J'avais dit que je n'achèterais pas l'article de Marc Dominicy sur les deux vers à déchiffrer de "L'Homme juste" me contentant d'épingler les inepties du résumé qui lui était libre d'accès. Il se trouve qu'on m'a offert cinq tomes des éditions Classiques Garnier.
Il s'agit de trois numéros de la revue Parade sauvage (30, 31 et 33), de l'hommage "Rimbaud, Verlaine et zut, à la mémoire de Jean-Jacques Lefrère" car celui qui me l'a offert l'avait en double, et enfin du volume "Rimbaud, Verlaine et Cie, 'un devoir à chercher', à la mémoire de Yann Frémy". Je possédais quelques articles au format numérique.
L'article de Marc Dominicy figure dans le dernier volume cité, l'hommage à Yann Frémy. Il porte le titre "Les Deux dernières strophes de 'L'Homme juste' " et ne contient aucun extrait photographique du fac-similé du manuscrit.
Pour que les gens puissent se faire une idée, il faut bien évidemment un renvoi visuel au manuscrit. C'est déjà un point sur lequel l'article de Dominicy manque de sérieux scientifique.
Je pourrai ajouter dans quelques jours sur ce blog deux facs-similés. Une image de qualité du manuscrit, et puis je vais proposer aussi une photographie que j'ai prise de l'édition intégrale des manuscrits par Jeancolas en un seul volume, car il y a une différence de qualité assez étonnante, et il ne convient pas que le travail de Jeancolas serve de référence dans ce genre d'approche.
Mais, pour l'heure, il me suffit de mettre un lien qui renvoie à l'article que j'ai mis en ligne sur le blog de Jacques Bienvenu Rimbaud ivre. Je précise que j'ai publié un article sur internet, mais aussi un autre dans la revue "Nous t'affirmons, méthode !"
Il va de soi que ce fac-similé vous pouvez l'agrandir correctement à l'écran, que vous soyez devant un ordinateur fixe ou devant un "smartphone".
Il est rare que le déchiffrement d'un texte manuscrit fasse débat, et les rimbaldiens admettaient donc le déchiffrement suivant pour deux vers problématiques :
- J'exècre tous ces yeux de chinois (...)daines(...) qui chante : nana, comme un tas d'enfants près
Une personne, Paul Hartmann, qui avait pu voir le manuscrit avait communiqué ce résultat auquel il fallait bien s'en tenir, puisqu'aucun fac-similé n'était rendu public.
Le manuscrit a été rendu public dans les années 1990, mais personne ne l'a étudié de près, sauf Murphy qui en rend compte dans son édition des Poésies pour un tome I des œuvres complètes d'Arthur Rimbaud en 1999 chez Honoré Champion.
En réalité, un O est superposé au J majuscule du premier vers cité, le déterminant "ces" est écrit deux fois et un double "x" corrompt le verbe "exècre" qui est écrit "exèxre" : " - O/J'exèxre ces ces yeux de chinois (...d)aines".
Il faut clairement poser que nous étudions un alexandrin, ce qui suppose une contrainte syllabique à l'intérieur de l'espace à déchiffrer.
Pour un lecteur primaire habitué à la solution ancienne : "J'exècre tous ces yeux de chinois (...d)aines", l'idée est d'identifier un premier hémistiche naturel : "J'exècre tous ces yeux", six syllabes, face auquel la séquence "de chinois (...d)aines" offre une lacune de deux syllabes à combler.
Pour un lecteur qui connaît l'histoire de la versification et qui sait faire réagir son cerveau face à des indices remarquables (David Ducoffre, Benoît de Cornulier ou Jacques Bienvenu), la répétition du déterminant "ces" invite à penser que le poète voulait une césure sur le déterminant "ces". On comprend alors aisément que le "O" initial n'est pas biffé par le "J" majuscule", mais qu'au contraire le "O" supprime une partie du "J" majuscule" pour le ramener à un "j" minuscule : "- O j'exècre tous ces", premier hémistiche en suspension. Rimbaud était manifestement ivre en écrivant : "j'exèxre", et quand il a voulu rédiger le second hémistiche, il a par erreur réécrit le déterminant "ces".
Marc Dominicy ne tien aucun compte de ce point, il est convaincu que je fais une erreur et que le "Ô" doit être biffé.
Malheureusement, pour Dominicy, la situation est la suivante, il doit introduire deux syllabes, là où il ne m'en est demandé qu'une seule.
Or, la partie illisible est très courte, comme vous pouvez le vérifier sur le fac-similé.
Malheureusement aussi pour Marc Dominicy, il y avait plusieurs idées élaborées qui prouvaient que j'avais raison.
Soit la séquence finale du vers en question : "yeux de chinois (...d)aines".
Je mets le "d" dans la parenthèse, mais la plupart des rimbaldiens admettent d'évidence qu'il y a un "d". Les éditions donnent souvent les lectures "yeux de chinois (à fre)daines", "yeux de chinois (à be)daines" et sinon fixent la réalité graphique du d avec une édition du type : "yeux de chinois (...)daines".
Contre l'avis assez unanime des rimbaldiens, Dominicy choisit de lire "naines" en fin de vers. Et il propose une solution pour le reste avec deux mots et deux espaces : "ou de naines". Moi, je lis clairement "oudaines" en faisant remarquer qu'il y un espace qui manque entre le "ou" et "daines" Qu'on ne vienne pas me parler qu'à cause du découpage en hémistiches Dominciy cherche deux syllabes et moi une seule. Il faut se reporter cette fois exclusivement au fac-similé du manuscrit pour nous départager.
La solution d'évidence pour moi et Bienvenu, "probable" dans le langage diplomatique de Cornulier : "oudaines", il se trouve qu'elle rime avec "soudaines", et on identifie alors une même consonne "d" d'appui identiquement formée, et identiquement en minuscule. Vous maintenez la page ouverte du lien plus haut vers mon article sur le blog Rimbaud ivre de Jacques Bienvenu et vous avez une réponse évidente sous les yeux. Je viens de faire le test avec plusieurs personnes. Tous identifient un "d", plusieurs identifient un "o" mal bouclé, certaines identifient carrément le "ou". Une fois que je sonne la fin de la récré, tous disent qu'il est bien écrit "oudaines", qu'il n'y a certainement pas un "n" qu'il est bien écrit "daines", et qu'il n'y a pas la place pour la séquence "ou de", il n'y a aucun "de" lisible sur le manuscrit, et certains concluent que l'article de Dominicy sert à me barrer parmi les rimbaldiens, sert à me faire barrage car je n'ai pas prêté allégeance à Murphy.
Je l'avais déjà dit, mais je l'ai entendu par les gens que j'ai testés : la dynamique du mouvement de la main est la même pour le "o" mal bouclé que j'identifie que pour le "o" de "soudaines".
Même en écartant tous les autres arguments de ma démonstration, la simple appréciation graphologique est sans appel, il est écrit "oudaines" sur le manuscrit.
Dominicy prétend aussi maintenir qu'il y a un "C" majuscule à "chinois" sur le manuscrit. Pour lui, Murphy a nécessairement raison, et je suis un amateur. Tout ce que dit Murphy est juste et indéboulonnable.
Je rappelle que dans l'édition de la Pléiade, André Guyaux et Aurélia Cervoni m'attribuent le déchiffrement, mais considèrent cela comme une conjecture et surtout m'attribuent une lecture qui n'est pas la mienne : "de daines". Là encore, les gens que j'ai testés n'identifient pas un "de" devant "daines".
Au début de son article, Dominicy attribue à Hugo après la Semaine sanglante une attitude de "en même temps" à la Macron, puisque Victor Hugo se voulait au-dessus de l'opposition entre versaillais et communards. La remarque comique est mal venue, puisque Macron aurait clairement été du côté de la répression sans pitié des communards. Les intimidations contre les manifestants se situent à un haut degré de violence depuis qu'il est président, avec affaire Benalla, gens éborgnés, et grosse démonstration de CRS encore ce mercredi 15 mai à Paris devant la Sorbonne quand je suis passé par hasard devant une manifestation en faveur des palestiniens.
Et on observera que depuis quelque temps une loi est passée pour qu'on puisse faire un procès à n'importe quel internaute qui critique légitimement ou non dans l'argumentation des gens en place. Les clans des milliardaires et des macronistes organisent leur prise de pouvoir non démocratique.
Et donc ici, c'est clair, les rimbaldiens ont le recours du procès contre moi, ils ont toute latitude pour me passer sous silence. Qui parle sur Rimbaud le fait d'une position d'autorité ou en réclamant allégeance aux patrons, Murphy et quelques autres.
Et ce monde-là se dit rimbaldien ?
Ben, zut alors !
Dominicy rédige son argumentation sans aucun fac-similé à l'appui. Sa pseudo solution ne relève ni d'une étude métrique de l'alexandrin manuscrit, ni d'une étude graphologique, il n'apprécie à aucun moment la convergence de mes preuves, il balaie tout d'autorité et il propose "naines" sans aucun texte à l'appui, simplement parce qu'il pense que l'image d'Epinal serait celle d'un "nain chinois", parce que Dominicy est persuadé qu'il est question de trisomique dans le poème et que les trisomiques sont de taille réduite assez souvent, mais Dominicy ne donne pas une seule citation d'époque associant les mots "nain" et "chinois", pas une seule, sans parler du glissement au féminin, c'est son propre texte qui prend en charge l'association. C'est Dominicy seul qui écrit "nain(es) chinoi(es)s" et il parle de racisme, etc., alors que les asiatiques amateurs de Rimbaud n'avaient pas besoin d'un article pareil, puisque ce n'était pas le sujet.
Il prétend que la leçon de Rimbaud, évidente en terme de déchiffrage manuscrit, est insoutenable au plan grammatical : yeux de chinois ou daines. Il faudra enseigner le style, la nuance et la coordination à Dominicy : il n'y connaît visiblement rien.
Au plan philologique, je rappelle donc cruellement tout ce sur quoi les rimbaldiens font barrage afin de préserver des conclusions erronées de Steve Murphy :
pagination prétendument autographe des Illuminations : c'est faux, un article de Bienvenu auquel j'ai contribué dément que la pagination puisse être autographe, il est clairement établi que les soulignements des manuscrits correspondent au découpage progressif de la publication par livraisons dans la revue La Vogue.
Signature "PV" au bas d'un dizain : il faudrait admirer Murphy d'avoir le premier vu et appris la signature "PV", sauf qu'il la rejette, ainsi que Guyaux et d'autres. Non la signature PV vaut attribution et on admire pas le premier qui parle de ce qu'il y a sur un manuscrit sans en tirer les conséquences.
Coquille "outils" pour "autels" dans la version imprimée originale d'Une saison en enfer. Là on ne défend pas une mise au point de Murphy, on sacralisation la lecture initiale.
Découverte de la transcription allographe des quatrains ajoutés au poème "Paris se repeuple" sur un exemplaire du Reliquaire détenu par Vanier et conservé à Bruxelles où Dominciy réside et pourrait donc faire un autre article de mise au point sur les élucubrations de l'amateur que je suis face à Murphy. Je publieriai les photographies dès que possible.
On a aussi les prétendus recueils Demeny et Verlaine.
Bref, il y en a puissamment ras-le-bol de la dictature du patronat rimbaldien, surtout quand c'est tellement mâtiné d'incompétence.
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