vendredi 10 mai 2024

Absence pour le reste de mai, mais mes projets

Bafouille volontaire dans le titre, je m'amuse.
En gros, j'ai du boulot à abattre et en même temps, je vais être absent deux semaines, ce qui sera l'équivalent de trois pour le blog.
A la limite, je pourrais utiliser la lecture sur le net pour proposer quand même un article.
Donc, j'ai plein de trucs en cours évidemment.
Je relis massivement la poésie du dix-neuvième siècle, là je suis sur Hugo et Lamartine, deux énormes massifs, et cela implique aussi les vers de théâtre.
Bref, je parle un peu de mes projets.

Etant donné le bac de français autour de Rimbaud, j'ai envie de faire, ce que d'ailleurs j'avais annoncé, un article de synthèse sur les poèmes de 1870, sur les éditions parascolaires, sur l'imposture du prétendu recueil de Rimbaud, Cahiers de Douai ou Cahier de Douai avec le bas, mais Recueil Demeny aussi avec Brunel et Murphy responsables de cette idée de recueil. Le "Recueil Demeny", ça nous vient du livre Projet et réalisations de Brunel de 1983, et d'ailleurs il y a une question d'un ouvrage parascolaire qui reprend directement un passage du livre de 1983 de Brunel, et je vais citer tout ça. Et il y a un article de Steve Murphy paru dans la revue Studi francesi où on a une étude des manuscrits qui se trouvent à Londres et qui venaient de l'écrivain autrichien Zweig, un article qui s'il dément la légende de cahiers soutient anormalement la thèse du recueil. Même le biographe Jean-Jacques Lefrère avait des doutes qu'il exprimait dans sa biographie parue chez Fayard, quand il dit que c'est bizarre tout de même que Rimbaud signe au bas de chaque poème, puisque c'est censé être un recueil.
Pierre Brunel est quelqu'un de très haut placé dans les universités françaises, avec du pouvoir.
C'est à cause de Brunel et de Murphy que tout le monde baisse la tête et fait mine de dire qu'il y a un recueil remis à Demeny. C'est de la servilité basse. Brunel et Murphy se sont trompés, il faut avoir le courage de le dire. Murphy a fait des trucs très bien, il a fait des trucs parfois très mauvais. Point barre.
De plus, une synthèse sur les poèmes de 1870 de ma part permet aussi de rappeler tout ce que j'ai apporté de factuel dont les rimbaldiens ne tiennent aucun compte.
J'ai identifié des sources pour "Ophélie" et "Les Effarés" parmi des poètes de second ordre. J'ai souligné que les tercets de "Rêvé pour l'hiver" et "Ma Bohême" démarquaient deux poèmes à base de sizains de Banville et deux poèmes qui ponctuaient chacun un recueil emblématique de Banville : "A une Muse folle" pour Les Cariatides et "Le Saut du tremplin" pour les Odes funambulesques. Et puis il y a ce dossier majeur et nourri sur la référence à Musset, à ses Nina, Ninon, Ninette et à sa "Chanson de Fortunio" pour "Les Reparties de Nina" et "Mes petites amoureuses" (poème de 1871), en impliquant une préface de Glatigny.
C'est pas mince comme dossier.
Je reprendrai l'étude suivie d'Une saison en enfer également, l'étude de Marceline Desbordes-Valmore aussi.
J'ai envie de mettre au point une grande revue générale sur la poésie du dix-neuvième siècle. J'ai un énorme dossier à fournir sur l'évolution des enjambements, et sur l'histoire du trimètre. Cela dépasse le seul cadre des études rimbaldiennes. Normalement, le vers concerne une grande partie de l'histoire de la poésie française, comme une grande partie de l'histoire de la poésie dans le monde. On a eu des ouvrages de centaines de pages de George Lote, de Philippe Martinon et d'une quantité vertigineuse d'autres personnes, on a eu le renouveau des études métriques avec Jacques Roubaud puis Benoît de Cornulier, et on a eu une avalanche de publications ensuite de Cornulier lui-même, puis de gens s'inscrivant dans la suite de ces études renouvelées : Gouvard, Bobillot, Dominicy, Rocher, des études de poèmes dans ces cadres avec Murphy, des dialogues avec Verluyten, et il va bien falloir que ce que j'apporte ça passe enfin. Ou on parle de rien, ou on parle de tout. Il y a un moment il va falloir déverrouiller tout ça.
J'ai en même temps que l'étude des vers un relevé de rimes en cours et un relevé de strophes.
Et puis, comme toujours, il y a tant de poèmes dont l'étude est à reprendre, en vers comme en prose.
Je n'ai toujours pas publié un article sur ce que la lettre à Andrieu et la remarque graphologique de Bienvenu sur les "f" de cette lettre a changé. Bienvenu a précisé que les poèmes avaient dû être recopiés au début de l'année 1875. Il ya une réflexion à reprendre à partir de cette donnée.
Je dois aussi toujours mettre en ligne deux photographies de l'exemplaire du Reliquaire annoté par Vanier (pouquoi Vanier ? Voir mon article "Que sont devenus les manuscrits de 'Paris se repeuple' ?") parce qu'il y a le copie Vne à côté de la version en deux triolets du Coeur volé, et il y a surtout la transcription manuscrite des strophes inédites de "L'Orgie parisienne". Vous savez que vous lisez "Paris se repeuple" dans deux versions distinctes, mais j'ai eu beau l'expliquer par un article tant que je ne vous aurai pas mis les photographies du Reliquaire annoté par Vanier vous n'aurez aucun déclic sur ce qui se joue pour l'établissement du texte et la réflexion sur le cheminement des manuscrits : ça se voit un peu trop que vous êtes bouchés à l'émeri.
Enfin, bref, il y a tant à faire.
Pour les rimes, je pense à "ange"/"étrange" bien sûr, mais je fais des enquêtes sur "vie"/"asservie". J'ai des choix de rimes, et dans mes recensions j'observe les tendances qui se dessinent.
Pourquoi aucune étude universitaire ne fait jamais des études systématiques de la sorte, je l'ignore. Les anglo-saxons pourraient le faire, ils sont plus motivés. Les français, ils sont franchouillards. Ils étouffent les génies, j'en suis la preuve vivante. Ils sont métro boulot dodo. Pour eux, admirer l'art ou même être un artiste, c'est un passe-temps qui vous pose un homme, c'est une activité de reconnaissance bourgeoise. Il n'y a aucune ambition, aucune envie de se dépasser, néant. Si, il y a les génies comme moi, mais avec un encadrement de pantouflards vous ne pouvez pas avoir un nouvel âge d'or de la culture française. C'est particulièrement mal barré.
Tant pis !
Moi, à force de lire des vers, je sais que je pourrais faire pendant un certain temps des pastiches des grands poètes, je pourrais faire tourner ça quelque temps, puis prendre mon envol, mais je vis dans un monde qui ne m'en donne pas l'énergie. Je vais pas écrire des vers pour intéresser un Circeto qui vient balader sa suffisance mondaine, ça n'a aucun intérêt, pour faire parler des critiques rimbaldiens qui font semblant de se passionner pour l'étude des poèmes de Rimbaud, alors qu'en fait ils ne font que se mêler à des querelles de chapelles pour se créer une vie sociale et une reconnaissance de leurs mérites sur' le dos de Rimbaud.
Tu ne peux pas être motivé quand tu vois la farce qu'est devenue l'éducation dans les classes. Tu aimes la versification, l'éducation nationale et les universitaires te crachent à la figure. Ils savent ce qui est intéressant, la versification n'en fait pas partie n'en déplaise aux poètes. Mais la rhétorique ne les intéresse pas non plus, les réécritures ne les intéresse pas, sauf pour parler vaguement de théories intertextuelles farfelues.
Dans les classes, on enseigne la réflexion sur les livres, pas l'écriture. Et quand on enseigne l'écriture, c'est pour faire du rap ou pour dire "mets trois adjectifs dans ton poème".
Alors, certes, il y a un intérêt aux subtilités de la pièce Juste le monde de Jean-Luc Lagarce, remette en avant Colette c'est bien vu, c'est un écrivain solide. Mais il manque une dynamique pour créer des plumes, des poètes... Là, vous n'y arriverez pas, partis comme vous êtes. Il y a un tel abrutissement général que vous aurez difficilement des génies. Pas la peine de vous dire qu'Homère était un des rares de son temps qui savaient écrire, et qu'aujourd'hui la base est plus large. Vous ne comprenez visiblement pas comment un ou plusieurs écrivains de talent jaillissent d'une dynamique de société dans son ensemble.
Vous êtes foncièrement métro boulot dodo, vous sanctionnez l'envol et l'ambition. Vous n'aurez rien ! ça crève les yeux.

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