Il me fallait travailler à une petite mise au point provisoire au sujet du château de Saint-Cloud incendié par les prussiens le 14 octobre 1870.
Dans le Courrier des Ardennes du samedi 15 octobre 1870, il en est assez peu dit sur les combats du côté de Saint-Cloud et rien sur l'incendie du château lui-même.
Le "Bulletin du Jour" parle des prétentions de Bismarck sur l'Alsace et la Lorraine, en faisant remarquer qu'il n'est plus question toutefois de Soissons. Et dans le "post scriptum", voici tout ce qui est dit sur Saint-Cloud : "L'ennemi est entré à Orléans, mardi soir. Vendredi, il a subi un grave échec, à St-Cloud et a dû se replier sur Versailles. Une lettre personnelle arrivée par ballon monté nous mande que les Prussiens n'ont pas réussi à établir une seule batterie sous Paris." La même information est répétée dans le "bulletin télégraphique" : "[...] au sud-ouest, on leur a enlevé le bas Meudon et St-Cloud, les refoulant sur Versailles."
En page 2, dans la deuxième colonne, nous avons une petite rubrique "La Commune de Paris" où il est question de Delescluze :
M. Delescluze est le promoteur le plus ardent, peut-être, de l'idée de faire élire immédiatement, par la population, la commune de Paris.Dans le Réveil, il ne cesse de développer les motifs qui conseillent, d'après lui, la constitution du pouvoir nouveau.Nous sommes donc heureux de reproduire les lignes suivantes dans lesquelles se trouve appréciée avec autant de modération que de force la manifestation faite hier devant l'Hôtel-de-Ville, par cinq bataillons de la garde nationale :"La démarche faite hier à l'Hôtel-de-Ville par les bataillons de Belleville est regrettable, nous n'hésitons pas à le dire."D'autre part, les manifestations armées semblent toujours porter avec elles la menace d'un appel à la violence, lors même que la pensée qui les a déterminées en est le plus éloignée, l'ordre y fût-il maintenu de la manière la plus exemplaire, comme cela a eu lieu hier notamment."D'autre part, l'expression des vœux d'un quartier de Paris ne peut être jamais qu'un acte isolé, partiel, et ceux auxquels on les adresse sont toujours en droit d'attribuer une volonté contraire aux dix-neuf vingtièmes non représentés."Rien n'est plus honnête, plus sensé, ni plus politique que ce langage. Tenu par un homme qui a réellement consacré toute son existence au triomphe de la démocratie et de la révolution, il est de nature à impressionner fortement les hommes du parti radical. Dans les circonstances où nous sommes, en face de l'étranger, c'est un acte de bon citoyen.
En revanche, le dimanche 16 octobre 1870, le nouveau numéro du Courrier des Ardennes précise enfin, quoique sommairement, la destruction du château, sachant que celle du château de Meudon avait été actée à peu près de la même façon quelques jours plus tôt. Dans le Bulletin du jour, on peut lire dans une dépêche aux alinéas brefs datée de Tours, 15 octobre : "Le château de Saint-Cloud est brûlé."
Fait curieux : sur la même première page du journal, si nous passons de la première à la deuxième colonne, nous avons quelques paragraphes étonnants sur le prince Max de Wurtemberg qui a subi selon les journaux anglais une mésaventure en plein parc de Saint-Cloud digne de "Rages de Césars" :
L'un des derniers jours de septembre, après un déjeûner copieux et d'excessives libations, il s'est avancé imprudemment dans le parc de Saint-Cloud, près la lanterne de Diogène. Là, en face de Paris, il s'est mis à chanter. Mais des francs-tireurs, cachés dans les broussailles, l'ont atteint de deux balles. L'une le frappa à l'occiput, l'autre lui brisa la mâchoire inférieure. Il n'est pas mort, mais il est à jamais défiguré.
Pour l'instant, l'enquête est insuffisante.
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