Quelque part, je peux passer pour un de ces milliers de rimbaldiens qui essaient de vendre sa lecture des poésies de Rimbaud, son point de vue, à ceci près quand même qu'à plusieurs reprises j'ai tout de même déjà fait mes preuves. Dans le cas présent, je suis en train de mettre en place une nouvelle approche de la production rimbaldienne de 1871 aux premiers mois de 1872 dans le prolongement de ce qui m'est à tout le moins reconnu les révélations des sources aux contributions zutiques.
Je ne renouvelle pas la lecture des poèmes de 1870 de fond en comble et la recherche des sources est déjà pas mal engagée pour cette partie-là de l'œuvre. Mais il ne fait aucun doute que trois apports critiques de ma part préparent en amont le renouveau de l'approche des poèmes de 1871. Le premier point, peut-être passé inaperçu, c'est que j'ai pointé du doigt que je relevais des similitudes étonnantes de construction des vers entre le recueil Amours et priapées publié sous le manteau par Henri Cantel et la pièce "Credo in unam". Le recueil de Cantel est étroitement lié au recueil L'Idole d'Albert Mérat, et, à cette aune, il est la deuxième importante source d'emprunts de Rimbaud et Verlaine pour composer la parodie de Mérat Sonnet du Trou du Cul. J'ai expliqué cela dans un article paru en juillet. Il faut vous reporter au volume de l'éditeur Hermann Les Saisons de Rimbaud. Il s'agit des actes d'un colloque avec quatre directeurs. La page de l'éditeur ne renvoie pas à un sommaire de l'ouvrage malheureusement.
Je possède en fichier numérique les épreuves de l'ouvrage dans son intégralité, mais pas encore d'exemplaire personnel. En revanche, sur le site universitaire Fabula, vous pouvez trouver le détail des conférences.
Cet article va être recommandé à l'attention pour ce que je dis au sujet de l'influence d'Amédée Pommier sur les sonnets en vers d'une syllabe et aussi sur l'influence entre eux des contributeurs zutiques. Mais il contient aussi un important développement sur les sources du recueil de Cantel au "Sonnet du Trou du Cul". En revanche, c'est uniquement sur ce blog même en 2021 que j'ai signalé à l'attention que des vers de "Credo in unam" ressemblaient à certains vers du même recueil de Cantel. Cela a son importance, car Rimbaud aurait connu ce recueil dès ses débuts et longtemps avant de se joindre à Verlaine pour une parodie bien informée d'un recueil de Mérat. Evidemment, je peux essuyer des réticences classiques, du genre : "il y a des poncifs de formulation, il ne faut pas trop vite tirer des inférences de certains rapprochements." Je prendrai le temps de mettre à l'épreuve mon idée par un article où je comparerai les vers de plusieurs auteurs, c'est prévu.
Un deuxième point important pour l'année 1870, c'est que Rimbaud a signifié à plusieurs reprises sa filiation à l'égard de Banville, et ce que j'ai personnellement dégagé c'est un système habile de références aux principaux recueils du maître. Je revendique d'avoir insisté le premier sur le fait que "Credo in unam" réponde dialectiquement si on peut dire aux poèmes "Le Festin des dieux" et "L'Exil des dieux" du recueil Les Exilés de Banville. Je l'ai fait sur mon blog et l'article paru dans la revue Parade sauvage au sujet de la relation de "Credo in unam" aux mythes platoniciens cite ce fait important pour la première fois dans une revue critique il me semble, sachant que je suis la source de cette affirmation. Or, j'avais déjà mentionné sur des pages internet qui ont disparu depuis que "Rêvé pour l'hiver" était à rapprocher de "A une Muse folle" et sur le site de Jacques Bienvenu Rimbaud ivre, à la suite d'un article de Bienvenu sur une rime de Mallarmé reprise dans "Ma Bohême", j'avais fait remarquer en commentaire que les tercets réécrivaient un sizain du "Saut du tremplin" de Banville, et plus tard j'ai fait un article à ce sujet sur le présent blog.
Or, tout récemment, j'ai unifié mes idées. J'ai enfin écrit à nouveau que "Rêvé pour l'hiver" démarquait "A une Muse folle" et que les tercets de "Ma Bohême" réécrivaient un sizain du "Saut du tremplin" de Banville. L'influence ne se limite pas aux tercets bien sûr, mais les tercets ont une importance prépondérante, puisque d'un côté les tercets de "Ma bohême" sont bien la démarcation d'un sizain très précis, tandis que dans "Rêvé pour l'hiver", même si les emprunts concernent l'ensemble du sonnet, il y a une relation étroite entre les tercets de Rimbaud et le sizain final de "A une Muse folle". Evidemment, j'ai insisté sur le fait que "A une Muse folle" et "Le Saut du tremplin" étaient les derniers poèmes des deux recueils emblématiques de Banville, Les Cariatides volume du lancement précoce à 19 ans dont le titre finit par coiffer les recueils qui ont suivi, puis Odes funambulesques, recueil clef de 1857. Vu le lien de "Soleil et Chair" aux Exilés, nous avions bien un parfait rendu de la filiation revendiquée par Rimbaud dans la masse des manuscrits remis à Demeny. J'ai traité de cette filiation sur le blog et il en est question également dans un article à paraître en octobre apparemment.
Passons au troisième point important qui est aussi quelque peu développé à la fois en 2021 (et à plusieurs mois d'intervalle) et dans l'article à paraître en octobre. Il s'agit d'un point important. Là encore, il faut renvoyer à une étude ancienne de ma part qui n'a jamais reçu le moindre écho. J'avais publié un article sur le blog Rimbaud ivre intitulé "Nina et Ninon" où je soulignais que la forme des quatrains de "Les Reparties de Nina" et "Mes petites amoureuses" venait de la "Chanson de Fortunio" de Musset, tandis que le nom "Nina" était une allusion évidente à "Ninon" du même Musset, et j'insistais lourdement sur l'enchaînement de la "Chanson de Fortunio" et l'espèce d'adresse "A Ninon" qui suivait dans l'économie des recueils des poésies complètes ou non de Musset.
J'ai énormément étoffé le sujet. Il y a des points anciens que je n'ai pas rappelés récemment. Par exemple, je n'ai plus cité en 2021 le "Sonnet aux lecteurs" et ses vers sur l'entremêlement des noms "Ninon" et "Ninette".
L'aspect exceptionnel, c'est que j'ai souligné l'importance de la préface de Glatigny à une édition par Lemerre de plusieurs de ses œuvres en vers en 1870. Cela concerne aussi quelque peu "Credo in unam" en permettant une mise en perspective qui implique la pièce Le Bois de Glatigny et le poème plus tardif "Tête de faune" de Rimbaud, mais pour s'en tenir à de l'inattaquable, même par un lecteur inattentif, l'intérêt c'est que cette préface a signalé à l'attention que Glatigny s'identifiait quelque peu à Fortunio tout en évoquant à la fois la comédie de Musset Le Chandelier et l'opéra-bouffe d'Offenbach qui reprend la chanson et altère le profil des personnages.
Ces trois points que j'ai énumérés reconfigure une certaine approche rimbaldienne, en amenant à prendre toujours plus au sérieux l'importance de ses lectures et même tout le détail des publications année par année, alors que soit les auteurs sont considérés comme secondaires, soit les publications sont méprisées en tant que rééditions d'ouvrages plus anciens ou que prépublications. Il y a toute une critique rimbaldienne à refonder en fonction de la presse littéraire quotidienne, et même de la presse tout court, et il y a toute une critique rimbaldienne qui doit impérativement se mettre à jour sur le format précis des recueils auxquels accédait Rimbaud, et à quel moment cela se passait. Et il faut évidemment revoir les préjugés sur ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Il est assez évident que les retards pris par le rimbaldisme tiennent souvent au fait que les auteurs secondaires n'ont pas été épluchés : les opéras-bouffes d'Offenbach, les recueils d'Amédée Pommier, les recueils mêmes des cibles zutiques explicites qu'étaient Belmontet, Silvestre, Ricard, etc.
Il faut bien voir que quand on fait une étude sur Rimbaud on se contente en général de placer notre auteur dans la perspective d'une poignée peu importante de grands écrivains ou grands poètes : Baudelaire, Hugo, Banville, Gautier, Verlaine, un peu Chateaubriand, Flaubert, et puis on développe une analyse de poème en fonction de ces grands repères culturels sur le dix-neuvième siècle. Et nous aurions même tendance à lire Rimbaud en fonction de ce que maints poètes du vingtième ont fait de leur lecture de Rimbaud. Et comme ces rapprochements sont ponctuels la plupart du temps, il reste beaucoup à dire sur les poèmes de Rimbaud. Or, une étude de la petite histoire littéraire de l'époque de Rimbaud crée un cadre de compréhension de bien meilleure qualité et cela permet aussi de moins mettre en péril nos lectures par des interprétations personnelles, dans la mesure où ce qui n'était qu'allusif et implicite s'éclaire sous un jour précis lorsque la toile de fond est bien posée, poème après poème.
Et j'en arrive à l'année 1871.
L'Album zutique a l'intérêt d'offrir des parodies avec mention des cibles. Et cela permet d'identifier avec assurance pas mal de sources, cela permet ensuite de mieux cerner les procédés de l'écriture parodique selon Rimbaud. Cela permet aussi de cerner l'horizon des lectures qui font réagir Rimbaud.
L'identification des sources d'une parodie n'est pas toujours évidente. On le voit avec "Vu à Rome" qui continue d'être mis en balance. Dans son livre Arthur Rimbaud et le foutoir zutique, Bernard Teyssèdre s'est perdu dans une énumération problématique de sources au poème "Vu à Rome" et ce que j'ai pu avancer comme sources n'a pas reçu un aval des rimbaldiens, contrairement à tout ce que, parfois avec d'autres, j'ai pu développer sur "Hypotyposes saturniennes ex Belmontet", "Vieux de la vieille", "L'Humanité chaussait...", "Lys", "L'Angelot maudit", les sonnets en vers courts d'une, deux ou six syllabes, "Sonnet du Trou du Cul", "Fête galante", "Les Remembrances du vieillard idiot" et les "Vieux Coppées".
Je maintiens que "Vu à Rome" ne prétend pas pour rien parodier Léon Dierx et je maintiens la pertinence des éléments lexicaux et rimiques que j'ai pu mettre en avant. Or, récemment, j'ai montré quelque chose d'étonnant. On sait que sur les transcriptions de la main de Verlaine, le sonnet "Voyelles" est suivi par la transcription du quatrain "L'Etoile a pleuré rose..." Il s'agit même de notre seul accès à ce quatrain, si ce n'est la mention de titre "Madrigal" sur une liste de titres de la main de Verlaine. L'autre manuscrit connu de "Voyelles", autographe, ne contient pas de version de ce quatrain, et ce quatrain n'a pas été publié non plus dans Les Poètes maudits, volume qui contient une troisième version de "Voyelles". Je rappelle que nous ne pouvons pas affirmer avec certitude et sans enquête préalable que pour Les Poètes maudits Verlaine a utilisé le manuscrit autographe "Voyelles" de Blémont et le manuscrit autographe "Oraison du soir" de Valade conservé dans une bibliothèque bordelaise désormais. C'est une possibilité, mais nous n'en savons rien, c'est même une possibilité qui est plus fragile qu'il n'y paraît, et pour preuve : si nous avons accès à deux endroits distincts à deux poèmes publiés dans Les Poètes maudits où sont passés les manuscrits des autres poèmes publiés dans Les Poètes maudits en 1883 ?
Nous ne débattrons pas ici du sujet. Ce qui est marquant, c'est que la transcription de Verlaine dans le dossier paginé remis à Forain puis Millanvoye crée un alignement de "Voyelles" et du quatrain "L'Etoile a pleuré rose...", ce qui est à rapprocher de la disposition du "Sonnet du Trou du Cul" et du quatrain "Lys" sur une page de l'Album zutique. Cette ressemblance de distribution a été remarquée par les rimbaldiens, mais le rapprochement a été interrogé sur des bases mal établies. Le premier fait nuisible, c'est que nous avons derrière nous des décennies d'explications selon lesquelles Rimbaud aurait composé "Le Bateau ivre" avant de monter à Paris à la mi-septembre en 1871, et "Voyelles" passait lui aussi pour une composition de 1871. Le préjugé était que dès le début de l'année 1872 Rimbaud avait composé des vers irréguliers du type des "Fêtes de la patience", etc. Il faut remarquer que le "Sonnet du Trou du Cul" et "Lys" ont été transcrits sur le corps de l'Album zutique un peu avant la mi-octobre 1871, et ils pouvaient très bien s'agir de compositions un peu plus anciennes qui avaient attendu avant d'être recopiés. Dans tous les cas, "Voyelles" même daté du séjour parisien de la seule fin d'année 1871, avait de bonnes chances d'être postérieur au "Sonnet du Trou du Cul". En clair, "Voyelles" et "L'Etoile a pleuré rose..." ont dû tous deux être composés après "Sonnet du Trou du Cul" et "Lys". Ce problème est plus criant encore dans le cas du "Bateau ivre". A l'heure actuelle s'impose encore l'idée qu'il a été lu le 30 septembre 1871 lors d'une réunion des Vilains Bonshommes, ce qui est faux et ne s'appuie sur aucun, strictement aucun témoignage ! L'idée de la récitation même du poème est une idée en l'air de la critique rimbaldienne. Il n'existe aucun témoignage en ce sens, strictement aucun. Il existe, en revanche, un témoignage suspect de Delahaye selon lequel Rimbaud aurait écrit "Le Bateau ivre" avant de monter à Paris, mais ce témoignage n'engage pas une récitation au dîner des Vilains Bonshommes et surtout ce témoignage est admis comme improbable par les rimbaldiens les plus aguerris qui ont bien compris que Delahaye cherche à se mettre en avant. Et ce n'est pas anodin, tout ça. Je rappelle que dans l'Album zutique nous avons un poème qui s'intitule "Cocher ivre", il s'agit d'un sonnet en vers d'une syllabe. Pour la plupart des gens, "Cocher ivre" est une réécriture désinvolte du titre "Bateau ivre". Or, il convient de renverser la perspective. "Cocher ivre" est un sonnet en vers d'une syllabe qui comme je l'ai démontré rebondit sur les querelles opposant Verlaine et les parnassiens à des ennemis tels que Barbey d'Aurevilly et Alphonse Daudet, et ce sonnet en vers d'une syllabe, qui renvoie en passant au sonnet de Paul de Rességuier et au sonnet de Daudet "Le Martyre de saint Labre" tourné contre Verlaine, réécrit des vers courts du poète acrobate protégé de Barbey d'Aurevilly, Amédée Pommier. Et j'achève la mise en perspective avec quelque chose que je n'ai encore jamais écrit sur ce blog ni ailleurs. Mais, comprenez que si "Le Bateau ivre" vient après "Cocher ivre", sachant qu'il y a le mot "impassibles" à la rime qui semble épingler le mouvement parnassien au premier quatrain du "Bateau ivre", il y a de quoi se demander si "Le Bateau ivre" n'est pas tant une moquerie à l'égard des parnassiens qu'une réponse à l'ironie antiparnassienne publiquement déclarée par certains (Barbey d'Aurevilly, le Parnassiculet contemporain qui inclut Daudet) et du coup la remise en perspective permet même de ne pas exclure l'influence éventuelle d'un passage des poésies de Pommier sur l'écriture d'un alexandrin ou d'un quatrain du "Bateau ivre". Alors, il va de soi que le poème "Le Bateau ivre" n'est pas qu'une réponse à l'ironie antiparnassienne, mais c'est un fait que ce poème suppose des développements sur la manière d'écrire du poète. Cette réflexion semblait devoir s'en tenir à ce que nous présupposons devoir être l'idée rimbaldienne du poète voyant. Or, ici, nous touchons du doigt le problème des sources polémiques sur lesquelles s'appuie Rimbaud pour répliquer. J'ai déjà précisé sur ce blog l'importance du poème de Victor Fournel "Le Drapeau rouge" en ïambes allusifs au dernier poème de Chénier, modèle de 200 vers pour les 100 vers du "Bateau ivre" avec des échos métaphoriques entre les deux poèmes, mais selon un système de valeurs retourné. J'ai déjà parlé du procès dans la presse du très jeune communard Maroteau, qui était célèbre sous la Commune, il est cité par Mendès dans son livre sadien : Les 73 journées de la Commune. Vous le sentez bien qu'il se joue quelque chose d'important ?
J'en reviens à la distribution sonnet et quatrain. Dans l'Album zutique, les rimbaldiens ne se préoccupaient pas tellement de l'ordre de transcription, alors qu'avec un peu de méthode on peut progresser à ce sujet. Et ce qui tendait à s'imposer, c'était que après le sonnet liminaire "Propos du Cercle", au verso du feuillet, Camille Pelletan avait transcrit un sonnet, puis en-dessous Valade avait transcrit le quatrain "Autres propos du cercle", et puis sur la colonne de droite Rimbaud avait imité la suite sonnet et quatrain de Pelletan et Valade avec la transcription du "Sonnet du Trou du Cul" qui était une collaboration avec Verlaine puis du quatrain "Lys". Mais, l'imitation de la suite sonnet et quatrain était anodine. Il n'y avait aucun lien thématique avec le sonnet de Pelletan, ni avec le quatrain de Valade. Ce n'était pas dit, mais quelque part le sonnet était une forme attendue, et la seule imitation était dans le fait d'utiliser un quatrain pour combler la place laissée en bas de feuillet. Rien de tout cela ne tirait à conséquence, à tel point qu'on avait bien remarqué qu'un vers du quatrain de Valade était infléchi pour ne pas mordre sur le quatrain "Lys" de Rimbaud, ce qui prouvait que l'ordre de transcription était l'inverse de ce qu'on répétait paresseusement. Murphy soulignait cet infléchissement de l'écriture de Valade dans son édition philologique des poésies en vers de Rimbaud en 1999, mais ce n'était qu'une remarque faite en passant. Or, j'ai travaillé, ainsi que parallèlement Philippe Rocher (volume collectif La Poésie jubilatoire), à montrer l'importance de la mise en page de ce feuillet, et j'ai nettement souligné dans des articles parus en 2009 et 2010 qu'il fallait revoir l'ordre de transcription, et que, de manière significative, Pelletan et Valade étaient ceux qui avaient imité la disposition sonnet et quatrain voisine de Rimbaud, et j'ai même insisté à l'époque, contrairement à Bernard Teyssèdre qui n'a pas été vigilant à ce sujet, que cela engageait une révision de l'ordre des transcriptions sur les feuillets suivants, même sur le seul feuillet suivant pourtant tout entier de la main de Rimbaud, et j'en suis même arrivé à souligner que "Vu à Rome" et "Fête galante", l'un tout en quatrains, l'autre tout en tercets, ont été composés et distribués exprès en regard eux aussi du "Sonnet du Trou du Cul" et "Lys", ce qui engage des considérations intéressantes pour le sens des différents poèmes. Mais ce n'est pas tout. L'idée que j'ai aussi mise en avant, c'est que quand Rimbaud compose "Voyelles" et "L'Etoile a pleuré rose..." il peut nettement tenir compte plutôt que de la suite "Sonnet du Trou du Cul" et "Lys" de la suite du sonnet de Pelletan qui parodie Charles Cros et du quatrain de Valade. Or, il y a des échos à cerner entre "Voyelles" et le sonnet de Pelletan.
Et c'est là qu'on en arrive à une autre révélation importante qui pour l'instant n'a aucune contrepartie prévue dans un ouvrage officiel de critique rimbaldienne, j'ai développé sur mon blog, fin d'année 2020 et début d'année 2021, une lecture étonnante où finalement il s'avère que "L'Etoile a pleuré rose..." est tout autant que "Lys" une réécriture d'extraits des deux premiers recueils de vers d'Armand Silvestre, le "spiritualiste malgré lui" selon le mot de sa protectrice George Sand. Et de fil en aiguille, j'ai souligné que plusieurs mots rares à la rime dans "Voyelles" était présents à la rime dans les deux maigres volumes de vers déjà publiés par Armand Silvestre. Nous avons "verdures marines" pour "mers virides", "latents" pour "latentes" et "corps sans rides" pour les "rides" des fronts studieux.
Les enjeux sont considérables. Même si Armand Silvestre n'est pas devenu un poète de référence par la suite. Rimbaud s'est intéressé au poète qui avait retenu toute l'attention de George Sand en personne, et il y a deux ou trois romans de George Sand qui sont impliqués dans cette fascination, Monsieur Sylvestre, Le Dernier amour et un autre il me semble. Qui plus est, sous le pseudonyme de Ludovic Hans, Armand Silvestre vient de publier deux livres hostiles aux communards. Le premier est un témoignage d'un habitant de Paris sous la Commune qui est à rapprocher du livre de Catulle Mendès Les 73 Journées de la Commune et le second Paris et ses ruines est à comparer à un ouvrage similaire de Théophile Gautier. Théophile Gautier est très bien connu, encore de nos jours. Quant à Catulle Mendès, même si je donne raison à l'histoire littéraire de l'avoir laissé tomber dans l'oubli, il est une pièce historique incontournable en tant que créateur de la Revue fantaisiste, en tant que lanceur du projet de Parnasse contemporain et au moins dans sa jeunesse littéraire de la décennie 1860 ses œuvres pouvaient avoir des prétentions et donner des idées à suivre et à creuser, ce qui était le cas de son recueil Philoméla. Mendès est en plus le gendre de Théophile Gautier, renforcement des liens à la marge entre Mendès, Silvestre et Gautier. Je l'ai déjà dit, mais ça n'a pas l'air de convaincre, mais dans l'article de Lepelletier décrivant Verlaine et une "Mlle Rimbaut" main dans la main, nous avons une volontaire description similaire de Mendès et Dierx qui permet d'identifier plus que clairement deux personnes qui jasaient sur la relation de Rimbaud et Verlaine. Dans l'Album zutique, le "Sonnet du Trou du Cul" vise Mérat, tandis que "Vu à Rome" prétend viser Dierx, tandis que "Lys" vise Armand Silvestre, et par contraste "Fête galante" vise Verlaine. Dierx était l'un des meilleurs poètes parnassiens, et Delahaye a prétendu que Rimbaud avant sa montée à Paris lui avait confié son admiration pour Léon Dierx. Je ne crois pas à l'authenticité de ce témoignage, quand bien même il fait honneur à la capacité de Rimbaud pour cerner les meilleures plumes parnassiennes. Que ce témoignage soit vrai ou pas, peu importe de toute façon. Il ne vaudrait que pour le mois d'août 1871. Ce qui est certain, c'est que en octobre 1871 Dierx était avec Mérat, Mendès et Lepelletier une personne clairement hostile à Rimbaud. Mais comme les gens ne cherchent pas à comprendre pourquoi Rimbaud cible Dierx dans "Vu à Rome", pourquoi Lepelletier décrit Mendès et Dierx accomplissant les mêmes gestes que Verlaine et Rimbaud dans son entrefilet, ils peuvent être sous la dépendance du témoignage de Delahaye. Rimbaud admirait Dierx, mais les aléas ont fait que les choses ne sont pas allées plus loin, aléas extraordinaires de vacuité quand on songe que Lepelletier dans son entrefilet prouve que les deux poètes se sont rencontrés pour une représentation à l'Odéon.
Le poème "Vu à Rome" contient le mot "écarlatines" qui vient d'un sonnet du recueil Philoméla de Mendès, cependant que, dans le "Sonnet du Trou du Cul", Verlaine a mis à cheval sur la césure la forme "jusqu'à" que Mendès a pour sa part placé avec un peu d'audace, mais moins que Verlaine juste devant la césure dans un poème du recueil Philoméla. En réalité, Mendès reprenait la césure à un poème des Châtiments de Victor Hugo, mais Verlaine était peu attentif aux césures acrobatiques hugoliennes visiblement. En clair, l'Album zutique contient les créations d'un Cercle du Zutisme. Vermersch étant exilé, on peut penser qu'il aurait pu s'étoffer d'autres membres, mais après le "Propos du Cercle" nous avons une double page avec quelque peu au centre le "Sonnet du Trou du Cul" qui met en avant évidemment la relation de Verlaine et de Rimbaud, et autour de ce foyer, nous avons, si nous nous en tenons aux seules transcriptions de la plume de Rimbaud, une énumération de cibles du cercle qui représentent franchement des valeurs hostiles à Rimbaud et Verlaine, soit parce qu'ils sont anticommunards, soit parce qu'ils n'approuvaient pas les relations homosexuelles. Mérat, Mendès et Dierx sont à l'évidence ciblés pour leurs réactions face à la relation de Rimbaud et Verlaine. Nous avons les preuves de leurs réactions hostiles à ce sujet, soit par l'entrefilet de Lepelletier (Mendès et Dierx), soit par une lettre de Verlaine à Mérat en 1872. Le nom de Mendès permet de glisser au plan de l'hostilité politique. Coppée est cité sur le même feuillet que "Vu à Rome" et il est donc présent sur cette double page que je mets en avant autour du "Sonnet du Trou du Cul". Coppée a écrit contre la Commune : la plaquette Plus de sang et la pièce Fais ce que dois. Et Coppée permet de définir une certaine structure à cette hostilité politique, puisque Coppée opère un clivage entre la légitimité qu'il prête au désir d'en découdre avec les prussiens et son refus de la guerre civile. Cette structure concerne Théophile Gautier et ses Tableaux du siège, mais aussi Armand Silvestre. Or, avec "Lys", Armand Silvestre est mentionné sur cette page tout comme François Coppée. J'en profite au passage pour souligner un autre parallèle intéressant. La signature Coppée vaut pour deux dizains à la manière de Coppée, et nous avons ensuite un alexandrin isolé attribué au communard Ricard, ce qui fait écho à la distribution précédente "Vu à Rome" et "Fête galante", puisque Dierx personne tierce est opposable à Verlaine membre du Cercle du Zutisme et poète le plus proche de Rimbaud. Or, j'ai cité Mendès pour "écarlatines" et "jusqu'à" et j'ai parlé de l'opposition de Mendès et Dierx aux frasques en public de Rimbaud et "Mlle Rimbaut", mais Mendès est impliqué politiquement aussi en termes d'hostilité à cause des 73 Journées de la Commune et de sa ressemblance avec le livre de Ludovic Hans Le Comité central et la Commune. Or, en octobre 1871 même, Léon Dierx fait publier par Lemerre une plaquette avec un discours d'engagement politique face à l'actualité : Paroles du vaincu. Le mot "vaincu" a une résonnance pour Rimbaud et Verlaine, ce dernier voulant écrire un recueil intitulé Les Vaincus en référence à l'échec de la Commune. La plaquette de Dierx parle de la guerre franco-prussienne et non de la Commune. Mais j'ai parlé de la structure que révélait l'œuvre de Coppée. Coppée est opposé au grève des forgerons et à la Commune, mais pour la guerre franco-prussienne il tient le discours revanchard, celui-là même que tient Dierx dans sa plaquette, plaquette publiée en même temps que furent transcrites les premières contributions à l'Album zutique. Lemerre a répondu à Verlaine en lui demandant de s'écarter de la politique à cette époque ! Dierx publie une plaquette qui est à rapprocher de celle Plus de sang de Coppée, et il faut bien comprendre que le ton est donné de la ligne politique des parnassiens à travers la ligne politique de l'éditeur Alphonse Lemerre. Non, la plaquette de Dierx n'est pas sans importance pour comprendre Rimbaud quand il écrit "Vu à Rome" puis "Les Corbeaux". Et le lien de l'octosyllabe entre "Vu à Rome" et Paroles du vaincu demeure fondamentalement pertinent au plan des intentions satiriques de Rimbaud.
Ce qui reste à part sur cette double page, c'est les interventions de Pelletan et Valade qui n'ont pas composé en fonction des préoccupations de Rimbaud, même si inévitablement il y a une part d'échos. Avec "Autre propos du cercle", Valade crée du lien entre le sonnet liminaire "Propos du Cercle" et les deux transcriptions de Rimbaud "Sonnet du Trou du Cul" et "Lys". Pour sa part, la contribution de Pelletan a aussi un certain intérêt pour l'obscénité et le rapport parnassien à la Nature que vient corrompre ou désidéaliser la part obscène. Et le sonnet de Pelletan est à inclure tout comme les poésies d'Armand Silvestre dans les sources au sonnet "Voyelles".
Pour achever de certifier que la référence politique à Dierx doit prévaloir, je rappellerai que la fin du poème "Les Corbeaux" offre non seulement des échos avec "Le Bateau ivre", mais réécrit le dernier sizain du poème "Plus de sang" de Coppée, et le poème "Les Corbeaux" est un appel à ne pas oublier qu'après la guerre franco-prussienne il y a eu les morts de la Commune. La plaquette Paroles du vaincu illustre l'oubli que dénonce le poème "Les Corbeaux" lui aussi en octosyllabes. Pour sa part, la pièce Fais ce que dois, dont la devise était surabondamment employée dans la revue Le Monde illustré, dénonce les communards en passant, mais son sujet c'est le traumatisme de la défaite franco-prussienne.
Certes, le poème "Vu à Rome", il parle de religion, mais la toile de fond politique il convient de ne surtout pas la perdre de vue. Ce n'est pas parce que "Vu à Rome" ne parle pas dans son contenu de la guerre franco-prussienne ou de la Commune qu'il n'y est pas fait allusion d'une manière ou d'une autre. Il est par ailleurs question avec les "nez" d'un rapport au "Sonnet du Trou du Cul".
Avec Daudet, Ratisbonne, Belmontet, nous comprenons vite que la railleries de figures hostiles politiquement et poétiquement est très présente dans l'Album zutique, mais ceci s'étend aux poèmes rimbaldiens non zutiques. Le poème "Les Chercheuses de poux" cible Mendès, le poème "Oraison du soir" fait allusion aux rimes à la Pétrarque des tercets de Philoméla. Le poème "Les Mains de Jeanne-Marie" cible Gautier, et cela en tant que l'anticommunard qui a écrit des Tableaux du siège où nous retrouvons la configuration dénoncée dans "Les Corbeaux" le poète plaint le traumatisme de la guerre franco-prussienne mais vomit en passant sur les fauteurs de la guerre civile que furent selon Gautier les insurgés.
On voit bien qu'il n'est plus question après une telle mise en place de lire "Le Bateau ivre", "Voyelles", "Les Corbeaux", "Les Chercheuses de poux", "Oraison du soir", etc., comme nous nous y sommes habitués.
Et voilà que nous en arrivons au problèmes des lettres dites "du voyant". La pression que je suis en train de mettre est importante. Bienvenu a déjà souligné avec insistance que nous ne faisions rien de la référence aux triolets dans "Le Cœur supplicié". Or, nous sommes de plus en plus en train d'éprouver la matière zutique autant que funambulesque du "Cœur supplicié" en accentuant l'idée d'une référence à Daudet. Daudet a composé des triolets enchaînés "Les Prunes", et dans son Petit traité, Banville plutôt que de citer ses créations cite précisément un extrait du poème de Daudet. Or, le poème "Mes petites amoureuses" que Rimbaud a envoyé à Demeny avant la version "Le Cœur du pitre", mais deux jours après la version "Le Cœur supplicié" remise à Izambard, implique Daudet à plusieurs égards : mention des "caoutchoucs", du "mouron" et des "amoureuses". Nous retrouvons l'idée que nous avons mise en avant au sujet du "Bateau ivre" : le poème en triolets "Le Cœur supplicié" est analysé pour les idées personnelles de l'auteur qu'il défend, pour son côté parodique et humoristique, avec un clivage entre ceux qui y voient comme moi une adhésion à la Commune et ceux qui y voient une parodie méchante d'un certain lyrisme niais. L'idée que Rimbaud a fréquenté un avant-goût de cercle du Zutisme à Paris du 25 février au 10 mars 1871 rebat quelque peu les cartes. L'idée que le poème réplique à l'auteur des "Prunes", même si aucune prise sémantique, lexicale, ne semble aller en ce sens, permet de réenvisager sa mise en perspective critique, permet d'interroger autrement sa dimension littéraire polémique. Ce n'est pas rien, et j'en profite pour rappeler au passage un sujet en suspens. Quelqu'un sur internet a repéré que le mot "abracadabrantesques" venait d'un ouvrage du douaisien Mario Proth. J'ai relayé l'information sur ce blog. C'était en 2017 ou un peu avant. On m'a daubé pour avoir considéré que la source était importante au prétexte que le livre de Mario Proth c'est de la daube. Que dire ? Que ce soit de la daube, ce n'est pas un problème en soi. Ce livre a quand même l'intérêt de dresser un panorama littéraire ce qui fait un autre point commun avec l'ensemble des lettres dites "du voyant". Le mot "abracadrantesques" est cité dans une lettre à Izambard du 13 mai et dans une autre à Demeny du 10 juin, mais Izambard a prétendu avoir reçu lui aussi un courrier de panorama littéraire et ce panorama figure dans la lettre du 15 mai à Demeny. Mario Proth est cité par Mendès à l'occasion et je me demande si ce n'est pas directement dans la Revue fantaisiste. Alors, il faudrait que je renonce à réfléchir sur la piste de Mario Proth au profit de Théophile Gautier, lequel est l'initiateur en littérature de la vague d'emploi des adjectifs "abracadabresque" et "abracadabrant". Rimbaud ne saluerait sans doute pas le piètre Mario Proth avec l'invention "abracadabrantesques". Mais, cette appréhension n'a pas de sens. Rimbaud, il fait de la littérature. Il s'en moque de rendre involontairement certains bons points à des auteurs obscurs. Hugo a bien pris certains de ses vers célèbres à des passages d'auteurs en prose demeurés inconnus ("Les Pauvres gens"). Non, mille fois non, le mot "abracadabrantesques", outre sa saveur de mot exagérément allongé, a une valeur polémique, et on ne saurait négliger la découverte de la mention originale dans un ouvrage de Mario Proth. Encore une fois, l'importance de ce fait est sous-évaluée, voire daubée. Il faut encore une fois accumuler un haut dossier de preuves avant que l'évidence s'impose, mais ça viendra en son temps de toute façon.
Et puis il y a l'événement du poème "Accroupissements". Malgré le prestige répété que Baudelaire est le modèle pour Rimbaud, les rimbaldiens n'en ont guère ramené des réécritures convaincantes dans les vers de Rimbaud. Le dossier hugolien est autrement étoffé. Or, ce que je pointe du doigt, ce sont des réécritures macroscopiques, notamment du seul poème "Un voyage à Cythère" impliqué pour la composition de deux poèmes "Accroupissements" et "Oraison du soir".
Il y a une mise en place d'éléments qui est en train de se faire et qui concerne en particulier un noyau de poèmes des mois de mai à juillet 1871 : "Accroupissements", "Les Soeurs de charité", "L'Homme juste", "J'ai mon fémur !...", "Les Assis", et "Les Premières communions" et il faut y ajouter "Oraison du soir", sachant qu'un lien de "Voyelles" à "Correspondances" est déjà engagé. Dans le cas du poème "Accroupissements", le poème est au contraire de "Voyelles" plutôt rapproché des Châtiments de Victor Hugo. Et pour "L'Homme juste", c'est encore plus évident et c'est normal. Mais il faut désormais méditer sur la mobilisation dans un poème de références distinctes : Hugo et Baudelaire sont conjoints dans les compositions de plusieurs poèmes rimbaldiens "Voyelles", éventuellement "Le Bateau ivre" où la part hugolienne est mieux décantée, et maintenant "Accroupissements" et "L'Homme juste". La référence à Baudelaire modifie aussi la manière d'interroger les poèmes "Accroupissements" et "Oraison du soir". Il ne s'agit plus de dire que le poème est obscène et que pour l'être il procède de telle sorte, et encore de telle sorte, et ainsi de suite. Le plus frappant, c'est la représentation fantasmée du ciel et de l'air ambiant. Et que ce soit avec "Accroupissements" où prédomine le modèle des Fleurs du Mal qui laisse entendre que le poème est plus profond qu'il n'y paraît, pareil pour "Oraison du soir", ou que ce soit avec "Le Cœur supplicié" et "Mes Petites amoureuses" où l'identification de cibles et polémiques littéraires d'époque incluant en ribambelle Musset, Offenbach, Glatigny, Daudet, Banville et d'autres permet de réinterroger les objectifs du poète "voyant", nous voyons que de plus en plus s'établit une ère décisive de critique rimbaldienne où nous allons de la querelle à l'air libre d'avis divergents selon les cheminements d'interprétations personnelles évanescentes à un cadre très précis de lectures d'époque qui montrent comment Rimbaud crée son discours dans un esprit de réplique du tac-au-tac.
Et les réussites des approches sur les poèmes de 1871 auront des conséquences sur la manière future des rimbaldiens pour aborder les poèmes en vers de 1872, Une saison en enfer ou bien les poèmes en prose...
J'ai donné plusieurs exemples de ce qui est en train de se passer, notamment en ce qui concerne les nouvelles mises en perspective pour "Le Bateau ivre", et décidément ce qui se joue en ce moment-même sur mon blog je prétends bien ne rien exagérer du tout de son importance et de son retentissement à venir. Le temps long finit souvent, pas par me donner totalement raison, mais tout de même finit par imposer pas mal de mes mises au point. Sur "Voyelles", les critiques rimbaldiens ont visiblement un gros problème pour admettre m'avoir daubé près d'une vingtaine d'années, mais pour le reste on voit bien que quelque chose est en train de se mettre en place, et ça va être bien difficile d'en faire fi !
En lisant l'article ci-dessus, il faut comprendre que dans le cas de l'influence de Baudelaire, nous avons un cadre déclencheur supposé que je n'ai pas rappelé, le séjour parisien du 25 février au 10 mars. On n'est plus dans une recherche où on a en face de soi 100 ou 200 poèmes de Rimbaud et on inspecte si oui ou non il y a quelque chose qui ressemble à du Baudelaire. Ici, il s'agit d'identifier une évolution rapide avec un point de départ non prouvable en soi, le séjour parisien, mais avec une chronologie des écrits de Rimbaud qui témoigne, et avec une structuration baudelairienne nette pour un ensemble ramassé de textes dans le temps. Et pour "Accroupissements" et "Oraison du soir", on voit bien que les lectures baudelairiennes engagées vont au-delà de l'évidence immédiate des textes pour nous faire réfléchir sur le rapport fantasmée au ciel, et cela se retrouve entre les fins de "Accroupissements" et "Vu à Rome", et puis il y a des subtilités sur d'autres poèmes que la chaîne créée révèle. Enfin, dans sa lettre du 17 avril, Rimbaud parle de soeur de charité à Demeny et nous avons un poème "Les Soeurs de charité" daté de juin qui évoque quelque peu la fin de la Commune. Et dans Mendès ou ailleurs, j'ai repéré des idées de communards soeurs de charité. Bref, le poème "Les Soeurs de charité" bien étudié doit permettre de dégager l'influence de Baudelaire et une référence d'actualité de l'année 1871. C'est ça qui se joue et comme d'habitude quand les réponses tomberont les rimbaldiens seront tout surpris ne s'y étant pas attendus.
RépondreSupprimer