vendredi 17 août 2018

Article à paraître bientôt

Voilà apparemment mon retour dans les publications d'articles sur papier. Je pense qu'à la rentrée environ sortira le volume des actes du colloque "Les Saisons d'Arthur Rimbaud" qui s'est tenu à Paris en mars 2016.
Mon article est un peu particulier. Je l'ai écrit dans un style résolument accessible à tous. J'ai aussi évité les analyses de détail d'un texte pour privilégier l'apport d'un maximum d'informations générales.
Dans un premier temps, je montre qu'on peut encore renouveler la perception d'ensemble de l'Album zutique. C'est une avalanche de considérations inédites. J'explique un peu, et cela intéresse la biographie de Rimbaud, que la relation du poète à Verlaine, Valade, aux zutistes et aux dirigeants de la revue La Renaissance littéraire et artistique a commencé lors du séjour à Paris du "25 février au 10 mars" et j'envisage même des conséquences pour la lecture des lettres "du voyant". Ce que je n'ai pas écrit dans l'article, c'est que je n'excluais même pas que Rimbaud ait lancé des compositions aujourd'hui perdues dans l'Album des Vilains Bonshommes, alors que j'envisage la chose comme plausible. J'explique que l'Album zutique n'était pas dans les mains de Charles Cros, mais de Léon Valade. Je fixe un certain décor et une certaine ambiance également, en relayant bien sûr la contribution de Daniel Courtial au sujet du repérage du local des zutistes à l'Hôtel des Etrangers en maintenant toutefois le caractère hypothétique de la localisation. Je livre les arguments et les dernières difficultés à surmonter à ce sujet. Un truc que je n'ai pas dit dans l'article, alors que j'y pense, c'est que Rimbaud a pu composer sa dernière contribution zutique "Ressouvenir" au moment même du passage de Delahaye. Je devrais étudier les dates du passage de Delahaye pour voir si ça ne peut même pas coïncider avec les compositions finales de Cabaner et Rimbaud : "Que fais-tu..." et "Les Remembrances du vieillard idiot".
Un des apports importants, c'est de montrer que l'Album zutique a un modèle précis du côté des publications récentes de Poulet-Malassis et que, du coup, la publication de l'Album zutique sous le manteau n'était en aucun cas exclue, contrairement à l'idée d'une pure littérature de l'ombre qu'on s'en fait aujourd'hui.
Dans un second temps, j'ai travaillé sur trois sujets précis. D'abord, après avoir rappelé mon antériorité et les arguments au sujet de la datation des contributions zutiques, face au livre de Teyssèdre et Lefrère qui en a ensuite fait usage, je montre les défauts de l'approche chronologique page par page de Teyssèdre. Je développe une idée qui a été d'emblée saluée comme importante lors du colloque : celle de transcriptions en séries avec des interactions entre contributeurs qui pratiquent l'émulation entre eux. Je montre que l'ordre des transcriptions n'est pas toujours celui qu'on croit, mais qu'on peut révéler ce qu'il s'est passé pour des feuillets bien précis, les premiers notamment ou bien le secteur des feuillets 19 à [23]. C'est plus de l'analyse du document que de l'analyse littéraire, mais c'est un gros révélateur pour les études à venir. Au fait, si j'ai indiqué dans mon article que le sonnet "Propos du Cercle" avait été composé après "Le Sonnet du Trou du Cul", mais reporté avant dans le corps de l'Album, et si j'ai dit que la majuscule à "Cercle" dans le titre s'expliquait par la majuscule à "Cul" d'un manuscrit support perdu, j'ai évité de le faire dans l'article, mais je le fais ici : la phrase attribuée à Antoine Cros en réponse à Mérat : "Zutisme est le vrai nom du cercle!" implique un rejet à la césure : "Zutisme est le vrai nom + du cercle ![...]" du dernier vers du premier tercet, le suivant tercet se ponctuant par la réplique "Ah ! merde !" attribuée à Rimbaud, ce qui veut dire que le cercle est une figure de l'anneau (autocensure ludique), ce qui veut bien dire que "Propos du Cercle" sert à annoncer le sonnet suivant de Verlaine et Rimbaud. Mon deuxième sujet, c'est de montrer justement que le "Sonnet du Trou du Cul" est une parodie complexe. Nous avon deux auteurs, Verlaine pour les quatrains et Rimbaud pour les tercets, une cible parodique Mérat, mais une imitation de deux recueils distincts. Et Rimbaud dans les tercets fait allusion très souvent aux mêmes poèmes que Verlaine dans les quatrains, ce qui prouve la concertation. La vérité de cette parodie à deux niveaux avait été entrevue, mais je dévoile toute la portée de la révélation.
Le dernier point, c'est celui des poèmes en vers d'une syllabe. Dans son livre sur les vers d'une syllabe, Alain Chevrier avait signalé à l'attention de bons documents, mais à aucun moment il n'établissait les liens nécessaires. Personne, après 2002, date de parution du livre d'Alain Chevrier, n'a dit que les sonnets en vers d'une syllabe des zutistes parodiaient précisément tel ou tel auteur. Désormais, outre que j'offre ma propre perspective historique sur les poèmes en vers courts, on pourra dire qui est parodié. Je dis d'ailleurs dans mon article que si je n'ai proposé aucun tableau je leur livre la méthode d'accès, il suffit de relever les emprunts, pêche miraculeuse garantie. Or, le sonnet en vers d'une syllabe a deux cibles parodiques, d'un côté un ami de Barbey d'Aurevilly, de l'autre un ennemi du Parnasse, et je donne des preuves tangibles que les deux cibles sont à prendre en considération. Je donne des arguments pour expliquer pourquoi les sonnets en vers d'une syllabe (ou de deux, trois ou six syllabes) ne sont pas signés. Il y a parfois des subtilités auxquelles personne ne pense. J'explique à quoi fait allusion le mot "Conneries" également.
Comme je n'ai pas tout dit, d'autres articles zutiques sont à venir. J'annonce d'ailleurs des enquêtes ultérieures sur Daudet ou sur l'étonnant poème en vers d'une syllabe attribué à Baudelaire au point de figurer dans les éditions de ses Oeuvres complètes. Je démontre au passage que c'est un faux dans l'article...
Voilà ce qui s'annonce dans cet article bien nourri. Il sera assez long, une quarantaine de pages.

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je lirai avec attention votre article, qui annonce quelques mises au point intéressantes. En étudiant les contributions tardives de l'Album zutique, j'en suis arrivé à la même conclusion que vous : il devait être entre les mains de Léon Valade. Charles Cros n'était pas à Paris lors de la transmission de l'album aux Vivants (bien qu'il soit difficile d'avancer une date très précise) et Valade avait déjà joué un rôle important pour les Vilains Bonshommes. Cependant, vous envisagiez déjà cette possibilité en 2011 sur le blog de Jacques Bienvenu...

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    1. Bonjour. Pour info, quand vous envoyez un message, ils ne sont mis en ligne qu'une fois que je les ai validés, ce qui peut prendre plusieurs jours parfois.
      Pour la transmission de l'Album, je ne dirais pas qu'il a été transmis aux Vivants. C'est plutôt Valade qui a assisté à des rencontres des Vivants et qui les a laissés écrire sur l'Album, puisqu'il y a deux dédicaces. J'ignore tout de la transmission de l'Album par la suite. Je pense toutefois que l'enquête du côté de Rollinat et du côté de la publication du "Pauvre diable" attribué à Baudelaire dans un n° du Figaro en 1878 est capitale, d'autant que ça nous rapproche des dates où Champsaur, proche de Rollinat et des Hydropathes à l'époque, a eu accès aux manuscrits Forain-Millanvoye et a publié un extrait des "Chercheuses de poux". S'il y a d'un côté, le problème de l'Album, je pense qu'il y a une chaîne Rollinat-Champsaur-Mirbeau avec passage d'une lecture de l'Album zutique à celle des Veilleurs, mais pour les recherches je n'habite pas à Paris...

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    2. Le terme de "transmission" n'est sans doute pas le plus approprié, en effet, car il semble qu'aucun des derniers contributeurs n'ait gardé l'Album. De même, on ne peut parler des Vivants dès cette époque. Il est vraisemblable que Léon Valade ait été suffisamment proche de ce petit groupe pour leur montrer l'Album zutique, et les parodies de certains confrères parnassiens ne devaient pas déplaire à Richepin ou Ponchon.
      Les deux dédicaces à Valade sont importantes, vous avez raison. On trouve aussi dans les volumes publiés des dédicaces qui témoignent de la sympathie entre ces poètes. Dans À mi-côte, un poème est adressé à Richepin, Nouveau, Bourget et Bouchor (mais il est vrai que Valade n'oublie personne!). Et dans les Chansons joyeuses, Maurice Bouchor n'oublie pas Valade, ni même Mérat.
      Les pistes que vous donnez au sujet d'une chaîne Rollinat-Champsaur-Mirbeau m'intéressent, mais je ne connais pas suffisamment ces auteurs, ni l'histoire des manuscrits de Rimbaud. Cependant, peut-être ne faut-il pas négliger l'importance de la circulation orale des poèmes...

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    3. En fait, l'Album zutique est celui d'un groupe d'octobre-novembre 1871. L'Album était détenu par Valade qui avait détenu auparavant l'Album des Vilains Bonshommes (brûlé avec l'Hôtel de Ville). Valade a ressorti l'album en mai 1872 et il y a eu des contributions minimales, puis il l'a ressorti à la fin de l'année 1872, sans que ce ne soit nécessairement lié aux réunions des Vivants, mais en tout cas il y avait Bouchor, Ponchon, Nouveau et Pierre Elzéar Bonnier et Bourget dans ces réunions.
      Pour la chaîne, Rollinat-Chmpasaur-Mirbeau. En fait, Rollinat a lu l'Album zutique, a retranscrit le Sonnet du trou du cul pour un de ses amis, un ariégeois et fuxéen. Rollinat a été proche de Champsaur, de Goudeau, du noyau dur des Hydropathes vers justement 78-79. Or, alors que Rollinat a participé au projet des Dixains réalistes, il a basculé dans le groupe des Hydropathes et Champsaur qui détestaient Verlaine et Rimbaud, poétiquement y compris. En 1880, il y avait des lectures publiques de poésies impliquant des peintres également, ce fut une mode de cette année-là. Champsaur a cité du Rimbaud, puis Mirbeau a enchaîné quelques années après. Je pense que tout ça est lié. Enfin, les manuscrits obscènes de Millanvoye-Forain n'ont pas encore été identifiés ou retrouvés, alors qu'il en avait un.

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