Voici les liens des deux premières parties de cette étude.
Le premier recueil de Leconte de Lisle Poèmes antiques a une importance particulière à cause de sa préface et aussi parce qu'il est resté dans les mémoires. Leconte de Lisle sera pour la postérité l'auteur des Poèmes antiques et des Poésies barbares, elles-mêmes devenues par alignement sur le premier recueil Poèmes barbares. Le second recueil Poèmes et Poésies de 1855 a disparu en tant que tel.
Par rapport à Rimbaud, il faut comprendre aussi que celui-ci n'a guère repris les thèmes de descriptions de paysages de l'île de la Réunion, ni les poèmes sur des mythologies éparses dans le monde. Leconte de Lisle ne traitant pas comme Hugo, Baudelaire, Banville, Lamartine et tant d'autres de sujets d'actualité, inévitablement l'influence sur Rimbaud s'en ressent. Il s'agit plutôt d'imiter un motif, une manière de faire et les poèmes qui ont pu servir de modèles sont plutôt les poèmes inspirés de la Grèce antique avec une influence sur la composition de "Credo in unam".
Le premier recueil de 1852 Poèmes antiques contient de nombreux poèmes sur des mythes grecs, il apparaît avec évidence comme l'une des lectures privilégiées de Rimbaud en 1870. Et cette imprégnation va s'étendre visiblement à d'autres poèmes. Par exemple, on rapproche depuis longtemps "Le Dormeur du Val" de passages du poème "La Fontaine aux lianes" qui fait partie du premier recueil de Leconte de Lisle en 1852, mais je pense que ça va encore plus loin. Il faudrait prendre le temps de confronter cela à d'autres sources d'inspiration importantes pour Rimbaud à l'époque, mais je cite quelque vers intéressants dans l'absolu à rapprocher.
Vous vous rappelez le début du "Dormeur du Val" et les "haillons / D'argent" :
C'est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.
Sans parler du soleil, rien que les éclats d'argent de la rivière font penser à différents vers du maître parnassien, notamment à ceux-ci de "Thyoné" :
Ô Thyoné ! l'eau vive où brille le matin,Sur ses bords parfumés de cytise et de thym,Modérant de plaisir son onde diligenteOù nage l'hydriade et que l'aurore argente,D'un cristal bienheureux baignera tes pieds blancs !
Le verbe "Chantent" et les "faunes moqueurs" suivent quatre et cinq vers plus loin.
Une mention du "matin argenté" revient dans le poème suivant "Glaucé", puis dans la longue pièce "Hélène", nous avons le modèle originel de "haillons / D'argent" dans tels vers :
L'onde, dans sa fraîcheur, le caresse et l'assiège,Et sur son corps sacré roule en perles d'argent ;[...]
A propos du premier vers de "Hélène", j'observe toutefois que Rimbaud s'éloigne de Leconte de Lisle, et c'est plutôt Sully Prudhomme qui s'en est directement inspiré dans sa traduction du début de l'ouvrage traduit de Lucrèce De la nature des choses :
Ô Muses, volupté des hommes et des dieux, ("Hélène", Leconte de Lisle)Mère des fils d'Enée, ô volupté des dieuxEt des hommes, Vénus, sous les astres des cieuxQui vont [...] (Sully Prudhomme, De la nature des choses)Mère des fils d'Enée, ô délices des Dieux,Délices des mortels, sous les astres des cieux,[...] (Rimbaud, "Invocation à Vénus")
Le verbe "Implore" apparaît quelques vers plus loin. Et le poème "Hélène" est scandé par une reprise de formules similaires sur sa première moitié.
D'autres influences sur Rimbaud sont décelables, la formule "oh la route est amère / Depuis qu'un autre dieu nous attelle à sa croix", peut avoir pour moule ce passage de "Sourya" :
Dans l'air flambant, immense, oh ! que ta route est bellePour arriver au seuil de la nuit éternelle !
Il faudra vraiment que je fasse une lecture crayon en main pour noter toutes mes idées et en faire un article, maintenant que Chevrier et d'autres sont au courant.
Pour "Voyelles", je considère que "velu" devant la césure ressemble à du Leconte de Lisle qui procède ainsi avec "velu" et "vêtu", et le tercet des "mers virides" et des "fronts" marqués, c'est un peu similaire à des passages de mythologie édifiante. On a des dieux des mers, des flots qui prolongent d'harmonieux sanglots dans les bois, à la suite de "vertes mousses" qui "paissent" dans "Glaucé". Rimbaud travaille un motif dont Leconte de Lisle fournit des exemples clefs.
Et j'ai envie de citer aussi les vers où il est questions de mouches, par exemple dans "Les Eléphants" :
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.
Je ne vais pas revenir sur les configurations moins régulières mais admises des classiques de ce premier recueil de Leconte de Lisle :
La tristesse inquiète et sombre où je me vois
Nous en avons conclu que Leconte de Lisle était, en 1852, un poète à la métrique classique, plus régulier qu'un Hugo et que plusieurs poètes de la période romantique. Il ne pratique pas les enjambements à la Chénier, ou encore à peine, quelques rejets d'épithètes sinon d'attribut du sujet dans "Hélène", et un autre rejet d'épithète dans "Surya", rien de plus :
La patrie et le toit natal, l'amour pieux
Enfant divin, sois-moi favorable ! Attendrai-je
Garde longtemps le trait profond qui l'a blessé ;
Les poèmes "Hélène" et "Sourya" sont des poèmes nettement plus longs, et "Hélène" prend une forme dramatique. On dirait que cela favorise l'émergence de vers plus souples. Et bien sûr, il ne faut pas se dire que nous trouvons plusieurs de ces rejets dans deux poèmes, donc il les pratique, puisque ces deux poèmes contrastent avec tout le reste du recueil.
Dans le cas de "Sourya", Leconte de Lisle commence par si je puis dire louvoyer. Je cite un premier vers où on pourrait croire qu'il y a un rejet de l'adjectif "errante", alors que l'unité du second hémistiche a été ménagée moyennant un petit sentiment de lecture sous forme plutôt participiale : "errant au flanc des monts", ou alors il aurait fallu une virgule à la césure pour clarifier la construction grammaticale :
Elle trouble la neige errante au flanc des monts ;A quelques vers d'intervalle, Leconte de Lisle passe à la formule autorisée par les classiques :
Qui roulent dans le sein vénérable des bois.
Et, enfin, un peu plus loin, il fournit un rejet d'épithète en tant que tel :
Adieu Sourya. Ton corps lumineux vers l'eau noire[...]
Voici un lien pour consulter en ligne l'édition même de 1852 des Poèmes antiques : (cliquer ici / sommaire)
La version des Poèmes antiques que nous lisons est celle du remaniement tardif pour Lemerre (1886-1891).
Le recueil de 1855 Poèmes et poésies a pour sa part disparu de nos recensements, il passe à tort pour une autre édition des Poèmes antiques, alors qu'il n'a aucun poème en commun avec le recueil de 1852.
Mieux encore, la préface de Poèmes et Poésies est l'occasion pour Leconte de Lisle de revenir sur les critiques qui lui ont été faites au sujet des Poèmes antiques, et notamment de ce refuge illusoire dans les religions anciennes.
En 1855, Leconte de Lisle est définitivement passé à une forme de versification plus souple dans la continuité de Victor Hugo, Gautier, Banville, Musset, etc. Mais Leconte de Lisle va pratiquer aussi deux césures plus audacieuses encore en principe. Le poème "Les Eléphants", son premier quatrain et bien sûr son premier vers sont emblématiques de cette évolution :
Le sable rouge est comme une mer sans limite,Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.Une ondulation immobile remplitL'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.
Ici, en quatre vers, Leconte de Lisle cumule le rejet d'épithète "immobile" et le rejet de complément du nom "de cuivre", effets à la Chénier amplifiés par Vigny et Hugo. Les rares vers de ce profil ne s'enchaînaient bien sûr pas dans le recueil de 1852, où ils étaient tout simplement de rares exceptions. Et, comme si cela ne suffisait pas, les rimes sont un jeu d'équivoque graphique pour la cadence masculine face à la cadence féminin : "lit"/"remplit" face à "limite"/"habite". Et cerise sur le gâteau, le premier vers, donc le vers qui n'a mis en place aucun repère pour le poème, nous refile le "comme" calé devant la césure typique de Victor Hugo qu'il exploitait souvent dans ses vers de théâtre et qu'il venait d'exploiter dans "Force des choses" des Châtiments en 1853, ce "comme" que en cette même année 1855 Baudelaire publie dans la Revue des Deux Mondes en compagnie d'un "comme un" antécésural dans le poème "Voyage à Cythère".
Sur le plan de l'économie du recueil, l'unique réelle audace de césure de Leconte de Lisle dans ce recueil est antérieur à cet emploi de "comme" dans "Les Eléphants". L'audace a été placée au début du recueil dans le très long poème "çunacépa", indice que Leconte de Lisle a tenu compte de la stratégie de discrétion de Victor Hugo qui noie complètement ses césures audacieuses dans des drames en vers très longs (Acte II et Acte V de Cromwell, Marion de Lorme et Ruy Blas). Leconte de Lisle a aussi repéré que dans Marion de Lorme Hugo a placé la préposition "sous" à la rime, ce qu'il déplace à la césure, selon le même procédé de Baudelaire dans "Au lecteur" et "Voyage à Cythère" : "comme une" à la rime des Marrons du feu de Musset passe à la césure, "ni" à la rime de "Mardoche" de Musset passe à la césure, sur le modèle du "comme" à la rime des Tragiques d'Aubigné que Victor Hugo a mis à la césure avant Leconte de Lisle et Baudelaire qui le font en même temps en 1855 en termes de publication.
Voici le vers à relever, il est vers la fin du poème, et il faut comparer avec le mot "comme". Très souvent, et cela encore par Baudelaire et Hugo, le mot "comme" est en attaque d'hémistiche ou de vers. Leconte de Lisle utilise la préposition "sous" en attaque d'hémistiche ou de vers, et c'est ce qui rend encore plus heurtant de rencontrer l'exception suivante :
Quand ils rayonnent sous ta noire chevelure ;
Comme l'a fait remarquer Gouvard dans Critique du vers, Leconte de Lisle emploie la préposition "sous" avant Baudelaire qui va y recourir dans "Le Beau navire" publié plus tard. Mais ça va plus loin, à part le "comme un", Baudelaire ne pratique pas de césure sur proclitiques ou sur prépositions dans ce qu'il publie dans la Revue des deux Mondes en 1855 à l'exception du "quel" du faux trimètre répété : "Dans quel philtre, dans quel vin, dans quelle tisane ?"
Il s'agit à deux reprises d'un effet sur déterminant. Leconte de Lisle pratique donc avant Baudelaire l'effet sur une préposition, du moins à s'en fier aux dates de publication. Précisons toutefois que Hugo a pratiqué la césure sur les déterminants proclitiques comme sur les prépositions dans six vers de Cromwell, Marion de Lorme et Ruy Blas, ce qui veut dire qu'il n'y a pas de mérite particulier à Leconte de Lisle à s'aventurer sur telle configuration avant Baudelaire de toute façon.
Je vous conseille aussi de vous reporter à mes articles tout récents sur la série de poèmes des Fleurs du Mal de 1855 dans la Revue des Deux Mondes pour contrôler mes assertions.
De 1855 à 1857, nous allons passer de l'édition de dix-huit poèmes des Fleurs du Mal à l'édition censurée de 1857. L'étude à ce sujet est importante, puisque ce n'est qu'à partir du recueil de 1861 que les césures audacieuses de Baudelaire sont abondantes. Il va falloir évaluer le recueil de 1857 pour lui-même. 1857 sera aussi l'année de sortie des Odes funambulesques avec une unique césure audacieuse dans un poème à forme dramatique. Il faudra étudier l'évolution de Banville, qui publie une deuxième édition de son recueil en 1859, et c'est pour ça que je suis très mécontent du site Gallica de la BNF. Sur un sujet aussi important que l'évolution du vers, il faut pouvoir étudier comment Banville a repris tous ses premiers recueils Les Cariatides, Les Stalactites, Odelettes, Le Sang de la coupe, etc., et a modifié les vers en introduisant en quantité des césures acrobatiques, ce qui était un peu un travail de faussaire, puisque celui qui achetait le volume augmenté des Cariatides en 1864 pouvait croire que Baudelaire et Leconte de Lisle avaient imité Banville, et non l'inverse.
Mais j'en reviens à Leconte de Lisle. Il est en vogue. Il publie un ouvrage tous les trois ans à peu près : 1852 Poèmes antiques, 1855 Poèmes et Poésies, 1858 Poésies complètes, 1862 Poésies barbares. Le volume des Poésies complètes doit nous arrêter pour plusieurs raisons : il vient un an après l'édition censurée des Fleurs du Mal, il contient une section de poésies nouvelles en plus d'une réédition des deux premiers recueils, et il faut évaluer l'évolution éventuelle.
Je n'ai pas cherché à étudier si les vers étaient retouchés. Il semble que non, et cela en tout cas n'impliquerait pas l'apparition ou disparition des césures audacieuses qui nous intéressent.
Avertissements à propos du lien précédent :
Si vous consultez le lien précédent, vous constatez que le recueil Poèmes et poésies est traité d'état originel des Poèmes barbares, ce qui est faux. La redistribution des poèmes suivra une tout autre logique.
Ensuite, si vous voulez lire les poèmes, cliquez sur les poèmes, mais revenez toujours à la page de sommaire, parce qu'à partir des poèmes vous serez renvoyés à d'autres recueils de Leconte de Lisle.
Admirez la petite section de poésies nouvelles dont je vous énumère les titres, certains vous seront familiers si réellement vous êtes un amateur de poésies du dix-neuvième siècle : "La Ravine Saint-Gilles", "Le Manchy", "Les Plaintes du cyclope", "L'Enfance d'Héraklès", "La Mort de Penthée", "Héraklès au taureau", "L'Oasis", "Hypathie et Cyrille", "La Genèse polynésienne", "La Vision de Brahma", "Le Sommeil du condor".
Vous constatez la présence de plusieurs poèmes sur des sujets mythologiques grecs, d'un poème de mythologie hindoue. Vous vous doutez que le poème "La Genèse polynésienne" n'a pas dû beaucoup inspirer Rimbaud pour ce qui est des thèmes.
Les deux premiers poèmes "La Ravine Saint-Gilles" et "Le Manchy" sont des descriptions impliquant les paysages de l'île de la Réunion. Si Rimbaud ne s'en est pas non plus spécialement inspiré, ils sont tout de même magnifiques et surtout le premier "La Ravine Saint-Gilles" introduit le motif du sonnet "Les Correspondances" de Baudelaire dans son évocation :
Ainsi, sur les deux bords de la gorge profonde,Rayonne, chante et rêve, en un même moment,Toute forme vivante et qui fourmille au mondeMais formes, sons, couleurs, s'arrêtent brusquement.
[...]Pour qui sait pénétrer, Nature, dans tes voies,L'illusion t'enserre et ta surface ment :Au fond de tes fureurs, comme au fond de tes joies,Ta force est sans ivresse et sans emportement.
Cette absence d'ivresse fait contrepoint à la chute des tercets du sonnet "Les Correspondances", et je peux citer d'autres extraits avec des mots clefs ou non ("écho", etc.).
Mais ce qui frappe aussi dans cette section de "poésies nouvelles", c'est que loin de poursuivre dans la voie des césures audacieuses, Leconte de Lisle semble même moins souple que dans son recueil de 1855. Rien que pour le poème "La Ravine Saint-Gilles", malgré le travail de reprise sur "Les Correspondances" de Baudelaire, les vers à mentionner comme plus souples sont dérisoires, la césure à la Corneille et Hugo sur "tandis que", un rejet de complément du nom pas très violent :
Morne et glacé, tandis que, le long des blocs lourds,Il agite son dos d'émeraude au soleil.
Note amusant, le premier hémistiche ne vous rappelle-t-il pas le premier des "Pauvres gens" (paru un an plus tard) et bien sûr le premier hémistiche du coup des "Etrennes des orphelins" ?
La gorge est pleine d'ombre [...]Le logis est plein d'ombre [...]La chambre est pleine d'ombre [...]
Je parlais plus haut des mentions "velu" et "vêtu" volontiers à la césure chez Leconte de Lisle, je viens de remarquer que nous avons les deux dans ce poème :
Le cardinal, vêtu de sa plume écarlate,Sans peur du fouet velu se posent par milliers.
Et nous retrouvons le tournoiement des insectes :
Et, dans un rayon vif, autour des noires ruches,On entend un vol d'or tournoyer et frémir.
Le poème "Le Manchy" avec sa femme "aux beaux yeux de sombre améthyste", ses "tamariniers" mérite aussi le détour, et pas seulement parce que je vous indique des yeux violets et les indices d'un imaginaire commun sur lequel Leconte de Lisle et Baudelaire pouvaient échanger en connaissance de cause.
Sur le lien que je vous ai fourni, vous ne consultez pas les poèmes dans l'édition de 1858 en général, ce n'est donc pas un point de repère statistique pleinement valable, mais si on constate que les césures sont plus sages, c'est quand même une information qui a de grandes chances de correspondre aux vers publiés en 1858.
Ainsi, pour les césures nouvelles, il faudra se reporter au recueil Poésies barbares de 1862.
Je vous ferai une quatrième partie sur ce recueil, puis sur les publications de Leconte de Lisle jusqu'en 1872.
Il y aura encore des petits points intéressants à souligner.
En conclusion, il y a eu une concertation entre Baudelaire et Leconte de Lisle pour la pratique des césures audacieuses en 1855, mais Baudelaire avait le premier l'initiative et il a continué en ce sens, alors que Leconte de Lisle a laissé reposer l'idée, vu son recueil de 1858.
Cas à part de mises au point à faire au sujet de vers particuliers des Contemplations, il n'y a pas eu de vers déviants publiés en 1856.
Cela confirme l'idée que le vers audacieux de Nerval en 1853 est un écho tardif de la première période d'audace du début de décennie 1830 suite aux drames Cromwell et Marion de Lorme d'Hugo. Cela confirme aussi que la période de latence doit être restreinte à la fenêtre 1857-1861. Leconte de Lisle est l'exception, Banville est l'autre en 1857, mais ils fréquentent Baudelaire de près à l'époque. C'est vraiment le recueil censuré de 1857 qui donne le la pour Villiers de l'Isle-Adam, Glatigny et Madame de Blanchecotte, puis le recueil de 1861 des Fleurs du Mal consacre le procédé par l'abondance et donne la note de la mode nouvelle en poésie lyrique.
Après, il y a un sort particulier à faire au cas hugolien. Je ne parle pas de ses antériorités qui sont indiscutables, mais il pratique des vers particuliers de 1853 à 1859 dans Châtiments, Les Contemplations et la "Première série" de La Légende des siècles, ainsi que dans des inédits comme La Fin de Satan, sans qu'on ne sache à quel point il cherchait à réagir à l'actualité des Fleurs du Mal. Il pouvait y réagit par un "comme si" dans Les Contemplations et par un pronom "me" en suspens dans "Le Mariage de Roland", mais il y a le problème des dates de composition des poèmes concernés, quelques autres excentricités métriques "A, B, C, D du coeur humain", "comme" en poésie non dramatique devant la césure dans ses Châtiments. Pourquoi cette évolution s'amorce-t-elle aussi au même moment dans la poésie lyrique de Victor Hugo ?
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