L'article sur "Les Mains de Jeanne-Marie" est à l'évidence un de mes meilleurs parus sur le blog. Il révolutionne complètement la méthodologie du rimbaldisme, en montrant les insuffisances d'articles de rimbaldiens de référence tels que Steve Murphy et Yves Reboul.
Il faut quand même se représenter le coup de force majeur de cet article. Ni Yves Reboul, ni Steve Murphy n'avaient compris l'importance de la parodie de Gautier. Les rimbaldiens ont la chance que quelqu'un a identifié la source parodique du poème "Les Mains de Jeanne-Marie", il s'agit en l'occurrence du diptyque "Etude de mains" de Théophile Gautier. Mais Reboul a considéré le lien parodique comme accessoire et Murphy l'a minimisé en soutenant une thèse de l'ambivalence de Rimbaud entre l'admiration pour le poète parnassien et le rejet du Gautier politique.
Il ne faut surtout pas croire que mon article est un petit apport à la compréhension du poème. Ce qui se passe est d'une tout autre envergure. Le poème est une charge extrêmement violente contre Gautier lui-même, ce dont Reboul s'est détourné, ce que Murphy n'a pas compris. Il n'y a pas une ambivalence où le poète ferait le partage entre l'émulation de poète et la divergence d'opinion politique. Le poème "Les Mains de Jeanne-Marie" s'attaque d'ailleurs même à l'esthétique de l'art pour l'art finalement, il s'attaque à la préciosité de la manière de Gautier, "Les Mains de Jeanne-Marie" n'ayant pas du tout la note précieuse du poème de Gautier. Rimbaud parodie Gautier et il le fait souffrir et suer. Gautier se veut un esthète élitiste. Rappelez-vous le début du roman Mademoiselle de Maupin où le personnage principal masculin déambule dans les rues de Paris en considérant qu'on ne rencontre décidément jamais l'idéal type féminin. Comprenez aussi l'importance du discrédit qui atteint Gautier à plusieurs niveaux. D'abord, entre "Etude de mains" et "Les Mains de Jeanne-Marie", on passe d'une célébration assez vaine de deux mains coupées. La projection du poète enrobe quelque peu ces deux descriptions d'une aura fantastique, la main d'Impéria deviendrait presque vivante. En même temps, dans le cas de la main d'Impéria, le tour de force consiste à célébrer la beauté d'une main qui pourtant en tant que telle n'est rien d'autre qu'un accessoire macabre. C'est une main découpée et momifiée d'un être mort il y a des milliers d'années. C'est parfaitement macabre et glauque, mais le poète veut en reconstruire l'impression de beauté. Or, même pour la plus belle femme du monde, sa main découpée ne saurait en aucun cas s'appeler splendeur. Le poète passe à un autre niveau paradoxal de quête du beau avec la description de l'assassin Lacenaire, où il faut bien se garder de confondre le beau avec une fascination morbide pour la fonction criminelle de cette main. Rimbaud oppose une beauté qui a plus de substance, la beauté intérieure des femmes de la Commune en dépit des apparences physiques défavorables qu'on leur prête. Gautier parle avec brio de petits riens, mais cela reste vain face à ce que raconte d'enlevant le poème de Rimbaud. Gautier, c'est la dérision mesquine d'une Flaubert, Rimbaud c'est le poète-romancier à la Hugo, à la Balzac, à la Zola, à la Stendhal. Ce n'est pas le même rapport au monde. Je trouve délicieuse la lecture de poésies de Gautier, mais il reste assez vain, ce défaut lui est souvent reproché d'ailleurs, et Rimbaud, en tout cas, dans "Les Mains de Jeanne-Marie" ne manifeste pas son admiration pour l'art de Gautier. C'est exactement l'inverse. Il le pourfend jusque dans son idée de l'esthétique, de l'art pour l'art, etc. Il oppose les pétroleuses à Impéria, comme il oppose son style hugolien à l'élégance impérial du vocabulaire précis dans une langue chiadée de Gautier. Rimbaud parle de mains féminines qui se sont salies face à la main découpée propre d'Impéria. Il oppose aussi des mains enchaînées, encore reliées à la vie, à des mains découpées qui ne sont que des objets et des fétiches pour poètes désœuvrés. L'attaque contre Gautier s'accroît encore d'autres dimensions. Le poème "Carmen" suppose un rapprochement avec "Les Mains de Jeanne-Marie" aussi important que le diptyque "Etude de mains", puisqu'on y trouve tout le développement sur la peau hâlée. Gautier vante la beauté de Carmen, mais en acceptant que sa peau bronzée la rend peuple, la rend discutable en termes de beauté. Elle rend les hommes fous, mais le poète l'enferme dans l'éphémère, la Carmen n'en a pas pour longtemps, et les femmes altières vont réoccuper l'espace. Ce n'est qu'une beauté paradoxale qui n'a qu'un temps et dont le caractère éphémère et le drame sont des ingrédients poétiques décisifs. Rimbaud oppose un autre drame auquel Gautier témoigne sa nette indifférence, mais en sus Rimbaud ne va pas enfermer la Jeanne-Marie et donc les pétroleuses dans l'éphémère ou le charme à qui il manque une perfection de beauté. Vous vous plaignez qu'on commente les poèmes, mais on est obligés de le faire puisque de toute façon si on vous dit les choses à demi-mots vous ne comprendrez toujours rien. J'aurais sans doute dû citer dans mon article quelques passages où Gautier s'en prend directement aux femmes de la Commune, j'ai compensé par le passage où il assimile les hommes à des gorilles, ceci dit. Un passage saisissant serait à citer, quand Alexandre Dumas fils dit des prisonnières qu'elles sont les femelles des communards, femelles et pas femmes, car elles ne ressemblent à des femmes que quand elles sont mortes. Si vous ne trouvez pas cela violent, je ne sais pas ce qu'il vous faut.
L'autre coup important de mon étude sur "Les Mains de Jeanne-Marie", c'est cet intertexte tiré du livre des Tableaux du siège de Gautier. Gautier qui détourne sa tête de la fenêtre quand il entend gronder l'ouragan des révolutions ou révoltes de 1848 ou 1871, d'une part, se sert de la guerre pour dresser des tableaux d'esthètes, des peintures en mots de scènes de guerre. C'est déjà un problème en soi. A partir du moment où Gautier daube les idées des révolutions, mais quelle profondeur va-t-il trouver dans les scènes de guerre ? Il va en tirer un bouquet d'émotions qui n'aura aucune valeur philosophique, aucune vue pour l'humanité. Finalement, il ne mérite pas ce titre de meneur pour le futur d'une poésie de voyant qui lui était encore concédé dans la célèbre lettre à Demeny du 15 mai 1871. Rimbaud est en train de régler des comptes et de corriger ses opinions littéraires en fonction de l'idéal maintenu d'une poésie de penseur visionnaire. Gautier ne fait plus le compte, il le liquide dans "Les Mains de Jeanne-Marie", acte littéraire qui n'a rien d'anodin. Or, au début de son ouvrage, Gautier vante une statue de Strasbourg, il joue hypocritement la participation chrétienne et il se permet l'exaltation du patriote. Présentée comme une madone, la statue de la ville de Strasbourg est le symbole de l'amputation ou mutilation française. Rimbaud lui oppose une figure féminine de la révolution, des mains qui se sont salies pour un idéal. La ville de Strasbourg n'est pas à l'image d'Impéria, mais on comprend que Rimbaud vise à la fois la vacuité de la main d'Impéria et l'hypocrisie politique d'un Gautier qui se détourne des révolutions, mais vante les guerres d'état à état, parce que tout bonnement politiquement c'est un ennemi du peuple, un ennemi quasi déclaré.
Certes, on peut aller chercher à rapprocher Jeanne-Marie de la sorcière de Michelet, certes il faut nécessairement identifier la description du combat communard dans les images du poème de Rimbaud, mais la charge satirique contre Gautier est le cœur du poème et cela était insuffisamment dégagé dans l'étude de Murphy elle-même, l'étude pourtant la plus proche de la note juste du poème.
Ce n'est pas tout. Cet intertexte des Tableaux du siège, il confirme pas mal de choses en termes d'approche des poèmes de Rimbaud. D'une part, on voit que quand on tient la mention d'une cible parodique il ne faut pas la lâcher et enquêter toujours plus avant au sujet de cette cible, en épluchant tous les textes qui peuvent être dénichés. Mon article ne commence pas innocemment par une évocation des cibles zutiques. Cela faisait des décennies que nous détenions un ensemble de près d'une vingtaine de poèmes dont les cibles parodiques nous étaient livrées à l'attention. Les centons de Belmontet n'avaient pas été identifiés, ni l'immense masse des renvois aux poèmes d'Amédée Pommier et d'Alphonse Daudet. Personne n'avait relevé la mention "étamine" à la rime dans un sonnet d'Armand Silvestre, et ainsi de suite. Et dans le cas d'Armand Silvestre, il était évidemment opportun d'éplucher ses deux livres anti-communards publiés sous le pseudonyme de Ludovic Hans. Dans le cas de François Coppée, il devenait crucial de débusquer les préoriginales de son recueil Les Humbles dans la presse, puisque le recueil n'a été publié qu'en 1872 quand les parodies rimbaldiennes datent des mois d'octobre et novembre 1871.
Il y a quand même une sacrée révolution méthodologique qui est en cours. On va peut-être commencer à chercher des indices d'une lecture de la presse et des actualités littéraires pour comprendre "Le Bateau ivre" et d'autres poèmes. Cela donne un terrain d'enquête assez précis et permet en plus de travailler à nouveaux frais sur les problèmes de datation. Cela permet aussi d'envisager différemment la compréhension des poèmes. Dans le cas des "Mains de Jeanne-Marie", on avait une approche où les liens avec Gautier n'étaient pas en soi problématiques du point de vue du sens, ce qui a entraîné les rimbaldiens à rebondir sur d'autres énigmes et à n'offrir une lecture du poème qu'en soi et pour soi. L'idée d'une lecture où la charge satirique contre Gautier était première ne s'est pas imposée, et j'ose croire que mon article a achevé de rendre évidente la nécessité d'un rimbaldisme qui enquête à la façon d'archéologues. Nous avons la mention d'un nom cible parodique Gautier, ne peut-on pas aller plus loin ? Dans le cas du "Sonnet du Trou du Cul", le nom de Mérat cachait encore celui d'un autre poète, et ensuite il y eut encore à creuser. Dans le cas des "Mains de Jeanne-Marie", nous sommes partis de "Etude de mains" pour voir que "Carmen" n'était pas négligeable, puis que les Tableaux de siège donnaient beaucoup de sens à l'acte satirique rimbaldien.
Soyez certains que le cas Gautier appellera des compléments dans l'avenir. Rimbaud a utilisé "abracadabrantesques" dans Le Coeur volé, mais ne pensez pas qu'à une probable dispersion de la recherche en vous disant que Rimbaud s'est intéressé à plusieurs reprises à des passages de Gautier, et rien d'autre. Songez que le quatrain "L'Etoile a pleuré rose..." a le titre de "Madrigal" dans une recension de Verlaine tandis qu'un poème d'Emaux et Camées est sous-titré "Madrigal panthéiste", que le sonnet "Voyelles" emploie le terme rare de "vibrements" typique de Gautier, songez que "Les Mains de Jeanne-Marie", "Voyelles" et "L'Etoile a pleuré rose..." sont trois poèmes à peu près contemporains, sachant que "Le Bateau ivre" et "Les Corbeaux" leur sont aussi à peu près contemporains. Songez que le mot à la rime "tanna" qui relie "Les Mains de Jeanne-Marie" à un des textes de Gautier parodiquement ciblés "Carmen" est aussi un mot à la rime dans le poème "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs" ("Sa peau, le diable la tanna[]", "Mains sombres que l'été tanna," "Dis, front blanc, que Phébus tanna[ ]"), poème "Ce qu'on dit au poète..." qui est tout en octosyllabes comme la plupart des Emaux et Camées et qui contient une célébration colorée à rapprocher d'évidence du sonnet "Voyelles". Si vous n'entrevoyez pas qu'il se joue des choses puissantes là-dessous, mais alors il faut vraiment vous interroger sur votre infini de lecteur. Qu'est-ce qui fait de vous un lecteur ?
Comprenez bien ceci. "Le Bateau ivre" n'est pas un poème à multiples lectures allégoriques, c'est un tombeau allégorique de la Commune avec un développement sur le magistère du poète voyant à la manière hugolienne. C'est aussi un poème qui répond à la littérature de haine contre les communards qui se répand partout de juin à décembre 1871. Le poème "Les Mains de Jeanne-Marie" est un hommage rendu aux femmes combattantes de la Commune si violemment injuriées à l'époque. Le poème "Les Corbeaux" est un appel à la commémoration quasi contemporain de la rédaction des "Mains de Jeanne-Marie" et qui suppose, vu l'intertexte des Tableaux du siège de Gautier, un même fonctionnement où on oppose au patriotisme autorisé de l'humiliation de la guerre franco-prussienne l'honneur des communards enterrés dans une "défaite (voulue) sans avenir". Le quatrain "L'Etoile a pleuré rose..." avec son "sang noir" est un tombeau de la Commune et "Voyelles", sonnet si proche des "Mains de Jeanne-Marie" et de la pièce "Paris se repeuple" par pas mal d'images, est un tombeau de la Commune teinté d'espoir. Les mouches versaillaises se repaissent du cadavre, mais une vie transcendante est entrevue par le poète.
Le poème "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", il cible le poète qui ne s'implique pas dans les drames de la société, à l'instar de Gautier précisément. On a donc d'un côté "Ce qu'on dit au poète..." qui se moque en l'imitant du discours positiviste d'un poète en phase avec cette République née de l'exercice de la Semaine sanglante et de l'autre "Les Mains de Jeanne-Marie" qui n'imite pas cet autre discours de "non impliqué" du poète légitimiste froid, mais qui le contre par une réplique salée. La pièce "Ce qu'on dit au poète..." gagnerait d'ailleurs à être plus régulièrement rapprocher de "Voyelles" comme son envers ironique. "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs" peut plus aisément se comprendre comme la fumisterie de discours qu'on attribue à "Voyelles", sonnet qui en réalité passait à une autre modalité de discours. Il y a une ironie dans "Voyelles", mais elle n'est pas du tout articulée comme un discours de déniaisement automatique sur sa propre production. L'art de "Voyelles" n'est pas de soutenir des considérations tellement énormes qu'elles font rire et démasquent les sempiternelles impostures de poètes. "Voyelles" est un sonnet composé comme un discours contre les discours déjà sortis, tout comme "Le Bateau ivre" et "Les Mains de Jeanne-Marie". C'est en ayant conscience de cette application de Rimbaud à produire un contre-discours qu'on verra émerger la finesse ironique de "Voyelles", et non pas en considérant que, comme la théorie des voyelles est inepte par essence le sonnet n'est valable que s'il fait de l'autodérision qui inflige une leçon aux poètes. Il faudra revenir sur tout cela. Le mot "Voyelles" parle d'alchimie, peu de temps auparavant Leibniz y croyait encore à l'alchimie, tout comme Newton travaillait à trouver du fondement historique aux textes de la Bible. Il va de soi que Rimbaud se sert de l'aura métaphorique du mot "alchimie" pour dire autre chose. Le dispositif des couleurs : blanc, noir, rouge, vert, bleu, vise à la fois la suite des étapes alchimiques blanc noir rouge couplées à l'opposition du vert du sol terrestre au bleu du ciel et l'opposition noir/blanc couplée à trois couleurs qui sont moins trois exemples dioptriques que la trichromie mise en place en optique par Young au début du dix-neuvième siècle et tout récemment remise au goût du jour par Helmholtz. Charles Cros dans ses écrits sur la couleur parle de la trichromie rouge jaune et bleu en 1872, mais la variante du bleu et du violet est un indice fort et considérable d'une référence à la trichromie de Young qui avait envisagé précisément le violet et non le bleu dans sa base trichromique. Il va de soi que montrer que Rimbaud connaît et reproduit finement dans ses poèmes la théorie platonicienne de la transmigration des âmes ou la trichromie en optique délivrée par Helmholtz n'a aucun sens, aucun intérêt, aucun sérieux. Rimbaud veut employer des images fortes en fonction de modèles classiques ou de modèles forts contemporains. Les vérités de Rimbaud sont bien évidemment situées à un autre niveau de discours, mais là encore il faut lire la Revue des deux mondes et d'autres pour se faire une idée des références sous-jacentes au discours de Rimbaud. On se veut rimbaldien, on lit la presse d'époque, on lit les Tableaux de siège de Gautier, on lit La Commune et le Comité central de Ludovic Hans alias Armand Silvestre, ainsi que son Paris et ses ruines. On lit le Parnassiculet contemporain, etc. On ne boude pas superbement le rapprochement formel entre le poème "Rêvé pour l'hiver" et le sonnet "Au désir" que Rimbaud avait lu un peu avant dans Les Epreuves de Sully Prudhomme. On lit la préface de ce même Sully Prudhomme à sa traduction plagiée par Rimbaud du grand poème de Lucrèce.
En trois mois, un Parisien a les moyens de faire progresser de manière considérable la recherche rimbaldienne en se rendant à la grande bibliothèque nationale.
Certes, il y aura certaines lectures qui ne rapporteront pas les pépites espérées. Je m'accorderai pourtant sur ce blog des articles de mise au point sur certains auteurs et ouvrages. Je pense, par exemple, à Lissagaray. C'est une connaissance de Rimbaud et il a publié le livre d'époque qui fait référence sur l'histoire de la Commune. Toutefois, les publications actuelles de Maitron et Rougerie n'offrent que le texte de l'édition définitive de 1896, pas celui initial de 1876, tandis que les anglophones ont droit à une version traduite dans les années 1880 qui, aux dires mêmes de Rougerie, est pas mal corrompue et reniée par Lissagaray lui-même au vu de son texte définitif de 1896. Cependant, dans les mois qui ont suivi la semaine sanglante, Lissagaray a publié un livre que Rimbaud a pu lire Les Huit journées de mai derrière les barricades. Une des rares rééditions de cet ouvrage est récente et même si cela n'apporte pas grand-chose j'en rendrai compte prochainement.
Conception d'une écriture parodique et satirique serrée dans le cas des "Mains de Jeanne-Marie", importance cruciale d'un dépouillement systématique de la littérature d'époque à partir d'indices tels que des noms d'auteurs, etc., ne croyez pas à de fausses évidences, puisque, de fait, mon étude a montré l'écart que la méthode permettait entre mon approche et celles des articles de Reboul et Murphy, pourtant en principe déjà nourries de ces précieux indices !
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