samedi 21 juin 2025

Les Illuminations et les Petits poèmes en prose de Baudelaire...

Rimbaud ne semble pas réécrire de passages des petits poèmes en prose de Baudelaire dans ses Illuminations. Il faut ajouter que les ressources poétiques sur lesquelles jouent les deux poètes apparaissent comme distinctes, voire opposées.
Rimbaud écrit dans une langue savoureuse et raffinée, quelque peu à la manière de Gautier, avec une science instinctive très sûre au plan du rythme. Baudelaire écrit pour sa part une prose un peu pataude qui n'a ni l'impact du vers, de la poésie en prose de Rimbaud, mais pas même l'impact d'une prose poétique envoûtante dont Chateaubriand, Nerval et quelques autres ont pu donner des exemples, ni la forme télescopée, pleine de gallicismes ou de mises en relief de passages courts, d'un Victor Hugo. Il est de nombreux récits du recueil de 1869 de Baudelaire qui ne sont rien d'autre que des récits en prose au phrasé assez lourd. Ce qui sanctifie la prose de Baudelaire, c'est que, malgré ses défauts lyriques évidents, elle est chargée d'une atmosphère intellectuelle lourde qui permet de virer par moments au poétique.
Prenez le deuxième poème : "Le Désespoir de la vieille". L'attaque du récit ne vaut pas mieux que du Flaubert :
 
   La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile comme elle, la petite vieille, et comme elle aussi, sans dents et sans cheveux.
 Il y a des répétitions ou reprises qui font poétique et que Flaubert ne cautionnerait pas, alors que c'est ce qui commence à sauver le lyrisme baudelairien pour ce premier paragraphe : "à qui chacun... à qui tout le monde", "La petite vieille... comme elle, la petite vieille aussi, et comme elle aussi...", "ce joli enfant... ce joli être". Toutefois, même avec de telles reprises, la comparaison n'émeut pas tant cela est dit de façon pataude. Le lyrisme n'est ni juste dans le côté émouvant, ni juste dans le côté ironique : "à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile comme elle, la petite vieille, et comme elle aussi, sans dents et sans cheveux." Baudelaire expose lourdement ses idées sans arriver à les animer : la petite vieille est comme le joli être sans dents et sans cheveux fragile et veut plaire, sauf que voilà elle n'est pas jolie et ne plaît pas. Je suis plus efficace lyriquement que Baudelaire en commentant que lui en composant ce qu'il appelle un poème en prose. Tout le début du paragraphe en-dehors de l'effet forcément poétique des mises en relief des reprises est peu envoûtant à lire : "La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête..." Ce n'est vraiment pas beau à lire. Baudelaire utilise parfois des tours pour séduire : phrases exclamatives comme la première du " 'Confiteor' de l'artiste" : "Que les fins des journées d'automne sont pénétrantes !" Cette première phrase est cliché, pas très bien écrite, mais elle est très bien continuée en revanche : "Ah ! pénétrantes jusqu'à la douleur !" Les récits en prose de Baudelaire sont parfois écrits dans une prose poétique, mais malgré tout ce n'est jamais le basculement dans le poétique comme nous l'offre Rimbaud et parfois d'autres poètes depuis.
Pourtant, Rimbaud a dû s'intéresser à cette expérience originale de Baudelaire. Il l'a connue sous le titre Petits poëmes en prose et non pas sous le titre Le Spleen de Paris. Le recueil de cinquante poèmes en prose a été publié en 1869 dans le quatrième tome des OEuvres complètes de Baudelaire chez Michel Lévy. Une édition fac-similaire est disponible sur le site Gallica de la BNF qui pourtant ne la met pas du tout en avant. Il faut faire défiler un certain temps les pages de recherches sur Charles Baudelaire avant d'avoir un lien pour cet ouvrage pourtant essentiel aux études tant baudelairiennes que rimbaldiennes. Ce volume 4 réunit les Petits poèmes en prose aux Paradis artificiels. Je viens de vérifier que la préface que constitue la lettre à Arsène Houssaye figure bien dans la première édition du recueil en 1869. Le recueil contenait aussi un poème en vers final intitulé "Epilogue" qui est absent de maintes éditions modernes de ce recueil posthume de Baudelaire.
Précisons que le recueil des Petits poëmes en prose est une invention posthume dans l'état dans lequel nous le connaissons que nous devons à Théodore de Banville et Charles Asselineau. Le titre "Petits poèmes en prose" était le titre passe-partout que donnait Baudelaire quand il publiait une collection de poèmes en prose dans la presse, le titre qu'il avait arrêté dans sa tête était celui de Spleen de Paris. La préface est de l'invention de Banville et Asselineau, elle servait à une partie seulement de poèmes en prose publiés dans la revue L'Artiste d'Arsène Houssaye. L'épilogue est un poème en vers par exception et qui est composé de cinq tercets avec une rime orpheline à l'avant-dernier vers : le mot "plaisirs" n'y rime avec aucune autre fin de vers. Il y a une saturation de rimes et une absence de symétrie régulière dans la distribution qui cache cette rime orpheline, à quoi s'ajoute le glissement de la rime en "-agne" à la rime en "-ane".
Notons que le titre "Petits poëmes en prose" est écrit en plus gros caractères que celui des "Paradis artificiels" sur la première de couverture ou la page de faux-titre.
Rimbaud a donc eu accès probablement à ce recueil au sein de ce volume précis de 1869. Il a eu connaissance du poème final en vers, n'a connu que le titre Petits poëmes en prose et il a pu glaner des informations précises dans la lettre citée adressée à Arsène Houssaye. Elle l'invitait en particulier à découvrir le recueil érigé en modèle Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand.
On citera aussi le début de cette préface-lettre. Baudelaire revendique clairement la publication d'une suite de poèmes sans ordre, prônant une lecture libre : on peut lire les poèmes dans l'ordre qu'on le souhaite et même lire le nombre de poèmes qu'on souhaite, sans s'astreindre à tout lire du début à la fin :
 
[...] tout [...] y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. [...] Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d'une intrigue superfine. [...]
 
Et Baudelaire dit de ce jeu qu'on peut la découper en fragments : "Hachez-la en nombreux fragments [...]".
Tout cela est connu, me direz-vous, et ce passage est cité régulièrement par les rimbaldiens. Je veux bien, mais il y a une idée théorique selon laquelle le poème en prose moderne peut aller de pair avec une lecture qui n'obéit pas à l'ordonnancement général de l'ouvrage. Il y a une théorie qui privilégie la lecture d'un poème si court soit-il à la lecture d'un livre avec un fil conducteur. Baudelaire ironise clairement sur l'idée fallacieuse de relier les poèmes par une "intrigue superfine", laquelle, contraire au plaisir poétique, selon Baudelaire ! est contre-poétique car elle embête la "volonté rétive" du lecteur qui va trouver "interminable" le liant artificiel de l'ensemble.
C'est un sacré coup de griffe dans les thèses sur l'unité du recueil des Illuminations. Pour lire un livre d'une traite, il faut que le fil directeur ressorte et soit passionnant. Dans Une saison en enfer, l'ordonnancement saute aux yeux, on suit une progression.
Dans Les Illuminations, les rimbaldiens en sont réduit à dire des sottises : "Solde" a plutôt une air de bilan comme-ci, comme ça, "Génie" en jette plus, heu alors si on finit la lecture par "Solde" ça veut dire que c'est plus grinçant, et si on finit par "Génie" c'est plus un testament, voyez-vous, qui s'affirme, même si on sent la fragilité d'une note triste. C'est quoi, cette soupe ? Oui, dans Les Illuminations, il y a des poèmes qui se suivent sur un même thème, avec à la limite un intrus ou deux, mais le thème fait bloc sur plusieurs poèmes. OK d'accord ! Va te coucher !
Oui, heu alors, à la fin de la dernière page paginée, "Barbare" est une réfutation de tous les poèmes qui précèdent, c'est ce qu'on peut appeler l'épilogue répudiateur triste. Rimbaud dit que les fanfares d'illuminations ça va bien deux minutes, la poésie c'est bien joli, mais il faut aussi revenir au terre à terre.
Boudiou du con ! Echappe de là !
Enfin, bref, cette préface d'Arsène Houssaye imprègne d'évidence la poésie en prose de Rimbaud, lequel était un concepteur de poèmes, pas de recueils. Créer un recueil poétique, ce n'est pas les arranger vaguement par un sommaire.
Dans la suite de sa lettre à Houssaye, Baudelaire explique que son modèle était le Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand, ce qui veut dire qu'il faut garder à l'esprit que le projet de Baudelaire superpose ce qu'il va dire de la méditation tirée de la lecture du recueil de Bertrand à ce concept d'une lecture où la "rêverie" est continue ou n'est pas, et que, par conséquent, l'objet livre n'a pas à forcer une attention du lecteur au-delà du sentiment d'unité, au-delà du sentiment poétique qu'il arrive à entretenir à la lecture, Baudelaire présupposant abusivement que au-delà de cent vers l'attention poétique ne tient pas et que les longs ouvrages en vers ne sont pas exactement de la poésie, ce avec quoi je ne suis pas pleinement d'accord vu que ça relève d'une conception radicale caricaturale de l'état de transe poétique du lecteur.
Enfin, passons !
Baudelaire parle d'une prose sans rime et sans rythme, ce qui est un pléonasme, puisque "rythme" est employé ici au sens de mesure bien évidemment.
Baudelaire prétend que la prose pourra être "assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience." C'est très intéressant, mais quand je lis le résultat, les cinquante petits poèmes en prose qui suivent j'ai un énorme sentiment de frustration. Baudelaire n'était pas capable de produire cette poésie-là. Il n'était clairement pas Victor Hugo. C'est dur à entendre vu la place occupée par Les Fleurs du Mal dans la littérature poétique mondiale, mais c'est sans appel.
Baudelaire le dit lui-même à la fin de cette lettre qu'il considère avoir échoué. On peut y voir une feinte de la modestie, mais à la lecture du recueil on voit bien qu'il y a des difficultés qui n'ont pas été du tout surmontées.
Cependant, ce que dit explicitement Baudelaire du modèle venu de Bertrand est encore ailleurs. Bertrand a fait "la peinture de la vie ancienne" et son phrasé s'enrichissait d'une poétique de l'étrangeté pittoresque. Baudelaire a cherché une analogie, en principe plus méritoire, puisque au lieu d'une poésie par le charme décalé d'une couleur temporellement exotique, il vise à la peinture poétique de la vie moderne et notamment sur un plan plus abstrait. Et Baudelaire justifie son projet par l'immersion dans les "villes modernes".
Baudelaire dit avoir échoué et se le reprocher sévèrement. Rimbaud n'a-t-il pas relevé le gant ?
Une conséquence, c'est que Rimbaud pratique une prose qui n'a rien à voir avec celle de Baudelaire, mais la fréquentation des villes modernes est centrale dans le recueil de Rimbaud, recueil au sens neutre comme le prône Baudelaire, comme le prônait aussi Lamartine dans l'avertissement en prose en tête de ses Harmonies poétiques et religieuses : "sans liaison, sans suite, sans transition apparente". Je précise que "Génie" est un peu en prose par le contrasté étudié de certains alinéas et son imitation d'une lyrique religieuse l'équivalent de poèmes métaphysiques lamartiniens avec variation de strophes.
Petite digression : en 1826, il y a eu une publication d'une deuxième édition de deux volumes intitulés Leçons de littérature chrétienne avec un volume "Prose" et un autre "Vers". On retrouve des extraits d'écrivains classiques, Corneille ou Bossuet, mais aussi des auteurs moins connus, des traductions ou imitations de la Bible, des développements sur Ruth qui ont dû retenir l'attention de l'auteur de "Booz endormi" et cet ouvrage est divisé en parties qui coïncident avec des titres de poèmes des Méditations poétiques : "Dieu", "L'Homme", etc. Ces volumes ne sont pas disponibles sur Gallcia ou Googlebooks, et c'est bien dommage, ils étaient très lus à l'époque... J'ai déjà signalé à l'attention qu'à l'époque il y avait une littérature populaire dans les revues avec des poèmes en vers portant le titre de "Soeurs de charité", etc. Mais revenons à nos moutons. Rimbaud crée donc un recueil sans intrigue les reliant entre eux, ce qui revient à dire que pour faire un recueil où l'ordre des poèmes a un sens il faut une intrigue. Quelle est l'intrigue des Illuminations ? Première question à poser aux rimbaldiens universitaires. Mais, bref, on a l'idée de la peinture de la vie moderne qui est reprise par Rimbaud et qui, bien sûr, à l'époque est d'une évidente nouveauté en poésie.
De manière feutrée, Rimbaud va citer à l'occasion des passages des Petits poèmes en prose, mais comme la manière des deux poètes s'oppose ils tendent à passer inaperçus, à ne pas être admis en tant que tels.
Exception dans le recueil de Baudelaire, le premier poème "L'Etranger" est l'une des rares pièces où la prosodie d'un poème en prose apparaisse avec netteté. Le poème a une forme de dialogue avec des phrases en contrepoint d'autre. La parole est répétitive et lacunaire à la fois. Les alinéas sont particulièrement brefs. Je ferais d'autant plus volontiers de "L'Etranger" un modèle formel pour "Veillées I" et "Départ" que "Départ" fait de celui qui parle l'équivalent d'un étranger courant les nuages et "Veillées I" définit cette aspiration dans l'attente.
Sur le moi de la lettre du voyant, Rimbaud ne semble pas citer Nerval et ses châteaux de Bohême, il cite au moins la préface des Contemplations, mais il pense, même sans le citer, au " 'Confiteor' de l'artiste" et s'il n'y a pas pensé le 15 mai 1871 il a largement eu le temps de le prendre en considération avant de se lancer dans la composition des poèmes en prose réunis désormais sous le titre Illuminations :
 
[...] car dans la grandeur de la rêverie, le moi se perd vite ! [...]
 
Baudelaire écrit juste avant : "toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elles".
Baudelaire est considéré comme le premier voyant accompli, projet qui suppose un nouveau rapport au moi et une "rêverie", Rimbaud parle de "plénitude du grand songe". Il est question aussi du poète qui peut s'affaisser chez Rimbaud, ce qui entre là encore en résonance avec la chute du poème en prose baudelairien : "L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu."
Baudelaire y vante un point de méthode qu'il méconnaît d'évidence dans ses récits : "elles pensent, dis-je, mais musicalement et pittoresquement, sans arguties, sans syllogismes, sans déductions."
Les poèmes en prose illustrent mal ce propos tant Baudelaire y est raisonneur et sa prose peu musicale et heurtée.
Pourtant, lisons aussi la suite immédiate avec l'alinéa qui suit :
 
    Toutefois, ces pensées, qu'elles sortent de moi ou s'élancent des choses, deviennent bientôt trop intenses. L'énergie dans la volupté crée un malaise et une souffrance positive. Mes nerfs trop tendus ne donnent plus que des vibrations criardes et douloureuses.
Ce paragraphe fait penser à "Jeunesse" : "mes nerfs vont vite chasser" et surtout à "Veillées II" : "Rêve intense et rapide..." On pense aussi aux poèmes brefs : "J'ai tendu des cordes...", "Le haut étang..." qui sont un émittement de la poésie par le droit que s'accorde le poète, fidèle en cela à la préconisation de Baudelaire auprès d'Houssaye, d'interrompre où il le veut sa rêverie. On est au-delà du poème en prose court équivalent d'un poème-quatrain par exemple. Notez que l'adverbe "pittoresquement" justifie un éclairage des intentions par les propos de la préface sur le projet analogue à celui de Bertrand. On a un pittoresque de la vie moderne et abstraite, et c'est bien de cela qu'il est question dans les "Veillées", dans les poèmes réunis sous le titre "Jeunesse" et d'autres encore...
Pour "Un plaisant", j'ai pensé à la scène biographique avec Lepelletier d'un côté au poème "Ornières" de l'autre. Baudelaire décrit l'irritation qu'il a ressentie à voir un homme joué au plaisant en saluant un âne. Lepelletier a salué un convoi funéraire ce qui lui a valu l'épithète de "salueur de morts" par Rimbaud qui avait à lui reprocher son mot de "Mlle Rimbault" dans la presse, et "Ornières" parle d'une confusion entre carrosses de spectacle et carrosses de deuil, sachant que dans "Un plaisant" nous avons dans l'exposition du contexte : "l'explosion du nouvel an", un décor "traversé de mille carrosses, étincelant de joujoux et de bonbons".
Assez long, le poème "La Chambre double" a de bonnes chances d'avoir inspiré les Illuminations, notamment "A une Raison" et "Matinée d'ivresse". Il est question d'une Idole, "souveraine des rêves", d'une abolition du temps qui ne dure qu'un instant, d'une Idole qui devient spectre, et l'apparition de l'idole divise deux moments du poèmes, un peu comme le verset central de "A une Raison" : "Ta tête se détourne..." Je pense encore plus nettement à "Being Beauteous". C'est aussi un poème où Baudelaire organise un peu symétriquement des répétitions de mots, ce que Rimbaud fait avec une étrange régularité et complexité dans ses poèmes en prose et certains poèmes en vers.
Il y a donc une recherche à relancer sur les liens de la poésie en prose de Baudelaire et celle de Rimbaud.
Enfin, vu que j'ai consulté une édition du recueil de Baudelaire dans la collection "Pocket" je remarque que dans une note Pierre-Louis Rey dit que l'éloge fait à Houssaye était intéressé, celui-ci n'étant qu'un "médiocre écrivain". J'ai tendance à penser la même chose. Toutefois, Houssaye est un compagnon de route des seconds romantiques Gautier et Nerval, le directeur de la revue L'Artisteun intime des poètes que Rimbaud admire justement (Banville, Baudelaire, etc.), et Banville fait une publicité à un moment donné aux Heures perdues d'Arsène Houssaye en tant que l'un des principaux recueils poétiques du XIXe siècle.
Il faudrait peut-être le lire et s'y intéresser quand même. Rimbaud a dû le lire, au lieu de s'en tenir au jugement de la postérité qui ne s'était pas encore pleinement opéré de son temps. En 2025, vous vous intéressez à des dizaines, voire des centaines de réalisateurs de cinéma, par exemple. Il faut peut-être admettre que Rimbaud lisait à son époque des dizaines de poètes avec intérêt, quand nos élites n'en admettent que dix qui suffisent à distinguer notre niveau culturel du vulgaire.
Situer Rimbaud dans son temps, ça veut dire aussi lire avec plus d'intérêt une certaine quantité d'écrivains tombés dans l'oubli...

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