mercredi 21 mars 2018

Compte rendu sur le vif de l'épisode "Rimbaud philosophe : Vivre en enfer (1/4)" de l'émission Les Chemins de la philosophie sur France Culture

Cette semaine, l'émission Les Chemins de la philosophie offre une série en quatre épisodes dont le thème est "Rimbaud philosophe". Les quatre épisodes sont construits autour de quatre intervenants. Cela commence par un entretien intitulé "Vivre en enfer" qui porte sur bien évidemment Une saison en enfer avec si je peux dire le contrepoint du poème "Génie". L'intervenant n'est autre que Yann Frémy, ancien directeur de la revue Parade sauvage. Yann Frémy a publié une thèse sur Une saison en enfer que j'ai lue sur microfilm à l'université, puis il a publié un livre qui est un peu sa thèse avec un peu de remaniements, c'est celui qui est mentionné dans l'émission "Te voilà, c'est la force." Frémy aime bien donner pour titre aux ouvrages qu'il dirige une citation même de Rimbaud. Je possède des photocopies d'une majeure partie de ce livre. Mes finances n'ont pas suivi. Frémy a publié avec Solenn Dupas, une verlainienne que je ne connais pas, et Henri Scepi, un universitaire redoutablement fin à mon sens, mais encore peu expert au plan du sens même des poésies de Rimbaud, une édition des Œuvres complètes de Rimbaud et de Verlaine qui a fortement déçu les milieux des rimbaldiens et verlainiens dans la mesure où il ne s'agit que d'une juxtaposition des deux œuvres, sans établissement d'une chronologie des dossiers qui permettraient de travailler sur les influences réciproques entre les deux poètes. En effet, acheter les œuvres complètes de Rimbaud d'un côté et les œuvres poétiques complètes de Verlaine de l'autre revient au même. Ce volume est référencé sur la page internet qui donne le lien de la rediffusion de l'émission radiophonique : "Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, un concert d'enfers : Vies et Poésies", Quarto Gallimard, 2017.
Frémy a dirigé des ouvrages collectifs sur Une saison en enfer dont un auquel j'ai participé, Frémy me mentionnant par exception, dans la recension qu'il donne en introduction des différents articles. Il se contente de signaler que j'en viens à me "poser directement la question du sens de l’œuvre". J'ai plutôt l'impression que mon article intitulé "Trouver son sens au livre Une saison en enfer" apporte des réponses. Ce volume collectif paru en 2010 aux éditions Classiques Garnier s'intitule "Je m'évade ! / Je m'explique." Il contient également un article de Bruno Claisse "Le ressentiment, coeur du 'Prologue' d'Une saison en enfer", dont je reparlerai plus loin, et un autre de Yoshikazu Nakaji intitulé "La 'charité' dans Une saison en enfer". Je possède aussi le volume collectif Enigmes d'Une saison en enfer, mais il est moins intéressant et je ne l'ai pas sous la main.
Enfin, à la fin de l'entretien, on apprend que Frémy participe à un nouveau projet de Dictionnaire Rimbaud à paraître pour 2019, qui vient après celui de Baronian dans la collection "Bouquins" chez Robert Laffont. Décidément, l'idée initiée par Jacques Bienvenu est continuellement reprise. Pour moi, chercheur, ce projet de 2019 a ceci d'inquiétant que cela sera sans doute un énième verrouillage d'un discours critique sur Rimbaud dont je suis exclu. Un tel dictionnaire est plus un travail de mise en avant de ce qui a déjà pu être produit, en fonction d'autorités admises, et c'est assez peu l'occasion d'avancées inédites.
J'ai eu connaissance de cette série, parce que je consulte régulièrement la page d'actualités du site d'Alain Bardel. Les autres épisodes seront "Je est un autre" avec Alain Sager que je ne connais pas du tout, "La soif et la faim" avec Pierre Brunel, et "Assez!" avec un certain Audi dont j'ai oublié le prénom.
Commençons par rendre compte de l'épisode "Vivre en enfer". Au début, nous avons droit à une chanson de Robert Plant au titre qui résonne avec le prologue de la Saison : "Satan your kingdom must come down". Même si je préfère nettement les Rolling Stones, les années 60, j'aime bien les trois sinon quatre ou cinq premiers albums de Led Zeppelin. La carrière solo de Robert Plant est moins marquante, mais j'avoue que, sans grande prétention, le morceau reprend de bonnes bases et de bons motifs du blues, ne boudons pas le plaisir.


L'émission qui ne dure qu'"une heure s'appuie sur une sélection de textes commentés : le prologue et "L'Impossible" dans Une saison en enfer, et enfin "Génie" en tant que contrepoint. Principe de radio pour bien distinguer les plans, les textes sont lus par une autre voix. Mais, pfffh ! quelle lecture ! C'est fade.

Ce qui me marque, c'est le nombre considérable de retours sur la prose liminaire d'Une saison en enfer. J'ai lancé cela en 2004, j'y suis revenu précisément en 2009 dans l'ouvrage même de Yann Frémy que j'ai cité plus haut, et dans le même volume l'article de Claisse portait lui aussi sur ce prologue, en ne citant à aucun moment mon travail de 2004, alors que Claisse cite toujours un grand nombre de travaux rimbaldiens par ailleurs ; moi, je n'y ai pas droit. Murat a enchaîné dans son livre augmenté de 2013, puis un disons "anonyme" dans un article d'un des derniers numéros de la revue Rimbaud vivant, d'autres encore. Je constate qu'encore une fois, dans les interventions récentes, c'est ce texte-là sur lequel on prétend fixer les choses ou dire du nouveau. On me dira que ce texte introducteur est important. Frémy a dû choisir trois textes, le cas du contrepoint a réduit le choix à deux pour Une saison en enfer, mais "Adieu", "Alchimie du verbe", "Mauvais sang" ont toujours été plus volontiers étudiés comme primordiaux, sans compter que "Nuit de l'enfer" ou "Vierge folle" retiennent aussi vivement l'attention.
Je vais donc confronter cette nouvelle lecture du prologue à ce que j'ai produit, mais aussi à ce que Frémy lui-même en a déjà dit, parce que le discours actuel de ceux qui ont la main sur l'édition c'est que je dois être patient, accepter de ne pas être cité, accepter que les rimbaldiens verrouillent auprès du grand public une acclimatation à mes propres conclusions pour que le jour où j'entre en scène la force de mes apports ne fasse pas trop d'ombre, parce que c'est ça qui est en jeu.
Je traiterai bien sûr aussi de certains autres points et je commenterai même ce que j'ai perçu de cet entretien entre l'invité et l'animatrice.

Le paradoxe du titre : "l'enfer ne va durer qu'une saison", permet à Frémy de poser une problématique de lecture : s'agit-il d'une damnation religieuse avec un enfer ou s'agit-il d'une damnation dès ici-bas ? L'alternative n'est d'ailleurs pas si clairement posée qu'il y paraît. L'opposition réelle de la question posée par l'invité est entre un enfer après la mort et un enfer dans la vie, alors que le texte tranche cette question. L'enfer s'est lové dans la vie même du poète, puisque tout au long du texte, il se pose face à la mort pour s'encourager à l'aimer ou au contraire pour la refuser, révolté. Le poète parle même de "vie usée" et sa sortie de l'enfer se joue au plan d'une résolution mentale et n'imite que métaphoriquement et à peine l'idée physique d'une extraction en-dehors du lieu satanique. L'opposition du texte est entre l'idée de damnation religieuse qui peut se jouer dès ici-bas et l'idée d'une damnation auprès des hommes. Pour ce qui le concerne, tout l'entretien ne porte que sur l'idée de damnation religieuse en révélant que finalement la problématique est plutôt la suivante : "Cette damnation est-elle réelle ou bien relative et dépassable ?" Le titre même de l'ouvrage fait entendre la réponse, à tel point que le lecteur doit surtout se demander en lisant ce livre "Comment s'est-il damné ? Comment va-t-il s'en sortir ?"
Bref, on part de trop loin.
Ensuite, Frémy enchaîne sur l'idée que, "sans faire de Rimbaud un philosophe, son questionnement est proprement philosophique". Et Frémy prétend que Rimbaud va même approcher du concept en "réfléchissant sur le lien qui existe entre poésie et ontologie".
Pour l'approche philosophique, c'est assez juste. D'ailleurs, il faudrait passer en revue l'histoire de la poésie et distinguer les époques où la philosophie et la poésie sont plus intimement liées, distinguer encore les poètes qui ont une réputation de poète philosophe. Un très grand nombre de poètes ne font pas de leur activité un acte existentiel comparable à Rimbaud, ni même une activité réelle de quête du sens. Même les poèmes qui exposent une pensée de Ronsard, Aubigné, Voltaire (dont l'animatrice découvre ici qu'il fut un poète avec une abondante production), Musset ne sont pas spécifiquement des quêtes du sens par un poète. Le tournant est réellement amorcé par les romantiques : Lamartine, Vigny et Hugo, précisément les débuts des poètes voyants selon Rimbaud. En revanche, contrairement à Rimbaud qui accorde à plus d'un le titre de voyant, les "seconds romantiques" et les parnassiens ne me paraissent pas toujours véritablement impliqués par une quête du sens en tant que poète, pas même Leconte de Lisle ou Léon Dierx. Baudelaire fait exception avec peut-être Nerval, mais Baudelaire est plus superficiel que Victor Hugo me semble-t-il. Enfin, peu importe. Lamartine, Hugo, Vigny, Baudelaire, sont un peu les poètes portés à une quête du sens, tandis que le mot "voyant", tel qu'employé par Rimbaud, implique un groupe plus large de poètes de talent qui ont un certain regard sur le réel : Nerval, Gautier, Leconte de Lisle, Dierx, Banville, Verlaine. Les noms que je retiens ne sont pas exactement ceux mis en avant par Rimbaud.
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'effectivement la poésie de Rimbaud implique un engagement de tout l'être que seule la poésie de Victor Hugo approche à moitié. Le problème pour Hugo, c'est qu'il est en partie considéré comme pris dans une pantomime qui ferait double peau. Cela n'est pas dit de manière charitable, et ne fait pas honneur à Hugo, même si c'est un peu vrai.
En revanche, pour l'approche du concept, je serais plus réservé. Il faut opposer mot, notion et concept. La notion est plus qu'un mot, mais elle n'a pas le caractère abouti du concept. Pour moi, Rimbaud évalue des notions, travaille sur des notions, il ne ponce pas des concepts.
Mais épargnons-nous un trop long débat sur le sujet.
Ce que je retiens aussi d'emblée, c'est l'opposition entre le mode de l'affirmation philosophique dans les Illuminations et le mode vécu de la crise dans Une saison en enfer. C'est ce que formule Yann Frémy. A ce niveau-là de généralités, je ne vais pas le contester. En revanche, c'est important de garder en mémoire de loin en loin de telles distinctions, car à la fin de l'émission il va y avoir le contrepoint entre Une saison en enfer et "Génie". Comme j'écris en écoutant l'émission une deuxième fois au fur et à mesure, je relève donc cette phrase sur laquelle je reviendrai tout à l'heure.
Je ne conteste pas que le livre offre une argumentation philosophique (Frémy), mais qu'il faudrait tout de même ne pas ramener à un contenu intellectuel abstrait dépouillé de sa forme poétique (l'animatrice).
Pour présenter le livre dans son ensemble, Frémy reprend l'opposition aux lettres dites "du voyant", écrites deux ans plus tôt, en rappelant qu'elles développaient la prétention à une "tabula rasa", expression déjà employée par Frémy dans ses écrits, notamment dans la préface du collectif "Je m'évade ! / Je m'explique." Rimbaud a découvert depuis les résistances du réel à son projet, Frémy reprend alors une notion de "tragique" qui vient des deux articles que Bruno Claisse a consacrés à Une saison en enfer. L'idée est assez simplement qu'il faut accepter la réalité telle qu'elle est, sans chercher des solutions dans notre imaginaire ou dans des illusions collectives : la religion, l'idéologie du progrès, etc. Sur ce point-là, Claisse est très proche de ma propre lecture et l'invité pourra formuler une remarque assez juste sur le sens global d'Une saison en enfer : "Il faut vivre sa vie, plutôt que la sauver". Mais Frémy néglige ici d'autres aspects d'Une saison en enfer, notamment cette idéologie du progrès attaquée dans "Mauvais sang" et "L'Eclair" pour surtout se concentrer sur la "sale éducation d'enfance", autrement dit l'enseignement catholique qu'il a reçu.
L'expert interrogé introduit enfin à la lecture du prologue. Juste avant la lecture de la prose liminaire par un tiers (remarque en passant, j'ai beaucoup rigolé sur "Ah ! j'en ai trop pris"), il a annoncé l'idée du festin comme celle d'un bonheur essentiel, ce qui ouvre bien des perspectives à la réflexion philosophique. L'animatrice rebondit clairement là-dessus, s'inscrit dans la filiation de cette idée, quand elle dit juste après la lecture du prologue : "Rimbaud n'a que 19 ans et déjà il semble nostalgique d'une période de sa vie qui n'est plus." Mais son "Ah!" qui intervient au début de la réponse de Frémy témoigne sans doute moins d'une surprise réelle que de l'attente comblée d'un contre-argument, elle attend, je pense, des réponses précises et les questions sont parfois faussement naïves. Or, Frémy déclare d'emblée que ce festin n'a peut-être jamais existé. Il faut en effet faire le départ entre les lecteurs qui envisagent le "Jadis" comme lié à l'enfance et ceux qui considèrent qu'il n'a pas forcément existé, car du coup on peut envisager que "ce festin" désigne moins l'enfance qu'une représentation d'une origine de nos êtres, origine qui n'ayant pas eu lieu est un mythe suborneur.
Frémy s'inscrit comme moi, Claisse ou d'autres, dans ce type de lecture, mais il établit sa propre interprétation que je ne partage pas.
Selon lui, "le texte commence par la mise en scène d'une naissance". D'abord, il y aurait un "festin" où le "Je" n'existe pas encore. "Le temps intervient dans cette naissance" avec la mention "Un soir".
En fait, cette lecture me dérange. C'est une sorte de présupposition analogique appliquée aux deux premiers alinéas. Il y aurait le monde originel avant le "Je", puis l'apparition du "Je" et cela serait directement faire acte de rupture, car un "Je" s'affranchit d'emblée d'une fusion cosmique, il s'oppose à la beauté puisqu'il devient autonome. La mention "Un soir" correspondrait à l'apparition du temps par opposition à une éternité d'où l'être du "Je" proviendrait.
C'est faire dire énormément de choses aux deux premiers alinéas de Rimbaud. Le temps n'existe-t-il pas dans le "Jadis", lequel pourtant se situe dans le passé, ce qui est contradictoire ? Les vins coulaient, les cœurs s'ouvraient. Pour moi, l'écoulement est un indice temporel courant (pardon du jeu de mots) et l'ouverture des cœurs entre eux implique des actions en deux temps. Quant à la mention "Un soir", elle ne signifie pas que le cycle du temps se mit en place. Cette scansion semblait exister dans le "Jadis". Bref, j'éviterais d'amener Rimbaud dans des réflexions philosophiques qu'il ne prend pas en charge. Il me suffit de considérer que ce "festin" est l'origine chrétienne de toute âme. Je n'ai pas besoin d'un luxe de précisions de mon cru. Surtout, cette histoire de "je" à la naissance ressemble beaucoup à un discours psychanalytique du vingtième siècle, forcément anachronique par rapport à Rimbaud, d'autant que dire que le "je" n'existe pas dans "ma vie" cela me paraît contradictoire avec la forme du possessif "ma" et le fait de croire avoir eu une "vie" à cette époque imaginée.
Rimbaud joue de toute façon avec des limites métaphoriques qui peuvent facilement être retournées comme contradictoires par rapport à la cohérence de son récit. Par exemple, à la fin du paragraphe précédent, j'avais d'abord parlé du constat de réalité d'une "vie" avant de me rendre compte d'une contradiction interne, j'ai alors corrigé par "le fait de croire avoir eu une "vie" à cette époque imaginée. Une autre contradiction que personne n'aperçoit jamais et dont j'ai moi-même tardivement évalué l'importance, c'est que si le festin n'a jamais existé, l'épisode d'injure faite à la Beauté un soir n'a pas pu lui-même se produire ainsi.
Puisque ce festin n'est pas un souvenir réel, on peut alors dire que le "soir" d'un basculement dans la révolte n'a jamais eu lieu, mais que la révolte a toujours été là aussi loin que le poète se souvienne. Ce que je dis appartient à la cohérence même du discours de Rimbaud, mais je pense que les lecteurs s'embrouilleront vite s'ils veulent méticuleusement justifier tous les détails métaphoriques du texte par rapport à la chronologie du récit, par rapport aux divers moments où le poète formule des seuils qui jalonnent son expérience. C'est vraiment un sport auquel je me consacrerai le plus tard possible.
Toujours est-il que, sur la beauté, Frémy pose une question qui nous intéresse : quelle est-elle ? Dans ses écrits, dont une recension très récente dans la revue Romantisme, il a martelé qu'il y avait allusion à la Beauté des Fleurs du Mal, que Mario Richter et d'autres avaient raison de défendre cette idée, laquelle d'ailleurs est même acceptée par Claisse.
Je trouve que ce passage dans une émission radiophonique vaut tous les discours. Frémy a lu l'article qui a paru dans le volume qu'il a dirigé et publié en 2010. Je pense qu'il a lu d'autres de mes interventions plus récentes sur le sujet. En même temps, il est invité dans une émission où visiblement il n'est pas à l'aise, ce qu'attestent les nombreux "voilà" qui scandent quantité de ces réponses, ce sur quoi nous aurons à revenir. L'animatrice Adèle van Reeth le poussera de plus en plus dans ses retranchements par la suite et, même s'il sait rebondir et s'en sort pas trop mal, Frémy est un peu obligé de ne pas faillir dans l'explication contraignante du texte. Nous verrons plus loin la torture découlant de questions posées par van Reeth, mais déjà je trouve éloquent que la prétendue référence à Baudelaire, si convaincante pour pratiquement tous les rimbaldiens, mais pas pour moi,  soit passée sous silence. Je peux en citer plusieurs des écrits où Frémy fait le lien avec la beauté des Fleurs du Mal. Ici, il joue sur du velours et ne prend aucun risque, en uniformisant une lecture où il n'est question que de l'opposition au christianisme. La beauté n'est pas imposée comme baudelairienne et la charité est une vertu théologale. Tant mieux, mais pourquoi ne formuler qu'ici ce que je dis qui devrait figurer dans les études de référence ? Pour la charité comme vertu théologale, je ne peux pas reprocher à Frémy de s'y tenir, ce n'est pas lui, du moins dans mes souvenirs, qui plaide pour une lecture du mot selon un sens ordinaire laïc. Mais, pour la beauté, il escamote une sérieuse difficulté qui apparaît dans ses écrits et j'aurais beaucoup aimé voir ce qu'il aurait répondu si l'animatrice qui a visiblement une formation en philosophie avait soulevé la tension contradictoire d'une beauté baudelairienne mêlée à un rejet du christianisme.
Quand il s'agit d'affronter le bon sens commun ou un philosophe, hop ! il suffit aux rimbaldiens de ne plus parler de la beauté comme baudelairienne ! Néanmoins, n'y reviendra-t-on plus dès lors dans les commentaires littéraires quand il n'y a personne en face pour non pas répliquer, mais interpeller directement ? Comment se fait-il que cette difficulté ne soit pas affrontée en face, puisqu'il serait clair comme de l'eau de roche qu'il est question de la filiation baudelairienne dans cet extrait ? Passons.
Je remarque tout de même une petite déformation.
Certes, la "beauté" est goûtée, elle est "amère" pour le poète, mais ce n'est pas elle qui vient s'asseoir sur les genoux, c'est le poète qui l'assoit. Cela a l'air d'un détail, le fait qu'il l'assoie est compatible avec une approche de la beauté, mais quand même l'acte de se saisir de la beauté vient du poète. Et pour bien faire comprendre la subtilité de l'éclairage adopté par Rimbaud, posez-vous la question : pourquoi est-elle amère, cette Beauté ? Le poète l'a assise sur ses genoux, il attend donc un certain déroulement érotique. C'est que la Beauté n'arrive pas à communier avec ce mode de relation que dirige le poète. On pourrait dire qu'elle est sur ses genoux, non comme une prostituée, non comme une femme facile, mais comme une grosse bêtasse par exemple. En revanche, cet alinéa, on ne peut pas le déformer en attribuant une assurance à la Beauté, en lui attribuant l'initiative. C'est le poète qui a l'initiative et les commentaires qui prennent le contre-pied de cela sont voués aux contresens.
Poursuivant sur son idée d'une mise en scène de la naissance, Frémy assimile cet événement à la naissance non plus d'un "je", mais d'un corps. Le "je" serait donc le père de lui-même et la Beauté serait sa mère. Le "je" serait le fruit d'une union qui s'est mal passée. Je passe sur le fait qu'être assis sur des genoux ne signifie pas s'accoupler, je pense qu'on aura compris qu'il n'est pas question d'un corps qui se forme, mais d'une rupture entre le poète et l'univers du festin, la Beauté étant le point de départ d'un rejet qui s'accroît élément par élément : justice, espérance, etc.
Evidemment, mon rejet dès les premiers alinéas de la prose liminaire de cette thèse que le livre Une saison en enfer parle de l'altérité d'un "Je" qui s'autonomise face au monde vaut mise en doute sérieuse d'un aspect important de la lecture de Frémy, celle d'indifférenciation qui sera évoquée à nouveau au cours de cet entretien radiophonique, lors d'une comparaison, pour moi problématique, avec Sartre. C'est des thèses plaquées sur le corps du texte de Rimbaud qui peuvent se mouler sur pas mal de structures en place dans le livre Une saison en enfer, mais que bien des nids de contradictions n'empêchent tout de même pas d'emporter.
Surtout, tout le présent débat radiophonique se tient dans l'idée d'une double articulation entre le combat contre la religion et cette prétendue altérité du "Je" qui cherche à être. Le deuxième terme de l'articulation prend du plomb dans l'aile, donc ce qui reste c'est le combat contre la religion chrétienne. C'est ce qui va rester de cohérent et d'articulé dans le discours de Frémy. Là, tous les lecteurs qui pensent que la charité est une notion laïque dans la Saison, que les rages du poète vont bien au-delà du christianisme, etc., en sont pour leurs frais. Frémy ne développe même pas la présence certaine de toute une critique de l'idéologie du progrès comme nouvelle religion contredisant partiellement le christianisme, mais s'y rattachant. Malgré cette lacune, il mène de totue façon tout un entretien qui va normalement bien convaincre les auditeurs, et à raison, que c'est le dépassement de la religion chrétienne qui est en jeu dans ce texte. Moi, ça me va ! Cette émission prouve que, dès qu'il s'agit d'affronter une situation de débat, prudemment les extrapolations refluent : beauté baudelairienne, charité laïque, etc.
Je le cite. Le festin est bien sûr une "image biblique", la révolte est "contre Dieu". La messe est dite. Mais, il reste malgré tout un cortège de concepts philosophiques qui objectivement éloignent du texte : chercher de l'être, anomies, paratopies (??), néant, négativité, etc.
L'interlocutrice demande ce que c'est que "chercher de l'être" et la réponse est la suivante en tenant compte des problèmes de syntaxe liés à l'échange oral : "chercher d'une substance pour pouvoir dire que moi j'existe véritablement, de prouver son existence, de faire son existence ou bien de réaliser sa propre essence à partir de son existence". Cela peut-il raisonnablement et efficacement servir de commentaire à "je me suis enfui", "j'ai fait le bond sourd de la bête féroce", "c'est à vous que mon trésor a été confié", "Et j'ai joué de bons tours à la folie", etc., etc., et même peut-on parler d'affirmation d'une existence quand nous lisons ceci : "J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils" ?
Je passe sur l'identification du "je" à Rimbaud, ce n'est pas important pour le débat, mais le commentaire de la prose liminaire par Frémy s'accélère pour aller aux points d'articulation qui sont essentiels. Ce qui m'a surpris, c'est que Frémy souligne par un "Or" la problématique du neuvième alinéa.
Il faut bien comprendre le problème. Ceux qui connaissent ce que j'ai martelé à plusieurs reprises contre la lecture de Molino du neuvième alinéa peuvent deviner ce que je vais dire maintenant.
La problématique de la Saison est formulée au huitième alinéa :

   Or tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
Le poète veut arrêter la série de fausses notes qui le conduisent au trépas. Son premier réflexe est de songer à renouer la concorde du festin ancien. Les alinéas établissent un rapide débat qui permet d'évacuer le simple retour au "festin" et en même temps de ne pas se résoudre pour autant à la mort.
On voit bien que cette lecture n'est pas courante parmi les rimbaldiens. Dans son commentaire oral, Frémy va superposer le huitième et le neuvième alinéas, mais ce qui me fait dire que la conjonction "Or" est associée au neuvième alinéa et non au huitième, c'est que Frémy escamote l'idée clef du huitième alinéa "m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac". D'ailleurs, son commentaire ne va pas se pencher sur cette thématique de la mort que le poète voulait se donner le courage d'aimer puis contre laquelle il se révolte. L'interviewé laisse tomber la problématique première "éviter la mort" au profit d'une problématique juste mais articulée à la précédente "le rejet de la charité". Or, si on escamote la crainte de la mort, peu importe le rejet ou non comme illusion du festin, qui n'est rappelé que par crainte du trépas. Il y a toute une dimension du problème existentiel du poète qui passe à la trappe dans le commentaire de Frémy, et il n'est pas le seul à le faire : "Or, à un moment donné effectivement [digression ou parenthèse] à un moment Rimbaud va dire va avoir la nostalgie de ce festin ancien et il va le dire ici après il va le dire "La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !" L'animatrice cite à son tour cette dernière phrase qui résonne comme une grande attente et du coup évacue tout retour sur le cafouillage de la phrase précédente. Je pense que, à part moi, personne ne s'en rend compte sur l'instant, mais Frémy a escamoté un propos extrêmement signifiant "m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac". A défaut de sa mention, le projet de retour au festin ancien est présenté comme une nostalgie qui a pris sans raison le poète et, brutalement, le combat contre l'illusion de la charité vertu théologale est annoncé comme le fil directeur de l'ouvrage, le combat contre les illusions devant s'élargir à un refus aussi de l'aliénation satanique, de toutes autres formes d'illusions.
Je ne reviens pas sur le fait que Frémy entérine clairement ma lecture et celle de Margaret Davies en fixant qu'il est question de la charité comme vertu théologale. Ce qui pose problème, c'est qu'il n'identifie pas correctement le nœud de la crise du sujet rimbaldien dans Une saison en enfer.
Je ne vais pas contester la dénégation du souvenir du festin comme rejet de l'essence biblique et l'idée soutenue ici par Frémy que du coup sa révolte s'exerçait dans le vide, puisqu'il réfute l'existence de l'ennemi à combattre, c'est à peu près dans les clous, c'est pertinent pour les auditeurs qui, au moins, n'entendent même pas parler de la thèse contradictoire de Molino, ce qui n'est pas plus mal. Rimbaud est athée, je suis d'accord, même s'il n'est pas stable au vu de certains écrits sur l'idée d'un sort volontaire tourné contre lui. Pour le débat entre matérialisme et spiritualisme, Rimbaud n'est pas pleinement matérialiste dans sa poésie, son spiritualisme est lié au romantisme et aussi à son régime politique qui est plutôt un révolutionnaire dans l'esprit de 1848 avec une pensée anti-autoritaire et beaucoup de sympathie pour l'anarchisme, ce qui l'oppose au marxisme et ne l'implique pas forcément dans le pur matérialisme.
Mais revenons au seul commentaire de la Saison. Comme l'essentiel des illusions ce serait l'existence selon Frémy, celui-ci formule que l'enfer c'est l'existence, car on ne se défait pas si facilement des représentations. Or, s'il est vrai que le combat se fait contre de telles représentations, l'autre moitié du combat n'est pas à oublier : le retour contre la révolte elle-même,. Dès lors, dire que "l'enfer, c'est l'existence" est un contresens majeur. La prise de conscience du festin comme rêve vient après une révolte contre la mort, le refus du "dernier couac". Partant de là, il est contradictoire de dire que le rejet de Dieu révèle à quelqu'un qui ne veut plus mourir que l'enfer c'est l'existence. Et, précisément au plan du récit, "L'Eclair" et "Matin" le signifient bien : l'enfer a précédé la dénégation des illusions. L'enfer, c'était les illusions dans l'existence et non l'existence elle-même !
Il y a un autre problème que pose la lecture de Frémy. En effet, le rejet du festin peut sembler signifier que son abandon au Mal ne fut que pitreries. Mais il manque un plan intermédiaire : la réalité des sociétés humaines qui ont mobilisé cet arrière-plan chrétien, ce qui sera au cœur du récit par la suite. D'ailleurs, dans l'échange qui va suivre avec Satan, le poète parle de "lâchetés en retard", se reconnaît en tant que "damné", ce qui veut dire qu'il en admet encore en porter l'habit, même si son récit va laisser entendre qu'il en est sorti. C'est un peu subtil, mais ces dynamiques sont essentielles à la bonne compréhension de l’œuvre. Frémy insiste sur le fait qu'après le rejet de l'idée d'une essence divine, Satan continue de parler. C'est inexact sur plusieurs points. Satan prend pour la première fois la parole dans le récit. Ensuite, il ne faut surtout pas dire qu'il continue pas de parler ou pérorer, il "se récrie", dénonçant l'attitude du poète. Frémy passe implacablement à côté de la signification profonde de la succession des alinéas. L'inspiration divine et Satan parlent chacun tour à tour, l'une pour donner sa solution de vie, l'autre pour dénoncer le refus de mourir. L'une est réfutée férocement, l'autre est éconduit ironiquement.
Interprétant à tort que Satan continue de parler alors que la charité est vaincue, Frémy esquisse une thèse qui fait contresens avec l’œuvre. Le poète n'échapperait pas à ses représentations et donc nous passerions du plan d'une damnation religieuse à une damnation humaine. En gros, Rimbaud comprendrait que Dieu n'existe pas, mais il serait déjà trop tard. Cela implique que Frémy envisage que les "feuillets du carnet de damné" ont été écrits après "le dernier couac", voire après le rejet de la charité, puisque dans "Nuit de l'enfer" par exemple nous avons les parents du poète qui sont dénoncés pour lui avoir imposé le baptême et le catéchisme.
C'est un énorme contresens qui fera dire plus loin cette sottise énorme que Rimbaud pourrait beaucoup ressembler à Sartre. Préférant un Camus à un Sartre et partageant les critiques de Michel Onfray au sujet du ponte de l'existentialisme, je vous laisse deviner le mépris que j'ai pour ce genre de rapprochement. Bref !
En tout cas, l'enfer précède la révolte contre la mort, et dans "Mauvais sang", le discours tourné vers la religion ne peut pas succéder au rejet de l'essence divine.
Tout ça ne tient pas la route. Le rejet du "dernier couac" se situe dans "L'Eclair" : "A présent, je me révolte contre la mort" et le dernier relent du souvenir d'un festin originel est évacué au tout début de "Matin" : "N'eus-je pas..."
"Mauvais sang" nous situe immédiatement dans la révolte et "Nuit de l'enfer" nous précipite un peu plus encore dans l'enfer. Quant aux deux "Délires", ils font la relation rétrospective de récits du temps de "Mauvais sang" et "Nuit de l'enfer". Pour sa part, "Alchimie du verbe" doit être mis en regard du second alinéa de la prose liminaire, quand le poète s'exclame : "Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne."
Combattant une approche très abstraite du texte, van Reeth intervient alors pour souligner l'irruption du physique et du matériel, tendant à déprécier l'idée d'un simple rejet de la religion, sinon de Satan, en simple cliché littéraire. Nous basculons alors dans l'idée de la rencontre avec la sensation et toute une théorie de la souffrance lui est associée. En fait, je décroche, je ne comprends pas toujours tout au quart de tour, tellement ces réflexions me sont étrangères.
En revanche, Frémy cite alors le passage du vice dans la quatrième section de "Mauvais sang" en disant qu'on a beaucoup débattu sur ce que c'était ce vice et en affirmant que c'est une découverte de la sexualité. Il cite le texte, reportez-vous-y ! Moi, je ne vois pas en quoi il y a une découverte de la sexualité : ce vice est associé à l'âge de raison, j'ignorais que l'âge de raison était associé à la puberté, une logique m'échappe quelque peu. C'est une histoire de pomme d'Adam ? Je ne comprends pas très bien. Quand Rimbaud écrit "chargé de mon vice", en tant que lecteur, ma démarche est de me dire que Rimbaud ne précise pas, car il faut naturellement comprendre que c'est ce qu'il a décrit de lui-même depuis trois sections qui forme le tout du vice. Je peux réfléchir sur ce vice, le préciser, mais, par inférence et recherche des antécédents dans le texte au groupe nominal "mon vice", je comprends que ce vice, c'est le sentiment d'être irrémédiablement de "mauvais sang". On le voit : Murat, Frémy, plusieurs rimbaldiens, au lieu d'identifier le "vice" à ce qui a été dit dans les sections précédentes, tendent à tout investir dans une impression, et forcément une extrapolation finit par jaillir de cette impression.
Le débat sur le problème de la naissance à la sensation tourne court, j'écris quand la lecture en quatre minutes de "L'Impossible" se termine, je vais reprendre donc à ce stade de l'émission.
N'ayant pas publié encore ma lecture sur "L'Impossible", je vais élaguer le commentaire, je vais juste soulever quelques points.
Donc, van Reeth opposant la raison à l'esprit, Frémy définit "l'esprit" comme "ce qui est en devenir". Faisons remarquer au passage que Frémy revient plusieurs fois sur le couple idéalisme / matérialisme, en affirmant le matérialisme de Rimbaud. J'ai participé à un renforcement du débat à ce sujet, en insistant sur le dualisme patent de Rimbaud dans ses formulations (au passage, Frémy prétend qu'avec la conjonction "et" la formule "une âme et un corps" n'est plus dualiste, ce qui me semble un peu étrange...) et sur le débat entre spiritualisme et matérialisme au dix-neuvième siècle. Le mot "spiritualisme" est de la famille du mot "esprit" ce que masque le choix d'idéalisme par Frémy. Mais, je vais surtout revenir sur la fin de "L'Impossible", fin au commentaire de laquelle l'invité arrive assez vite :

     [...] - Par l'esprit on va à Dieu !
     Déchirante infortune !

La résolution du problème consisterait à dire que c'est la métaphysique religieuse qui a confisqué le discours. C'est ce qui est dit en toutes lettres et le commentaire continue en évoquant d'autres possibilités : "ç'a été confisqué par la métaphysique religieuse. Par l'esprit, on pourrait faire des tas de choses : on pourrait faire de la poésie, on pourrait révolutionner la société, on pourrait être libre, on pourrait être joyeux, mais non!"
Cette lecture est un contresens, puisque le récit s'intitule "L'Impossible". Il s'agit donc d'un récit de prise de conscience d'une fermeture à tous ces possibles. Surtout, il n'est pas dit que l'esprit est obligé d'aller à Dieu, mais que l'esprit mène nécessairement à Dieu. Je rapproche ce "Par l'esprit on va à Dieu!" d'une phrase de la section "Adieu" (pardon pour la rime) : "mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul." Ces phrases ont l'air de poser l'existence de Dieu, ce qui n'est pas le cas. L'ironie, c'est que le poète croyait par son esprit remplacer Dieu et cela n'est pas possible. Ce dont prend conscience le poète, c'est que s'il s'est armé contre la justice il ne peut pas pour autant s'en emparer, s'en faire maître, la faire sienne : il ne peut pas connaître la justice dans l'absolu de la vie de l'esprit. C'est ce renoncement qu'enseigne Une saison en enfer.
J'y reviendrai, mon texte est déjà assez long, et c'est déjà un très beau morceau d'éclairage qu'il me semble jeter sur les formules à la fin de "L'Impossible".
Je passe sur le texte de Sartre avec l'affirmation erronée selon laquelle Rimbaud casse la nature. Là, je n'ai pas eu le temps d'écouter attentivement. Évidemment, je ne prends pas Sartre pour un grand philosophe, pas plus que je n'ai été marqué par le niveau prétendument indépassable des écrits de Jean-Pierre Richard dans Poésie et profondeur.
Je renonce à commenter le reste de la prestation radiophonique et je me rends directement au contrepoint qu'est "Génie". Le "Génie" est un autre dieu et donc un autre au-delà, une autre illusion, dans l'explication de Frémy, ce qui fait réagir la philosophe : que gagne-t-on au change ? Un Génie à la place de Dieu ? Ce Génie est différent de Dieu, c'est même explicité par le texte, réplique l'invité, mais il n'en reste pas mois qu'en termes d'illusion compensatrice pour vivre Rimbaud retourne dans une religion : "tout ça pour ça" réplique très durement Adèle Van Reeth. La réponse de Frémy n'est plus après que dérobade... Je vous laisse écouter parce que ça doit faire réfléchir tous ceux qui prétendent que après Une saison en enfer les Illuminations ont été composées.
Allez, j'arrête là, de toute façon, je ne peux pas espérer que mon étude soit relayée, toute passionnée qu'elle est, toute contraignante qu'elle est dans la logique argumentative, toute précise qu'elle est pour que tous les lecteurs aient la chance de mieux comprendre Rimbaud. J'ai été publié à un grand nombre de reprises, on ne pourra pas dire que des raisonnements aussi serrés ne méritent ni intérêt, ni réponse, mais bon... "les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le cœur des autres..."

2 commentaires:

  1. J'adore la célérité de votre commentaire : vous allez voir Pierre Brunel va bientôt évoquer Lucrèce (sans vous mentionner, bien entendu).
    Le professeur nous parle aussi de son entretien (avec qui ?) dans la chambre jolie jolie de Rimbaud (qui n'est peut-être pas la chambre jolie de Rimbaud).

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    1. Brunel ne m'a pas cité, mais je ne peux pas dire qu'il ait repris mes idées sans me citer. Je me plains de deux choses, être ignoré et effectivement voir que mes idées sont quand même reprises, fût-ce de manière diffuse.
      Pour la chambre, je n'ai pas voulu semer la zizanie, mais je ne vais pas taire que la chambre du haut n'est certainement pas la bonne, et je l'ai visitée, donc je sais où il a été interviewé déjà. Le plus impressionnant, c'est le lecteur de ce blog qui m'a appris que Rimbaud n'a pas logé à l'Hôtel Stella, que la rencontre avec André Gill n'était pas à l'adresse indiquée par la bio de Lefrère, et il y a d'autres trucs en cours...

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