mercredi 10 septembre 2025

Un peu de rimbaldisme à la noix !

 J'ai entre les mains le volume Correspondance posthume 1891-1900 que Jean-Jacques Lefrère juge en matière de poésie a consacré à Arthur Rimbaud. On apprécie tout particulièrement la tête de benêt du portrait en première de couverture : Bidaut de Glatigné ? Proust dans une escapade orientale des plaisirs et des jours ? Sur la quatrième de couverture, il y a la photographie complète avec l'explorateur Lucereau et le docteur Dutrieux.
Ce volume tenait énormément à cœur à Jean-Jacques Lefrère. C'est le premier tome donc du projet original de "Correspondance posthume" qui consiste à rassembler ce qui s'est écrit sur Rimbaud après son décès. Evidemment, le début de l'ouvrage c'est ce qui enflammait le plus Lefrère de Darzens, puisque la mort de Rimbaud a coïncidé avec la publication du Reliquaire contenant la préface signée Rodolphe Darzens. Darzens était le premier biographe de Rimbaud en quelque sorte et le premier enquêteur biographe, un modèle donc. Et je pense que Lefrère a regretté toute sa vie de ne pas avoir à enquêter sur un écrivain quasi contemporain dont il aurait été l'inventeur. Déjà qu'il a fait une thèse sur le sida et la transfusion sanguine et qu'il a raté le scoop visiblement.
Alors, tout commence avec l'encadré pour l'année 1891 et je relève ce passage où Lefrère épingle Isabelle Rimbaud qui découvre la réputation sulfureuse de son frère : "Isabelle Rimbaud n'est évidemment pas abonnée à ce Petit Ardennais radical-socialiste, favorable à la Libre Pensée et à la franc-maçonnerie, mai un voisin lui apporte l'article." Il s'agit d'une adaptation de la lettre de Delahaye à Verlaine sur la vie de Rimbaud publiée sans autorisation et à l'insu de Verlaine et Delahaye.
C'est rigolo de chercher ainsi les signes de la présence des francs-maçons autour de Rimbaud. Plus il y en a, plus il y est piquant de constater que Rimbaud ne s'est pas laissé récupérer. Puis, c'est du grand n'importe quoi ! "Oh ! Rimbaud a trouvé sympathique, Claretie, pour le peu qu'il l'a vu", "oh ! la franc-maçonnerie a aidé telle personne !" "Oh Verlaine vole à la défense d'Emile Blémont dans un courrier à Nouveau (sachant que Rimbaud visiblement n'a pas lui ménagé Blémont)". Ouais, super, comme accumulations de données ! Une société secrète avec des ramifications qui vont dans tous les sens en incluant des personnalités nettement opposables, et on te dresse une énumération des actions bonnes, comme si le machin était pur et incorruptible par magie. Et dès qu'on critique ce machin secret, ça enrage d'intolérance. Cette société secrète est évidemment le contraire de la démocratie et de la bienveillance éclairée dans une transparence de rapport au peuple, aux petites gens. Point barre. Et Rimbaud aurait dit du bien de la franc-maçonnerie, qu'il aurait été con de le faire. Le défaut de la franc-maçonnerie est un défaut de nature, point barre. Et le discours d'Une saison en enfer rejette l'idée d'avoir foi en une telle société. Point barre.

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