Mon article "Assiégeons Les Assis !" a été publié en octobre 2008 dans un numéro spécial "Hommage à Steve Murphy" en octobre 2008, à l'époque où il quittait la direction de la revue. Ce volume a été réédité il y a peu dans la collection des Classiques Garnier. On peut l'acheter à 42 euros, sinon 29 pour un abonnement, sur internet. Avec cette réédition, on peut aussi acheter séparément un article ou l'autre, dont le mien. Tous les articles sont à deux euros quelle que soit leur épaisseur. Mon article est de taille normale, 20 pages. Je ne touche rien si on l'achète. Je n'ai jamais rien touché pour mes articles publiés dans la revue Parade sauvage. L'ensemble du volume fait 42 sinon 29 euros, mais on peut réduire les frais en se contentant d'acheter les articles qui en valent la peine.
En tout cas, il existe un monde où on publie des articles dans une revue universitaire qui a un coût, et puis où on réédite le volume en question. Le prix est conséquent : 42 euros, on se doute qu'on fait jouer les bibliothèques, les universités. Les passionnés peuvent les acheter, mais ça se contourne, sans compter qu'il y a quelques volumes gratuits qui sont partagés, à quoi ajouter les tirés-à-part des articles.
Bref, il y a un coût à cette publication, des dépenses pour éditer ces articles, et la rentabilisation suppose des coûts universitaires qui placent ces travaux de recherche dans des bibliothèques, même si toutes les universités ne se fournissent pas nécessairement de séries complètes. Il y a des universités où ne figurent même pas de tomes de la revue Parade sauvage. Les volumes sentent-ils leur peau se percaliser sous l'effet du soleil vif ? Rien n'est moins sûr. La plupart des étudiants ne lisent pas ces revues, ne les consultent pas. Ceux qui les consultent font des mémoires de recherche, mais quand on fait un mémoire on est déjà spécialisé, on le fait sur un siècle, sur un auteur, un genre littéraire, une époque délimitée, etc. Qui plus est, la question qui se pose, c'est est-ce que les gens qui publient des articles sur Rimbaud, qui publient des livres sur Rimbaud, etc., lisent ces recueils d'articles ? Est-ce que quand ils vont recevoir l'exemplaire de la revue où figure l'un de leurs articles ils prennent la peine de lire les articles voisins ? Est-ce qu'à défaut d'avoir la collection d'une revue chez eux ils vont prendre la peine de les consulter à l'université ? Fera-t-on se lever les bibliothécaires ? Ou bien carrément est-ce que les universitaires et rimbaldiens ne préfèrent pas définitivement rester visser à leurs chaises ?
Ici, le travail devient encore plus simple, vu la mise en vente sur internet, et le raffinement de la vente au détail des articles.
En tout cas, dans le Dictionnaire Rimbaud aux éditions Classiques Garnier en 2021, on constate à l'entrée consacrée au poème "Les Assis" que la section bibliographique est légère et que mon article "Assiégeons Les Assis !" n'y est même pas référencé.
C'est ballot. On doit cette bourde à Jean-Pierre Bobillot qui me connaît pourtant, puisque c'est lui qui signe la notice. Cela ne s'arrête pas là, parce que moi je creuse les sujets.
En gros, sur une trentaine de rimbaldiens plus actifs que les autres et liés à la revue Parade sauvage, certains ne lisent pas les articles divers de la revue Parade sauvage. Bobillot a publié plusieurs articles dans cette revue, a participé aux conférences de colloques et il a publié un livre sur Rimbaud et la versification chez Honoré Champion que je possède Le Meurtre d'Orphée. Or, il ne lit pas les articles de la revue Parade sauvage. Je déplore déjà le manque de lectures suivies de Jeancolas, de Guyaux, de Brunel, de Steinmetz, mais je pourrais citer d'autres contributeurs réguliers de la revue Parade sauvage et faire sentir qu'ils ne lisent guère d'articles. Ils lisent Murphy pour pouvoir s'en prévaloir et leurs propres articles, et puis c'est tout. Donc, la revue Parade sauvage, c'est une revue dont le coût est élevé dont les lecteurs se comptent sur les doigts d'une seule main : moi, Murphy, Reboul et je ne sais pas qui sont les deux autres. Oui, il y a un peu plus de lecteurs si on considère ceux qui lisent au moins quelques articles, mais ça n'atteint sans doute pas la quinzaine. Pourquoi ne pas faire directement que quinze tomes et les envoyer aux intéressés ? Après, on fait un site internet avec les articles en ligne et pour la conservation patrimoniale quelques exemplaires pour des bibliothèques pas trop accessibles (pour ne pas user le patrimoine).
Croira-t-on qu'il y a des consultations et mentions répandues dans des tas de travaux d'étudiants obscurs ? Je n'y crois pas trop personnellement, mais bon...
Passons à la suite du problème.
Même si la non consultation des articles par les principaux rimbaldiens eux-mêmes est une réalité, et même s'il n'y a aucun grand intérêt à débattre s'il y a dix, quinze ou trente lecteurs clefs, la réalité du nombre de lecteurs étant de toute façon peau de chagrin, comme l'attestent le défaut de connaissances des rimbaldiens amateurs et le défaut de citations de ses articles par les travaux ultérieurs, il y a une autre idée à creuser : l'article "Assiégeons Les Assis !" a pu ne pas être cité, parce qu'il n'a pas été pris au sérieux. Il y a aussi la politique comme quand Pierre Brunel cite l'article sur "Le Bateau ivre" de Murphy, et pas le mien, mais dans le cas présent je ne crois pas que ce soit un problème politique. Le problème politique, il existe bien sûr et je l'ai dénoncé en ce qui me concerne dans le cas de l'Album zutique, du "Bateau ivre" et de "Voyelles" notamment, dans le cas de la prose liminaire d'Une saison en enfer aussi, et bien sûr dans le cas du déchiffrement manuscrit de "L'Homme juste". C'est accablant pour les rimbaldiens, mais vous allez voir qu'il y a encore d'autres moyens de les discréditer.
Les rimbaldiens pourraient soutenir un récit selon lequel sur mon blog j'ai fini par devenir un chercheur hors-pair à cause de ma persévérance, à cause du temps consacré à Rimbaud et à une vaste lecture des livres du dix-neuvième siècle, etc. Ils auraient eu raison de me dauber avant la rupture de 2011 environ où ils ont lâchement soutenu Lefrère et Teyssèdre, et d'autres choses encore. Ils pourraient se dire que mes articles avant 2009 n'étaient pas encore assez bons, qu'ils le devenaient de 2010 à je ne sais pas 2019, puis que là ils sont forcés de constater que ça devient excellent et impossible à contourner.
Ils savent reconnaître que c'est bon, mais je le serais trop tard une fois que la dispute (dont ils se dédouanent avec une fausseté absolue) fait qu'il est interdit de me citer, surtout de citer ce blog.
Dans cet article de 2008, je soulignais une logique métaphorique du poème "Les Assis", j'insistais sur la référence à des poèmes précis et d'actualité de Leconte de Lisle et je citais la mention "genoux aux dents" du poème "Napoléon II" des Chants du crépuscule.
Et là il y a quelques jours, je suis revenu sur le poème "Napoléon II" et fatalement avec mes méthodes accrues de sourcier prenant en compte la forme, les faits, j'ai souligné que non seulement Rimbaud avait repris "genoux aux dents" à "Napoléon II", mais qu'il avait inventé la rime "prunelles fauves" et "têtes chauves" à partir d'expressions en fin de vers de deux rimes distinctes du "Napoléon II" : "tête chauve" expression à la rime identique au singulier, et "fauve prunelle" ce que Rimbaud a retourné, et j'ai mis en avant la rime "épis"/"accroupis" qui vient elle aussi de "Napoléon II" avec cerise sur le gâteau l'écho verbal "agace" de l'un à l'autre poème qui donne beaucoup d'intérêt à la lecture satirique de la chute du poème "Les Assis".
Je n'avais pas vu toutes les suites de ma découverte de "genoux aux dents" en 2008, mais il y a deux faits accablants pour les rimbaldiens. Eux non plus qui n'y ont pas donné suite, et à cela s'ajoute que malgré tout ma lecture de 2008 avait une orientation métaphorique que les éléments que je viens de dégager confirme, sauf que cette lecture métaphorique a elle aussi été superbement daubée par les rimbaldiens.
Bardel n'a pas cité cet article récent, les rimbaldiens vont l'ignorer. Il leur reste comme marge de manœuvre de faire semblant de découvrir les choses en parallèle, ce qu'ils font déjà de temps en temps, mais à petite dose pas trop couillue. Quand on connaît le petit nombre de poèmes de Rimbaud, année par année, l'importance des enjeux du seul poème "Les Assis", les rimbaldiens jouent donc à se priver d'une recherche efficace.
Ils vont faire quoi ? Des colloques à cinquante personnes pendant quatre jours devant un public de cent personnes en taisant l'existence de ce blog ? Ils vont se rendre à France Culture pour être interviewé et ressortir la salade pour la doxa de 1973, de 1997 ?
C'est ça leur vie ? Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.
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