vendredi 31 octobre 2014

Complément au précédent article sur ND des Landes et Testet

Ci-dessous il s'agit d'une triple réponse il y a deux jours à quelqu'un qui évoquait la question de la nuisance sonore d'un aéroport construit dans la ville (ma réponse en 1) et le coût problématique de l'aéroport (réponse en 2), enfin je reviens sur le Testet en exposant un double avis, car la jeune victime voulait visiblement en découdre avec la police ce que je ne veux pas soutenir, mais j'articule cela à la résistance physique nécessaire aujourd'hui dans le cas de certains grands projets qu'on fait passer avec la toute-puissance de l'administration politique hautaine : le fin mot est dans la différenciation entre un barrage hydroélectrique et une retenue d'eau ! Ici il s'agit non pas d'un projet utile de barrage hydroélectrique, mais il est question d'agriculture intensive, domaine qui ne peut pas reposer sur le progrès technologique pour augmenter ses bénéfices, mais qui doit trouver des moyens de rapacité toujours plus ébouriffants, et la taille petite de l'étang ne doit pas faire oublier qu'un projet en appelle un autre, et puis un autre ! Ce projet pose à la fois une question écologique et une question d'utilisation de l'argent public ! Ceci dit, mon assurance, c'est que dans le cas de l'aéroport il est clair et net que l'aéroport est un scandale, ça au moins ça me crève les yeux !  
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Attention, il y a plusieurs points à dissocier!
1) Pour ce qui est du bruit causé par l’aéroport quasi en ville.
La loi est la suivante et elle a une logique. Imaginons un stand de tir. Si le riverain avait construit sa maison avant que ne se développe le projet d’un stand de tir, le riverain peut se plaindre de la gêne occasionnée. En revanche, si quelqu’un fait construire à côté d’un stand de tir, il n’a plus rien à dire sur le bruit des armes dans son voisinage. Dans le cas de Notre-Dame des Landes, beaucoup de riverains ont fait construire alors qu’ils savaient qu’il allait y avoir un aéroport. A ce niveau-là, ils ne peuvent plus critiquer le bruit. Et en gros on ne peut pas traiter globalement la plainte des riverains, il faut trier au cas par cas ceux qui étaient installés là antérieurement au projet et ceux qui se sont installés en connaissance de cause. Dans ce cas, il faut simplement déplorer que la collectivité ou le maire n’aient pas eu les reins solides pour dire qu’on ne peut pas bâtir là parce qu’il va y avoir un aéroport. Et on ne peut pas répliquer que les gens vont là parce qu’il n’y a que là d’habitable. S’ils n’aimaient pas le bruit, ils étaient libres de choisir ailleurs où s’installer avant. Mais là n’est pas le problème.
2) Le problème posé par Notre-Dame des Landes, c’est qu’on regarde la dette publique et qu’on doit alors se demander si on peut se payer un luxe, car cet aéroport est un luxe, et si on implique Airbus, il y aura des jets privés, et tout.
Or, Nantes a déjà un aérodrome qui suffit à ses besoins et Airbus veut absolument le garder car il convient à ses essais.
Alors, pour être encore plus clair sur le luxe que cela suppose, ben il suffit de se dire que dans de telles conditions pourquoi l’ensemble des villes de la taille de Nantes dans le pays n’auraient-elles pas droit chacune à un, voire deux aérodromes (puisque deux aérodromes il y aurait à Nantes)? Cela me semble assez significatif comme question posée.
Le projet de Notre-Dame des Landes soulève aussi une question importante, celle des devis et des expertises. En effet, on lance la construction d’un aéroport en vous précisant un coût qui fait déjà tiquer. L’accord passé, les premiers travaux entamés, on revient à la charge en disant que maintenant il va falloir desservir l’aéroport, amener des routes, car ce ne serait qu’à cette condition-là que l’aéroport serait rentable. Et voilà qu’un nouveau budget est mis sur la table, il a doublé.
Ah ouais, c’est cool, on fait un centre commercial, on a des retombées économiques, mais c’est le pays qui paie pour les nantais, et qui paie plutôt bien, qui arrose même. L’argent englouti là-dedans, il aurait pu servi à d’autres choses, les emplois créés pour construire l’aéroport ils font bien sur la carte postale, mais on ne vous dit pas ce qu’on aurait pu faire d’autre avec cet argent. Personnellement, j’ai dans l’idée qu’en économie il faut quand même des projets pour booster les choses, payer les gens dans un projet inutile et coûteux, c’est presque pire que de ne les payer à rien faire.
3) Sur le barrage de Sivens, je pense que le jeune était un excité qui défend certes la Nature, mais qui est habité par la vérité incarnée, qui sait ce qu’on doit faire, qui doit être écouté absolument sur tout, il était clairement là pour en découdre à deux heures du matin: après, je n’ai aucun accès de première main au dossier, je laisse l’enquête se poursuivre, et la grenade au TNT est en soi un problème.
Mais quelque chose coince quand même. Il n’y a que la lutte physique qui permette de combattre de tels projets. C’est bien joli de dire que la violence ne doit pas imposer les choses aux collectivités et aux politiques, mais il faut alors engager une remise en cause de la réalité des démarches administratives ou politiques pour faire cesser ou pour au moins revoir différemment de tels projets.
Si on ouvre un tel débat pour dire “nous on pense ça, les opposants pensent ça, mais à la fin on fait quand même ce qu’on pense, la violence étant interdite aux opposants” on ne règle en aucun cas le problème.
On voit bien que les expertises n’ont aucun sérieux, que quand une expertise est faite elle émet des réserves critiques, mais accorde son blanc-seing: “vu que vous avez déjà commencé, oh ben continuez”
On voit très nettement aussi qu’il y a un caractère ahurissant au projet. Si c’était un barrage hydroélectrique, la manifestation serait moins défendable, mais là c’est une retenue d’eau pour une agriculture de maïs encore plus intensive. Cela sent fortement son Balzac avec ses calculateurs cyniques qui profitent de tout.
C’est certain que la violence pose problème, mais il y a un verrouillage du politique qui profite aux magouilles, alors pour éviter les violences occupons-nous-en!

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