Rimbaud ignorait tout de son puissant devenir. Sa lettre à Banville au mois de mai témoignait de sa grande ambition naissante et il composait alors un poème en neuf quatrains d'alexandrins en tous points remarquables, "A la Musique". En ce temps-là, sa verve caustique ne l'empêchait pas encore de se penser en sergent des douceurs. Or, il y a cent cinquante ans s'entamait l'année terrible.
Victor Hugo l'a fait commencer au mois d'août, mais elle a eu son prologue avec un poème daté du 20 mai 1870 "Les 7.500.000 oui". L'année terrible débuta plus exactement en juillet 1870 avec la confrontation politique entre la France et la Prusse.
Pour nous permettre de nous replonger dans la temporalité longue des événements vécus par Rimbaud, j'ai décidé de profiter de cet écart un peu arrondi que nous avons avec cette époque historique, 150 ans. Le confinement que nous avons vécu nous permettra aussi de mesurer la patience du siège de Paris et la compromission des départs estivaux permettra peut-être à ce blog de rencontrer son public au cours des mois de juillet et août. Je lance donc désormais une rubrique intitulée "Il y a 150 ans" qui me permettra de mettre en ligne progressivement des petits dossiers respectueux de la chronologie des événements. Je ne prétends pas lancer une rubrique "Il y a 150 ans" qui couvrirait toute la vie poétique de Rimbaud, je n'ai pas traité de ses poèmes latins, de sa publication en revue des "Etrennes des orphelins", ni de sa première lettre à Banville avec l'affirmation de son credo des poètes. Ce qui m'intéresse, c'est la rencontre avec l'actualité, la manière de vivre les deux événements corrélés que furent la guerre franco-prussienne et la Commune. Cela me permettra aussi d'attirer l'attention sur certaines dates, le 9 août, le 31 octobre, etc., sur certains petits faits, sur le déroulement des combats, etc. J'ignore encore si je pourrai faire une étude très fouillée du contenu de la revue La Charge à cette époque, puisqu'il faudrait pour cela que je puisse abondamment la consulter avant le mois d'août. Je ne ferai pas quelque chose de parfait, mais cette idée d'un dossier qui suive le rythme de la vie de Rimbaud je l'ai depuis quelques années et je n'aurai pas de longtemps une date anniversaire aussi profitable que celle-ci pour m'y essayer. Ma rubrique s'intitulera donc "Il y a 150 ans", mais il y aura deux volets, le volet "Il y a 150 ans, la guerre franco-prussienne" et le volet "Il y a 150 ans, la Commune". L'expérience se prolongera au-delà du mois de mai 2021, mais plus lâchement : comme mes lecteurs auront été habitués à cette construction de dossiers dans le temps, il y aura de profitables piqûres de rappel en 2022 et 2023. Pour le volet sur la Commune, je ne sais pas encore si j'exploiterai aussi les publications jour par jour de pièces officielles et de témoignages de "journaux" tels que ceux de Catulle Mendès et Armand Silvestre (sous le pseudonyme de Ludovic Hans). J'inclurai sans doute des passages des romans de Zola ou des frères Margueritte.
Il va de soi que l'activité sur mon blog ne se limitera pas à ces dossiers et que je publierai d'autres études sur Rimbaud qui ne seront pas directement tributaires de la chronologie de l'année terrible.
Je pourrai publier des articles en fonction de dates précises que je voudrai mettre en relief et je pourrai publier aussi des articles dont la situation chronologique est plus approximative. Par exemple, j'ignore la date de composition du poème "Le Forgeron", mais un de mes premiers dossiers sera de donner des clés de compréhension pour ce poème en fonction de l'actualité. Le dossier va remonter bien sûr de quelques années pour parler des grèves et essaiera de s'intéresser à tout ce qui dans la première moitié de l'année 1870 préparait le poème de Rimbaud.
Parfois, il y aura des sujets dont je ne sais pas à l'avance ce qu'ils vont pouvoir donner que je serai tenté de traiter.
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