer. Les chiffres, romains ou non, autour des poèmes sont eux aussi en rouge. Les titres des sections sont en rouge et en majuscules : Avertissement, Première proses, Poésies, Vers nouveaux et chansons, Les Déserts de l'amour, Une saison en enfer et Illuminations. La lettrine "O" qui lance l'avertissement l'est de même, ainsi que les initiales "H. B." à son terme. Pour le devoir scolaire retrouvé par la famille : "j'étais né à Reims", "saperlipopettouille", etc., vous avez le titre en noir et en majuscules "Narration", puis la précision en rouge sur deux lignes : "Trouvée dans un cahier de pensums de l'année scolaire 1862-1863." Et à la page 18, vous avez un astérisque rouge accroché à la suite du mot "officier" et la note de bas de page est elle-même en rouge : "*Colonel de Cent-gardes." La suite du livre ne fournit plus jamais une telle note de bas de page, sauf l'autre devoir en prose qui suit et le poème "Les Mains de Jeanne-Marie".
Les pages sont elles-mêmes numérotés en rouge, mais il y a plusieurs fantaisies encore. Le devoir intitulé "Narration" est signé "Arthur" et cela est mis en rouge, mais par la parenthèse : "(La suite prochainement.)". Le premier mot du devoir scolaire conservé par Izambard "Charles d'Orléans à Louis XI" est lui-même mis en rouge et en majuscules, le terme d'adresse : "SIRE". Et nous avons une nouvelle note de bas de page à base d'astérisque en rouge : "* OLIVIER BASSELIN, Vaux-de-Vire." De nouveau, la signature : "A. RIMBAUD" est en rouge.Pour les poésies, les lignes de points de différents manuscrits sont transformées en quatre astérisques rouges espacés sur une ligne ("Les Etrennes des orphelins", "Soleil et Chair", "Accroupissements", "Les Premières communions", "Veillées III" (chiffrer en rouge), avec un cas particulier pour "Le Forgeron", deux lignes consécutives de quatre astérisques rouges après le vers : "- Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux !" Il y a aussi un cas particulier pour le poème "L'Homme juste". Il est flanqué du sous-titre bien sûr apocryphe "Fragments", et il s'ouvre encadré par deux lignes de quatre astérisques rouges par le quintil isolé "Ah ! qu'il s'en aille, lui, [...]" avant la transcription du texte de "Le Juste restaity droit..." à "[...] laisse filer les astres !" Bouillane de Lacoste ignore alors l'emplacement exact de ce quintil comme il ignore l'existence du quintil que Berrichon n'arrivait pas à déchiffrer avec "de daines" et "Nuit".
Il y a un autre cas particulier pour les poèmes courts du feuillet paginé 12. Bouillane de Lacoste n'a qu'espacé par des blancs les trois parties de "Phrases" du feuillet 11, mais il a reporté des lignes de deux astérisques rouges pour séparer les cinq pièces courtes du feuillet 12 et il a même reporté la ligne de deux astérisques après le dernier texte : "Avivant..." par fidélité au manuscrit.
Quand les poèmes n'ont pas de titre, Bouillane de Lacoste place une ligne d'astérisques en rouge, mais on remarque que les astérisques authentiques au début du livre Une saison en enfer sont eux aussi en rouge. Quand un poème contient plusieurs parties avec des titres : "Jeunesse" ou "Comédie de la soif", les titres internes sont en rouge tout comme la numérotation. En revanche, les titres des quatre poèmes des "Fêtes de la patiences" sont maintenus en noir, le titre "Fêtes de la patience" n'étant pas mis sur le même plan que ceux de "Comédie de la soif" et "Jeunesse".
Pour "Les Déserts de l'amour", nous avons une page isolée pour le titre, où cette fois le titre est en rouge et en noir la mention "Fragments", ce qui est contradictoire avec ce qui a été fait pour "L'Homme juste". La mention authentique "Avertissement" est elle aussi en rouge, ainsi que les chiffres I et II qui précèdent les deux textes en prose qui suivent.
Notons que nous avons une ligne de quatre astérisques rouges à la suite de la dernière prose des "Déserts de l'amour".
Dans le cas d'Une saison en enfer, outre les quatre astérisques de la prose liminaire : "Jadis...", Bouillane de Lacoste met en rouge les chiffres I et II des "Délires" et surtout les deux titres de poèmes mentionnés dans "Alchimie du verbe" : "Chanson de la plus haute tour" et "Faim", ce qui est maladroit, car cela crée un sentiment d'hétérogénéité mal venu à côté des poèmes voisins sans titre. Notons aussi au passage que pour Une saison en enfer Bouillane de Lacoste n'a pas essayé comme dans son édition critique antérieure de conserver le principe des feuilles blanches pour séparer plus nettement les sections et il reporte sans mentionner qu'il prétend corriger une coquille de l'édition originale le verbe "mène" dans "Mauvais sang".
Pour les poèmes en prose des Illuminations, outre qu'ils sont séparés des pièces en vers, Bouillane de Lacoste a reporté en rouge les mentions I et II en chiffres romains pour les deux poèmes homonymes "Villes". J'ai déjà indiqué que pour "Jeunesse", les trois titres "Dimanche", "Sonnet" et "Vingt ans" étaient en rouge comme les quatre chiffres romains, mais précisons un fait là encore particulier : "les parties numérotées de "Enfance" et "Veillées" sont enchaînées, alors que pour les parties numérotés de "Vies" et "Jeunesse" Bouillane de Lacoste change de page, différence de traitement qui nécessiterait une justification et qui est franchement discutable. Selon mon analyse, "Vies" est un seul poème en trois volets numérotés, ce qui le rend plus uni que "Enfance".
Bouillane de Lacoste, malgré son usage des astérisques a fondu les trois parties de "Phrases" aux cinq poèmes qui suivent.
Il reste encore deux remarques importantes sur son recueil de poèmes en prose intitulé Illuminations. Il s'ouvre par le brouillon "Beth-Saïda..." qu'on trouve au dos de brouillons d'Une saison en enfer, tandis que les poèmes "Marine" et "Mouvement" ont été reportés parmi les derniers poèmes en vers dans la section créée pour l'occasion "Vers nouveaux et chansons", titre apocryphe qui reviendra jusque dans l'édition de Jean-Luc Steinmetz chez Garnier-Flammarion dans la période 1989-1991. Bouillane de Lacoste me semble l'initiateur de ce titre, puisque c'est lui qui a séparé les poèmes en vers des poèmes en prose, mais dans l'édition critique des Poésies en 1939 "Le Bateau ivre" et "Larme" se succédaient sans solution de continuité !
En 1945, Bouillane de Lacoste sépare les deux manières en vers, avec une section "Poésies" et une section "Vers nouveaux et chansons". Notons que dans la section "Poésies" s'isole un poème seconde manière "Tête de faune", isolement qui se voyait déjà dans le dossier paginé de Verlaine. Accessoirement, dans la table des matières, le titre "Vers nouveaux et chansons" est tout en rouge, tandis que la page de titre à l'intérieur du recueil opte pour le contraste du noir dans le cas de l'esperluette "&".
Il faut nettement insister sur le fait qu'en 1945 les poèmes "Marine" et "Mouvement" closent la section "Vers nouveaux et chansons", et malgré l'expertise graphologique et l'inscription de "Marine" au milieu de "Nocturne vulgaire" et "Fête d'hiver", Bouillane de Lacoste les écarte sans état d'âme du recueil des Illuminations. C'était déjà le cas dans son édition critique des Poésies en 1939 où "Marine"' et "Mouvement" ne sont suivis que par le report de la pièce inédite de "Alchimie du verbe" : "Le loup criait...".
Toutefois, "Marine" et "Mouvement" sont inclus dans l'édition critique des Illuminations de 1949.
Bouillane de Lacoste s'est donc ravisé à ce sujet.
Vous le voyez : l'étude du volume de 1945 nous fournit plein de détails intéressants à méditer. J'achève le relevé des mentions en rouge étonnantes : le "ou" entre les deux titres alternatifs "Paris se repeuple", "L'Orgie parsienne", puis pas mal de mentions épigraphiques. Cela concerne tout particulièrement les poèmes de 1870 : "Palais des Tuileries, vers le 10 août 92" pour "Le Forgeron", "Place de la Gare, à Charleville" pour "A la Musique", "cinq heures du soir" pour "Au cabaret-vert", "Fantaisie" pour "Ma Bohème" (titre dont l'orthographe est corrigée).
Des cas plus singuliers sont à observer de plus près. Pour "Morts de Quatre-vingt-douze...", l'épigraphe est contrastée, citation en rouge de Paul de Cassagnac, mais mention de ce nom en noir, puis mention en rouge du journal "Le Pays" d'où la citation est extraite. Pour "Les Reparties de Nina", les didascalies "Lui" et "Elle" sont en majuscules rouges, ce qui n'est pas mal du tout comme principe en ce cas. Pour "Rêvé pour l'hiver", Bouillane de Lacoste met en rouge la dédicace "à... Elle", mais maintient en noir la mention finale "En wagon, le 7 octobre 70." Certes, il maintient en noir les dates mentionnées en fin de poème, mais la mention "En wagon" est pourtant du même ordre que pas mal de mentions périphériques en rouge : "Place de la gare", "Vers les Tuileries", "etc. Pour "L'Eclatante victoire de Sarrebruck", Bouillane de Lacoste maintient en noir comme un allongement du titre la ligne : "remportée aux cris de vive l'empereur !" qui est transcrite qui plus est en majuscules, mais il met en rouge en minsucules sauf pour l'initiale de "Gravure" et le nom propre "Charleroi" la suite : "Gravure belge brillamment coloriée, se vend à Charleroi, 35 centimes."
Pour "Les Mains de Jeanne-Marie", nous avons par exception une nouvelle note de bas de page en rouge : "* Variante : casseuses." Au passage, Bouillane aurait dû intégrer cette variante puisqu'il reprend les quatrains ajoutés par Verlaine.Bouillane de Lacoste a intégré en rouge les dédicaces "A M. Paul Demeny" et "A Monsieur Théodore de Banville" pour "Les Poètes de sept ans" et "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", ce qui méritait quand même un débat contradictoire.
Deux cas particuliers nous intéressent parmi les vers "nouvelle manière". Pour "Comédie de la soif", les chiffres, les titres internes et les didascalies "Moi" sont en rouge. Pour le poème désormais rendu au titre "Juillet", Bouillane de Lacoste adopte donc le titre ancien "Bruxelles" en noir et reporte en rouge sur deux lignes "Boulevart du Régent" et "Juillet" avec un point et non une virgule après "Régent" comme après "Juillet".
Enfin, quant à l'établissement des textes, je peux rapidement mentionner les faits suivants. Pour "Les Pauvres à l'Eglise", le vers où il manque deux syllabes lors du recopiage est augmentée d'une mention entre crochets : "Dehors, le froid, la faim, [la nuit,] l'homme en ribote." La lecture "la nuit" n'est même pas conjecturale, il s'agit d'une pure invention pour rendre l'alexandrin correct. Nous en reparlerons quand nous étudierons le discours des éditions critiques.
Pour "Mouvement", les lignes trop longues sont transcrites avec le principe habituel aux vers de la mention reportée avec un crochet tout à droite de la page et en-dessous de la ligne correspondante, principe appliqué par Rimbaud lui-même dans le manuscrit. Mais, pour "Marine", la dernière ligne est anormalement distribuée comme si c'était un vers d'un type différent des neuf lignes précédentes, alors que le manuscrit prenait le partie du retour à la ligne comme pour un alinéa.
Le dernier cas que je songe à traiter est la ligne finale du poème "Qu'est-ce pour nous, mon Coeur,..." où Bouillane de Lacoste n'a pas tenu compte de l'émargement identique pour cette ligne et les vingt-quatre vers de douze syllabes, il a édité la ligne finale en italique comme du hors-texte ou comme de la prose : "Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours !" La version de "O saisons" est abrégée pour tenir compte d'une biffure manuscrite et je peux arrêter là ma recension.
Pour chacun de ses ouvrages, notons encore que Bouillane de Lacoste a eu à coeur de nous fournir des photographies fac-similaires de manuscrits rimbaldiens : deux pages sur papier glacé pour "Les Mains de Jeanne-Marie" en tête de l'édition critique des Poésies ; une page avec le brouillon déchiré de "Alchimie du verbe" en tête de l'édition critique d'Une saison en enfer mais sans différenciation de papier utilisé pour l'édition. Pour l'édition critique des Illuminations où après des couvertures jaune clair on passe à à une couverture brune (j'emploie par habitude d'origine belge ce mot de couleur comme neutre pas comme foncé) ou beige si vous préférez, vous avez sur papier blanc glacé une photographie de la transcription de "Scènes". Pour le volume paru chez Hazan en 1945, vous n'avez pas de fac-similé, sauf la reproduction en rouge d'une signature "Arthur Rimbaud". L'essai Rimbaud et le problème des Illuminations, en plus gros format, s'ouvre par le fac-similé de "Bottom", mais reproduit sur le papier de base de cette édition. Au sein de l'ouvrage, vous avez tantôt des fac-similés reproduits sur le papier de base de l'édition, tantôt des fac-similés sur des encarts en papier glacé. Je vous en évite ici le détail de relevé.
Il va de soi que quand je les aurai bien usés mes exemplaires ne seront plus vendables... Mon, exemplaire des Poésies a une menton de propriétaire "Simone Poussif 1942". Je crois lire "Poussif", mais peu importe. La table des matières en fin d'ouvrage est accompagnée de quelques croix d'un propriétaire de l'ouvrage à côté de certains poèmes et d'une mention au crayon que je n'ai pas encore déchiffrée pour la ligne "Le Coeur volé".
J'ai un exemplaire de la septième édition pour les Poésies, de la huitième pour Une saison en enfer. J'ai eu la chance d'obtenir ce volume visiblement rare à un prix bas. Mon édition critique des Illuminations a une mention au crayon sur la première page blanche, en oblique : "Daniel Russell 25/5/61 New York". Mon exemplaire de l'essai de 1949 contient plusieurs découpures de presse, une très ancienne de René Lalou et quelques autres du début de troisième millénaire; Enfin, acheté à vingt euros, mon exemplaire des Œuvres est un tirage limité "HC".
Je me répète : ne vous attendez pas à les récupérer un jour en bon état.
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