mercredi 19 juin 2024

"L'Humanité chaussait le vaste enfant Progrès" et l'égoïsme sous le pommier...

Le présent article répond enfin à un effet d'annonce déjà fort ancien. J'ai toujours dit, d'un côté, qu'un jour je produirais ma propre étude du monostiche zutique attribué par Rimbaud à Louis-Xavier de Ricard : "L'Humanité chaussait le vaste enfant Progrès." Il me faut du temps pour relire toute la production du co-fondateur du Parnasse contemporain, et je n'avais pas placé cette lecture dans mes priorités. Et puis, d'un autre côté, j'avais annoncé un lien avec des vers d'Amédée Pommier et il ne me semble pas avoir précisé desquels il s'agissait sur ce blog ou ailleurs.
Amédée Pommier est une des principales cibles du Cercle du Zutisme à cause de la pratique des sonnets sur des vers courts, et en particulier les sonnets en vers d'une syllabe. La genèse est plus complexe. Le premier sonnet en vers d'une syllabe vient de Paul de Rességuier et cette pièce est antérieure aux deux poèmes en vers d'une syllabe d'Amédée Pommier qui nous sont connus. Ensuite, Alphonse Daudet fait lui aussi partie des cibles principales du Cercle du Zutisme avec en prime un fort différend l'opposant à Paul Verlaine lui-même. Et si les zutistes ont pratiqué le sonnet en vers d'une syllabe, il n'y a rien de la faute d'Amédée Pommier, puisque le déclencheur c'est le poème du Parnassiculet contemporain "Le Martyre de saint Labre" sous-intitulé "Sonnet extrêmement rhythmique". La pièce a été publiée sous couvert d'anonymat, mais l'identité de l'auteur a été révélée, il s'agit d'Alphonse Daudet, cependant que la mention "extrêmement rhytmique" est une citation de "La Nuit du Walpurgis classique", une pièce de Verlaine incluse dans ses Poëmes saturniens. Les réactions violentes de Verlaine à l'encontre de Daudet sont bien connues. Evidemment, je considère que "Mes Petites amoureuses" avec son "mouron" (citation des Amoureuses de Daudet) et aussi ses "caoutchoucs" (citation du roman Le Petit Chose paru en 1868) et "Le Cœur supplicié" avec des triolets enchaînés à la manière de Banville et aussi des "Prunes" de Daudet sont des pièces pré-zutiques qui tendent à prouver que Rimbaud n'a pas fait que rencontrer accessoirement le futur zutiste André Gill à Paris entre le 25 février et le 10 mars 1871. J'ajoute le repérage d'autres perfidies. Par exemple, en écrivant un sonnet en vers d'une syllabe Daudet visait Paul Verlaine et faisait allusion à un autre Paul, l'auteur du premier sonnet en vers d'une syllabe. Cette astuce est reprise par Rimbaud dans "Jeune goinfre", sonnet en vers de deux syllabes (on étoffe le répertoire imaginée par Paul de Rességuier), puisque le poème mentionne le héros Paul de poèmes de La Comédie enfantine et évoque Paul Verlaine, comme cela est prouvé par les réactions amusées de Verlaine sur le manuscrit de l'Album zutique. Mais il n'est pas seulement prouvé qu'il y a "private joke", puisque Paul Verlaine est la cible du sonnet "Le Martyre de saint Labre" du fait de la mention "extrêmement rhytmique". Bref, même sans être dans la confidence du Cercle du Zutisme, quelqu'un qui connaît le "Martyre de saint Labre" du Parnassiculet contemporain ne peut que superposer la référence à Louis Ratisbonne et la cible de Daudet Paul Verlaine. Une autre fourberie semble passer inaperçue, je l'ai repérée il y a bien longtemps, mais je ne sais pas si je l'ai jamais écrite quelque part... En tout cas, j'ai déjà dû faire remarquer la suite "Médaillonnets" et "Parnassiculet" qui va de Barbey d'Aurevilly à Alphonse Daudet et ses complices. Or, si vous êtes observateurs, vous remarquez que Daudet est très mal avisé de pratiquer ce jeu d'apparent suffixe, et j'ai tendance à penser que Rimbaud joue sur cette idée quand il signe l'ensemble des "Hypotyposes saturniennes ex Belmontet" : "Belmontet, archétype Parnassien". Le Parnassiculet contemporain se veut une caricature d'archétypes parisiens tournés en dérision, et Belmontet enrichit l'effet de série : "Médaillonnet", "Parnaissculet", "Daudet", "Belmontet". On a un effet satirique du diminutif "-et", Daude / Daudet ou Belmont, sinon Belmonte / Belmontet (nom d'origine italienne). Quand on lit les "Hypotyposes", on ne songe qu'à Belmontet comme cible, mais avec la mention "archétype parnassien" et la mention "saturniennes" vous avez des indices pour brasser plus large. Je rappelle que la mention "extrêmement rhytmique" vient précisément du recueil Poèmes saturniens, et l'insertion "saturniennes" dans le titre "Hypotyposes saturniennes ex Belmontet" est du même ordre que la rallonge "Le Martyre de saint Labre, sonnet extrêmement rhytmique".
Ce mécanisme de brasser large va nous permettre de revenir à la question des sonnets en vers courts comme à celle du monostiche de Ricard. Rimbaud n'a pas signé d'une attribution zutique les "Conneries", ni Paul de Rességuier, ni Amédée Pommier, ni Alphonse Daudet. Il faut dire que ce dernier n'avait pas signé son attaque en règle. On pourrait croire que la référence à Rességuier et Daudet suffit vu la forme du poème : sonnet de vers courts, mais "Jeune goinfre" parodie aussi des poèmes de La Comédie enfantine de Louis Ratisbonne, et Rimbaud a coiffé ses trois sonnets en vers courts du titre "Conneries". Le mot "con" apparaît dans la série zutique antérieure de trois sonnets en vers d'une syllabe de Léon Valade, mais à inspecter les poèmes on comprend assez vite que Valade comme Rimbaud reprennent sans arrêt des mots aux poèmes en vers d'une syllabe d'Amédée Pommier, voire à d'autres poèmes en vers courts, et parfois les emprunts sont à des poèmes pourtant en alexandrins. Le mot "Conneries" est une contraction de titres divers des recueils de Pommier, de Colères à crâneries. Et j'ai montré en 2009 l'importance clef de la dispute entre Verlaine et Barbey d'Aurevilly au sujet précisément du mérite respectif des vers de Pommier et de ceux de Banville. J'insiste d'ailleurs sur cette opposition entre le mérite respectif des vers de Pommier et ceux d'un des principaux maîtres du Parnasse. C'est cette dispute qui nous a valu les Médaillonnets anti-parnassiens de Barbey d'Aurevilly, puis le Parnassiculet contemporain, et c'est parce que Verlaine a épinglé les vers d'une syllabe de Pommier dans sa réplique à Barbey d'Aurevilly en 1865 que Daudet a lié Verlaine à la forme de Paul de Rességuier. Donc, on a bien une superposition essentielle des références à Rességuier, Daudet et Pommier quand on lit les poèmes en vers d'une syllabe des contributeurs zutiques, et cela concerne autant Valade que les "Conneries" de Rimbaud.
Je ne vais pas revenir ici sur ce que doivent les trois poèmes "Jeune goinfre", "Paris" et "Cocher ivre" à Pommier, encore que dans le cas de "Cocher ivre" ça serait intéressant dans la perspective thématique du présent article. Et je ne reviens pas non plus sur les emprunts à Pommier dans les sonnets en vers courts des autres participants.
Moi, ce qui m'intéresse, c'est de poser le cadre de l'importance de Pommier et de bien souligner aussi que les parodies zutiques si elles semblent cibler un auteur au cas par cas fonctionnent comme des répliques de clans à clans. Le mot "répliques" est un peu problématique, vu que Daudet et compagnie n'ont pas accès à l'Album zutique, mais vous avez au moins compris la dynamique de groupe du Cercle du Zutisme, et vous comprenez aussi comment poser un regard transversal sur ses parodies en vous disant que nous avons un discours de sarcasmes opposant les parnassiens à un groupe en devenir qui réunit aux opposants anti-parnassiens de la première heure (Daudet, Pommier, ou assimilé Ratisbonne, Belmontet, Veuillot) à un ensemble de parnassiens (jusqu'à un membre des réunions zutiques) qui déclarent petit à petit leur hostilité à certains esprits libres : Mendès, Mérat, Coppée, Dierx visiblement, etc. Verlaine étant parodié avec "Fête galante", le monostiche attribué à Ricard n'est pas automatiquement une satire d'un poète ennemi, Ricard.
Vous constatez que je pose un cadre qui ne fonctionne pas comme celui auquel se réfèrent Claisse, Teyssèdre, Saint Clair je crois, Bardel (notice du Dictionnaire Rimbaud de 2021) et quelques autres. Eux voient des parodies, identifient une cible et lisent le poème comme une charge d'un tel ou d'un tel. Ils conviennent que dans le cas de Verlaine les attaques ne portent pas à conséquence ("Fête galante" ou "Jeune goinfre"), mais pour le reste c'est systématiquement une lecture antipathique ou nimbée de reproche qui est envisagée.
Personnellement, je ne vois pas comment du seul alexandrin : "L'humanité chaussait le vaste enfant Progrès[,]" on peut envisager une charge contre Ricard. Si Ricard parlait au nom des versaillais, oui automatiquement ça parlerait, mais là ce n'est pas le cas. Donc, mon idée, c'est de bien se représenter ce qu'était Ricard et mieux encore ce qu'était Ricard pour le Cercle du Zutisme au moment où Rimbaud invente ce vers. On ne peut pas broder et spéculer quant à la lecture de ce vers. Je ne suis pas d'accord. Je fais aussi remarquer que la lecture obscène proposée par Jean-Pierre Chambon et déclarée évidente par Claisse, Bardel et d'autres pose en réalité problème. Certes, l'emploi obscène est validé par des exemples et par une entrée dans le Dictionnaire érotique moderne de Delvau (1864, mis au pilon, mais des exemplaires ont circulé). Claisse cite la définition de Delvau, l'emploi en mention n'est pas "chausser", mais "chausser une femme". Ceci dit, peu importe, d'autant que le dictionnaire de Delvau porte mal son nom vu qu'il recense plus souvent des métaphores que des mots d'une langue érotique. Là où le bât blesse, c'est la définition donnée par Delvau. Le verbe "chausser" ne signifie pas simplement "introduire son sexe masculin dans un orifice de femme", le sens précis est que le sexe masculin correspond idéalement aux mensurations du sexe féminin. Du coup, je ne partage pas le sentiment d'évidence de Claisse qui dit que le sens sexuel admis s'imposait à l'époque à la lecture du monostiche attribué à Ricard. Alors, oui, je ne suis pas idiot, je me doute bien qu'il faut bien une petite équivoque sexuelle quelque part dans ce monostiche et que si on retire le sens obscène du verbe "chaussait" il ne va rien rester. Mais tout de même, il faut reprendre l'enquête pour bien déterminer les vraies intentions parodiques de Rimbaud. Même si on maintient que le monostiche s'enrichit d'une équivoque obscène, il faut d'abord se poser la question de ce à quoi répond précisément le vers : "L'Humanité chaussait le vaste enfant Progrès." Et pour le savoir, il faut aller chercher dans le corpus de Louis-Xavier de Ricard ce qui a bien pu précipiter cette réplique.
Et j'ajoute donc ici la dimension collective des satires. Sur la double page manuscrite qu'on peut avoir sous les yeux, on a une attaque de Verlaine et Rimbaud contre Mérat, une attaque de Rimbaud contre Armand Silvestre connu aussi sous le pseudonyme de Ludovic Hans, une attaque de Rimbaud qui côtoie celle contre Mérat et qui contient une allusion rimique à Mendès "écarlatine", la pièce "Vu à Rome". On a un Verlaine épinglé. C'est un peu comme la liste des poètes et célébrités dans le sonnet en vers de six syllabes "Paris", où Mendès est mentionné avec Eugène Manuel notamment : Verlaine est une pièce du décor, puisqu'il a fixé la haine de Barbey d'Aurevilly, Daudet et quelques autres. La double page représente la société poétique de Paris, il n'y manque pas Coppée. On a eu plus tard des interventions de Camille Pelletan et Léon Valade que je laisse de côté pour cette fois, et donc on a le monostiche de Ricard. J'observe aussi la forte allure de presse parisienne : titre "Vu à Rome", humour de journaliste des poèmes faussement attribués, pratique de formes brèves très utiles dans la presse : poème-quatrain ou monostiche. On observe une tendance à la mise en regard : La parodie de L'Idole est mise en regard du quatrain "Lys", la parodie "Vu à Rome" en trois quatrains a une réplique "Fête galante" en trois tercets" avec donc une tension allant de Dierx à Verlaine, et puis deux dizains "coppéens" enchaînés sont mis en regard d'un monostiche attribué à Ricard, ce qui met en tension Coppée l'ami de la famille impériale, l'anticommunard qui comme Dierx qu'il avoisine ("Vu à Rome") veut qu'on songe à reprendre l'Alsace et la Moselle en ne restant pas des vaincus, tout en dénonçant la Commune, tandis que Ricard est un communard à ce moment-là réfugié par l'exil si je ne m'abuse (octobre 1871).
Je ne crois pas à une lecture politique de "Vu à Rome" désolidarisé de l'évident dispositif scénique de la double page manuscrite placée sous nos yeux avec "Sonnet du Trous du Cul", "Lys", "Vu à Rome", "Fête galante", deux faux-Coppée et le monostiche attribué à Ricard. Quand Lepelletier épingle Verlaine tenant la main à une "Mlle Rimbault", il mentionne que tous les parnassiens sont là avec leur éditeur Lemerre, et ils mentionnent précisément Mendès et Mérat se tenant la main, avec Houssaye et Dierx autour. Houssaye était un éditeur clef dans la presse. Pour moi, il est clair que Lepelletier a plus que maladroitement mis en garde Verlaine. Lemerre et Houssaye sont cités comme pouvant empêcher Verlaine de publier à l'avenir, et Mendès et Mérat sont clairement mentionnés en tant qu'ils se moquent ouvertement de la relation de Verlaine et Rimbaud. Et Dierx est cité, alors qu'on s'attendrait à une ribambelle de noms si tous les parnassiens sont présents ce soir-là à l'Odéon à une première de Glatigny.
Et donc, en 2009, j'avais cherché la source au monostiche en relisant les vers de Ricard qui m'étaient accessibles sur internet : ses deux premiers recueils, ses contributions au Parnasse contemporain. Je n'avais pas accès à sa plaquette sur la Pologne, et je n'ai pas lu ses ouvrages en prose non plus. A ce sujet, à l'instant même, je regrette de ne toujours pas avoir lu certaines pièces, notamment un article "Révolte populaire" écrit sous la Commune.
J'ai relevé en réalité plusieurs vers qui entraient en résonance avec le monostiche, mais j'ai mis en avant un couple de vers où l'écho était plus significatif :
Prends en pitié ce fou qui, se pensant un sage,
Crois que l'humanité marche dans le progrès ;
[...]
Il s'agit de vers du poème intitulé "L'égoïsme ou la leçon de la mort" qui figure dans le premier recueil de Ricard Les Chants de l'aube.
Les vers sont mis dans la bouche de quelqu'un qui tient un discours antithétique à celui de Ricard. Ce dernier, comme beaucoup de poètes de son époque, Hugo entre autres, formulait au contraire avec optimisme qu'il y avait une marche de l'humanité vers le progrès. Le rapprochement vaut par le placement de deux termes communs : "l'humanité" et le mot "progrès" en fin de vers (j'allais dire à la rime, mais Rimbaud n'a produit qu'un monostiche).
Cette croyance était réellement celle de Ricard, celle qu'il affirmait dans plusieurs de ses poèmes. C'est pour cela qu'il va être temps que je rédige une étude où je cite tout ce qu'il y a à rapprocher dans les vers de Ricard du monostiche créé par Rimbaud.
Mais n'avez-vous pas comme moi au passage un petit sentiment d'étrangeté ? Au lieu de citer directement des vers où Ricard affirme son credo, Rimbaud est passé par la réfutation d'un ennemi. Cet ennemi est anonyme, c'est le modèle de l'égoïste.
Et, donc au-delà de l'attente d'un article de fond sur le corpus ricardien, c'est là que vient une autre idée importante. Ricard répondait à quelqu'un de précis parmi ceux qui dénoncent le progrès. Et cette personne pourrait bien être le poète Amédée Pommier lui-même avec son recueil intitulé Colères, titre de recueil qui est un élément de l'invention du titre "Conneries" par Rimbaud.
La préface du recueil Colères est très intéressante à lire, puisque comme il allait exagérer avec les acrobaties métriques, il prétendait offrir une poésie injurieuse débridée comme jamais on en avait lu auparavant. Pommier dit s'être censuré pour ne pas offusquer des amis aux opinions divergentes. Mais, entre les lignes, vous observez que Pommier a une conception de l'art un peu déconcertante, puisqu'il a l'air de croire qu'il suffit d'être plus ordurier que les autres pour créer une œuvre décisive. Et cette lubie de Pommier croise précisément le formel et le politique.
Ce recueil de Colères, que Pommier dit qu'il aurait pu enrichir de beaucoup d'autres éclats s'il n'avait pas crain que son volume soit invendable, contient des pièces politiques où le progrès reçoit son lot, avec des pièces intitulées "Athéisme" sur l'esprit voltairien du dix-huitième siècle, etc. Vous avez aussi un poème "Aurolâtrie", et ce poème est précisément précédé d'une pièce intitulée "Egoïsme" où il est question et avec ces termes de l'humanité marchant vers le progrès.
Mon ordinateur faisant des siennes (merci les débiles mentaux de l'espionnage), je ne arrêter là pour cette fois. Je citerai les pièces et les commenterai dans un prochain article. Je n'ai pas le choix.
De toute façon, en 2024, on le sait que l'humanité ne marche pas dans le progrès, puisque la population occidentale est complètement amorphe et se laisse manipuler. On est dans un monde digne d'Orwell. Tous les messages sur internet sont enregistrés, et avec des algorithmes puissants les américains peuvent savoir qui couler, qui mettre en avant politiquement. La nullité invraisemblable de Macron, Attal, Bardella et Séjourné, elle vient de ces manipulations-là. Le parti écologiste est contre le nucléaire civil, mais la guerre nucléaire pour l'Otan ça ne lui pose pas de problème, et le parti socialiste se met dans des législatives derrière un macroniste qui le dit qu'il n'est pas socialiste et qu'il se sent plus proche de la jet set que de quelqu'un de la périphérie française. Il est absolument évident que sortir de l'union européenne, de l'euro et de l'Otan c'est la priorité absolue, on peut y ajouter la suppression du conseil constitutionnel, invention d'Ancien Régime qui n'a pas sa place. La guerre en Ukraine est faite sur des mensonges qui défient la raison. Mais, peut-être que dans cette confrontation, il y a un progrès relatif. C'est bientôt la fin de l'hégémonie américaine. D'ailleurs, le paradoxe dont vous ne vous rendez pas compte, c'est que, même s'ils ont conscience désormais d'échouer, les milliardaires et les politiques ne peuvent plus faire marche arrière, ils doivent vous vendre cette guerre, car plus vite ils se retireront plus vite on en viendra à leur demander des comptes. Là, on est dans du malheur mécanique. La Russie, la Chine, les Brics, le Sud global vont gagner. Là, le paradoxe, c'est que, même si vous croyez que les Etats-Unis s'enrichissent par la vente d'armes et la mise sous tutelle des pays de l'Union européenne, en réalité on est arrive à un moment où par leur avidité contre la Russie les élites américaines vont faire chuter le rayonnement de la puissance américaine et c'es le début de la fin d'ère glorieuse de leurs milliardaires. Là, le retournement de situation, il va arriver, il est prochain.
Je remarque que beaucoup de gens se font des illusions sur la guerre de position en Ukraine.
Il y a deux choses que vous ne comprenez pas.
Premièrement, les occidentaux pensent la guerre comme un film d'action : on va à l'assaut d'un territoire à conquérir, on prend du territoire jusqu'à ce que l'ennemi n'en puisse plus ou qu'on ait tout envahi ou qu'on ait pris sa capitale. Ben non ! Le territoire, ce n'est pas un bout de gâteau, il ne disparaît pas si on ne le prend pas tout de suite. Les russes ont une conception de l'art opératif. Ils font une guerre de position moins coûteuse en hommes, ils détruisent le matériel adverse. Et même ils se permettent des mouvements de retraite sans pertes comme en 2022 car ils considèrent qu'ils sont trop exposés. Evidemment, comme il y a tout de même des avancées russes, jadis sur Marioupol, maintenant sur quantité de villages, vous vous dites que l'argument est de mauvaise foi. Puis, vous vous dites que ça dure longtemps l'art opératif et que donc de toute façon les russes ne sont pas capables de prendre le territoire. Certes, on peut penser que le temps est long de l'art opératif et qu'à un moment s'il permet de détruire le matériel ennemi le déséquilibre doit être tel que l'invasion à un moment donné doit être toute simple. Puis, le temps long de l'art opératif a lui aussi un décompte macabre et qu'une guerre longue peut faire autant de morts qu'une guerre rapide dans le camp qui a adopté l'art opératif en vue de minimiser les pertes.
N'oubliez pas le deuxième point : les conditions actuelles de la guerre en Ukraine n'ont rien à voir avec le milieu du vingtième siècle. Il est impossible d'attaquer avec des colonnes de char en plaine à l'ère de la surveillance satellite américaine, à l'ère des missiles anti-chars disponibles en pagaille, et enfin à l'ère des drones à bas coût. C'est d'ailleurs une arme terrifiante, puisque sur le front si le soldat s'inquiète de sa mort quant à tout type d'armes, il a cette fois une arme qui peut manifester sa présence visuellement, sinon par son seul bruit, et une arme qui fait monter la peur (pensez aux pages de Marc Bloch dans L'Etrange défaite) tout en ne frappant pas forcément immédiatement une sensible. C'est un peu le prédateur qui semble jouer avec les nerfs de sa proie.
Une paix immédiate serait signée, les occidentaux devraient renoncer aux avoirs russes qu'ils prévoient d'utiliser dans ce conflit. Il y a des malins pour croire que c'est simple de prendre son argent au belligérant ennemi. Moi, tout ce que je vois, c'est que les milliardaires impliqués et nos dirigeants vont nous obliger à poursuivre cette guerre perdue d'avance, parce qu'ils n'ont pas un aussi bon futur une fois cette guerre terminée. Puis, je vois la catastrophe économique qui n'arrive pas de prendre un visage de plus en plus patent pour les pays de l'union europénne. La guerre en Ukraine n'est pas la seule cause, mais c'est encore une goutte supplémentaire dans une coupelle qui déborde depuis déjà bien longtemps. Espérons s'il faut croire au progrès que la victoire russe réveillera les populations européennes. Je ne m'attends à rien. Les européens prendront conscience de ce qu'ils ont perdu par leur insouciance après la défaite.

1 commentaire:

  1. Les maux de tête sont là, donc pas moyen de pondre la suite.
    Marrant, aucune réaction à l'article sur les Triolets du bon voyage.
    Sinon, au sujet de Ricard, je souhaiterais aussi citer des passages du livre Mémoires d'un Parnassien où il est question de la colère de Barbey d'Aurevilly parce que son ami Pommier a été refusé. Parce que là la boucle est bouclée. Malheureusement, je n'en possède pas d'exemplaire. Il faudra que je botte en touche.
    L'autre truc, c'est sur "Vu à Rome", le poème est surtitré Lèvres closes, donc c'est une évaluation du recueil qui doit compter. Mais il y a aussi la plaquette sortie le 5 octobre Paroles du vaincu. On se contente de dire que la liste des mots communs à Vu à Rome et aux Lèvres closes (que j'ai établie personnellement) ne permet pas d'éclairer l'idée d'une parodie, mais les mots sont bien là. Et on rejette frontalement la réalité des octosyllabes de la plaquette sous prétexte que ça ne fait jamais le moindre lien avec "Vu à Rome".
    Or, sur le schismatique, il y a des poèmes de Dierx qui sans utiliser le mot développent l'idée de rupture entre gens, et Paroles du vaincu commence par le rêve de "paix universelle", concept d'origine kantienne (Vers la paix perpétuelle), mais on ignore l'origine du slogan "paix universelle"' et ça se perd entre Révolution et Kan, période napoléonienne et christianisme (von Hasselt), plus conférence de la paix de 49. Dierx écrit "paix universelle" sans un mot pour les communards et connaît la rupture en cours avec Verlaine et Rimbaud en 71. Enfin, il y a l'article des Hommes d'aujourd'hui de Verlaine sur Dierx, où il met en avant des poèmes et finit d'un mot sur l'engagement républicain de Dierx.
    Je vais reprendre cette approche, la maigreur des signes parodiques ne m'arrête pas.

    RépondreSupprimer