Comme je viens de publier un article sur les poésies de François Villon, je me suis dit que j'irais bien consulter ce que pouvait dire au sujet sujet du "Lay ou rondeau" Chevrier dans son livre La Syllabe et l'écho. Je cite le poème de Villon en question qui fait partie des pièces incluses dans son "Testament" :
Mort, j'appelle de ta rigueur,Qui m'as ma maistresse ravie,Et n'es pas encore assouvieSe tu ne me tiens en langueur :Onc puis n'eus force ne vigueur :Mais que te nuysoit elle en vie,Mort ?Deux estions et n'avions qu'ung cuer ;S'il est mort, force est que devie,Voire, ou que je vive sans vieComme les images, par cuer,Mort ?
On voit le problème. Le mot "Mort" ne rime avec aucun vers ni dans la première "strophe" ou ici séquence, ni dans la seconde. On voit qu'il s'agit de la répétition du mot initial du mot, et que c'est un peu un au-delà de la métrique. C'est une syllabe mise en relief, mais pas versifiée.
Dans son livre, Chevrier traite des monosyllabes non seulement au plan des vers d'une syllabe, mais au plan des répétitions remarquables comme l'anadiplose, ou au plan des constructions qui alignent les mots d'une seule syllabe, en vers comme en prose. Normalement, il devrait en parler. Il n'y a pas d'index des noms dans son livre et j'ai beau tourner les pages je ne vois aucune mention de ce poème tiré pourtant du poète le plus lu du Moyen Âge.
C'est d'autant plus étonnant que Chevrier met en avant l'existence de rondeaux tout en monosyllabes à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. Le "lay ou rondeau" est un peu en marge de ce mouvement, mais son emploi du mot "Mort" y fait écho.
En revanche, pour la genèse du poème de Rességuier, je me rappelle maintenant à la lecture de Chevrier qu'il y a les poèmes en vers d'une syllabe avec la rime en "-ort" fortement exhibée au XVIIIe siècle, et c'est plutôt là que je vois la filiation. Je n'ai pas vérifié si Chevrier disait cela, mais j'ai une autre lacune nouvelle à souligner dans son livre qui va dans le sens d'un auteur qui recense mais qui ne fait pas forcément les liens entre les poèmes, liens de source à imitation.
Ceci dit, quant au sonnet de Rességuier, il s'inspire de jeux du dix-huitième siècle, mais il suit aussi l'influence de Victor Hugo avec Cromwell en 1827 qui contient les chansons à verts courts des fous et avec certaines ballades du recueil Odes et ballades de 1828. Et Hugo s'inspirait à l'évidence de modèles médiévaux dont Chevrier donne des exemples. Le sonnet de Rességuier peut revendiquer un double héritage, XVIIIe siècle et rondeaux de la fin du Moyen Âge, ce n'est pas en tout cas impossible.
Il n'avait pas cité le texte de Verlaine contre Barbey d'Aurevilly et il n'avait même pas nettement relié les deux poèmes de Pommier et les sonnets en vers d'une syllabe de Rességuier et Daudet aux sonnets zutiques d'ailleurs. Je peux vous citer ce qu'il a écrit... C'était mou.
Ici, un truc que j'avais déjà relevé et dont je viens de bien vérifier qu'il n'a rien fait, c'est à propos du poème "Les Djinns" de Victor Hugo. Du bas de la page 65 à la fin de la page 67, nous avons deux pages et demi d'un chapitre intitulé "Des vers monosyllabiques dans une littérature voisine" et sur un peu plus d'une page nous avons la transcription d'un poème en anglais. Il s'agit du poème "The passetyme of Pleasure or the Historie of Graunde Amour and L a Bell Pucell" qui date de 1509. Il s'agit d'une création du poète chaucerien Stephen Hawes et Chevrier qui n'avait pas son Murphy at home ce jour-là écrit que ce poème "commence et se termine par des vers monosyllabiques". Et suit la transcription du poème, et comment dire, c'est la forme du poème "Les Djinns" avec des vers anglais. Après la citation, Chevrier reprend la main pour offrir une traduction en français respectant la construction syllabique, c'est donc une traduction adaptation. Chevrier parle de "traduction homosyllabique". Hu ! Hu !
En gros, vous voyez sur une page, des quatrains qui progressent de une à deux syllabes, de deux à trois, de trois à quatre, de quatre à cinq, de cinq à six, puis ça régresse à cinq, à quatre, à trois, à deux, à une syllabe. Et voici le commentaire :
Ces strophes alignent des vers de une à six syllabes, répartis de façon symétrique inverse en sous-quatrains bimétriques : 1.2-3.4-5.6-5.4-3.21. [...]
Je n'ai pas compris, mais ce que j'ai compris c'est que avec sa distraction de génie Chevrier a oublié de dire sa découverte, il s'agit de la source au poème "Les Djinns" d'un Victor Hugo qui sortait de la composition de son sujet anglais en milliers de vers Cromwell. Chevrier parle de modèle de poèmes latins antiques en vers croissants et décroissants, ce qui pourrait exclure l'idée d'une influence directe sur Victor Hugo, mais je trouve ça un peu gros de ne pas au moins émettre l'hypothèse, puisque le poème est supposé bien connu d'après Chevrier qui écrit bien ceci : "On retient souvent de lui..."
SeeMeBeKind :AgainMy painRetainIn Mind.My sweet bloodOn the roodDid thee good.My brother.My face right red.Mine armes spread,My woundes bled,Think none other.Behold thou my side,Wounded so right wide.Bleeding sore that tide,All for thine ownsake,Thus for thee I smarted :Why art thou hard-hearted ?Be by me converted,And thy swearing aslake.Tear me now no more.My woundes are sore.Leave me swearing therefore.And come to my grace.I am readyTo grant mercyTo thee trulyFor the trespace.Come now near.My friend dear,And appearBefore me.I soIn woeDid go :See, see.ICryHieThee.
Je ne vous cache pas que je trouve ça moche : "Wounded si right wide", "Tear me now no more", "Be by me converted", je ne pense pas que ce soit la poésie et l'euphonie de son siècle. Après, je ne parle pas facilement en anglais, mais quand même je sens bien que c'est un peu léger tout ça avec des effets un peu cons.
Je me dis que Chevrier va se rattraper et faire le lien quand il va parler inévitablement du poème "Les Djinns". Ben non !
Chevrier consacre trois quarts de page en gros au poème "Les Djinns" du bas de la page 311 au milieu de la page 312. Il cite le premier huitain en vers de deux syllabes. Chevrier identifie la strophe par la position des rimes, elle est "ababacccd", il rappelle que nous avons de strophe en strophe une croissance du nombre de syllabe, puis une décroissance, et il énumère les nombres : 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 12 syllabes, en faisant remarquer que Victor Hugo a évité les vers de neuf et onze syllabes mal admis. Il fait remarquer que Victor a osé le vers de deux syllabes, mais pas le huitain de vers d'une syllabe. Chevrier n'a songé à aucun moment à citer des sources au poème de Victor Hugo, soit les poèmes de l'antiquité, soit le poème de Stephen Hawes.
Je ne comprends pas pourquoi.
Je suis en train de travailler sur l'emploi des vers courts et des chansons par Hugo, puis par Musset vu comme un lecteur de Victor Hugo qui suit sa propre voie. Donc je vais continuer à fouiller dans l'ouvrage de Chevrier, mais si vous voulez savoir ce que disait Chevrier sur les sonnets en vers d'une syllabe, voici pour votre édification.
Le premier sonnet monosyllabique, celui de Rességuier, est cité à la page 331, mais inclus dans une citation d'un auteur d'époque, et Chevrier ne le commente pas à ce moment-là.
A la page 336, Chevrier cite sans ce respect de la chronologie qu'il cherchait pourtant à s'imposer le poème "Le Pauvre diable" attribué à Baudelaire dans un numéro du Figaro paru en 1878. je cite le texte qui introduit la citation de ce poème dans le livre La Syllabe et l'écho :
On a attribué à Baudelaire, très tardivement, une suite de dix-huit quatrains monosyllabiques, Le Pauvre Diable. Ce poème est paru très tardivement, dans Le Figaro en 1878, et résulterait d'un défi dans un salon : "Faire un poème épique en vers d'un seul pied."
Je n'ai pas découvert ce poème dans le livre de Chevrier, je l'avais lu dans des éditions des œuvres complètes de Baudelaire dans une section de "poèmes attribués". J'ai consulté le numéro du Figaro sur le site Gallica de la BNF, et j'en ai déjà traité sur ce blog.
Après avoir cité le poème, Chevrier commente de la sorte et je mets aussi le titre du chapitre qui suit immédiatement dans l'économie de l'ouvrage, je vous explique pourquoi ensuite :
C'est un poème effectivement filiforme, à l'image du pauvre diable qu'il a pris pour thème - ce qui évoque par ailleurs le thème du poème en vers trisyllabiques de Scarron.Nous reviendrons sur les rimes du type rude / plus de, pâle / pas le, sur le / hurle... avec celles de l'auteur suivant, qui sont vraisemblablement antérieures.Amédée Pommier, un "petit romantique" méconnu[...]
Nous sommes bien d'accord que Chevrier ne dit pas que les poèmes en vers d'une syllabe sont la source du poème "Le Pauvre diable", même s'il va en ce sens en parlant de poèmes probablement antérieurs de Pommier. L'adverbe "vraisemblablement" ne participe pas d'une affirmation, d'une découverte d'une source au "Pauvre diable". Moi, j'affirme évidemment que le poème "Le Pauvre diable" est une imitation des poèmes justement d'Amédée Pommier, et j'ai une preuve de ce que j'avance, preuve que j'ai déjà énoncée depuis des années sur ce blog et dans des articles de revues ou volumes d'articles sur Rimbaud.
La fin du poème "Le Pauvre diable" cite "Cocher ivre" de Rimbaud qui citait précisément les vers de Pommier que Verlaine envoyait à la face à Barbey d'Aurevilly : "Clame, - Geint, - Brame... - Fin !" La mort finale est aussi une allusion au "Martyre de saint Labre" de Daudet tourné contre Verlaine. Rimbaud emploie avec une conjugaison au subjonctif "Geigne" en clausule de sonnet, comme un étendard de la déroute grammaticale de l'exercice, et nous avons la même succession verbale "clamer" et "geindre". Je cite en à plat horizontal le dernier tercet de "Cocher ivre" : "Saigne : / - Clame ! / Geigne."
Par son verbe qui je le rappelle clôt son poème, Rimbaud cite un passage du poème "Blaise et Rose" de Pommier que Verlaine a cité avec un mépris bien acide pour les goûts complaisants du Connétable des Lettres. Il s'agit de la réplique suivante de Blaise : "Fâche - Toi. - Prie : - Crains : - Crie ; - Geins. - Grince ! - Pincer - Fort ! - Grogne ! - Cogne ! - Mord ! - Etre - Maître - Veux." Ma citation est ici d'après le texte de Chevrier à la page 345 de son livre. Je vous laisse vous reporter à l'article de Verlaine qui date de 1865. Vous avez une liaison par les emplois de conjugaison du verbe "Geindre" : "Geins" ("Blaise et Rose" de Pommier), "Geigne" ("Cocher ivre" de Rimbaud) et "Geint" ("Le Pauvre diable" zutiquement attribué à Baudelaire par un auteur du Figaro). Les rimbaldiens n'ont jamais réagi à cette mise au point mienne. Pas le moindre écho à ce jour !
Chevrier ne songe tellement pas à l'article de Verlaine qu'il dit que "Blaise et Rose" est "moins connu" que l'autre long poème en vers d'une syllabe "Sparte" dont le sous-titre "En style laconique" a aussi à voir avec l'idée de maigreur du "Pauvre diable" publié en 1878.
C'est un fait que je passe derrière Chevrier et découvre des choses qu'il n'a pas vues.
Des pages 336 à 347, Chevrier ne parle jamais de l'influence des poèmes en vers d'une syllabe soit sur "Le Pauvre diable" qu'il venait de citer, soit sur les vers d'une syllabe de l'Album zutique. On me dira que ça va de soi, je ne suis pas d'accord, il y a des commentaires de détail à faire, sur la construction grammaticale, sur le fait de reprendre des mots aux poèmes de Pommier, sinon des rimes, sur les schémas de rimes croisées plus faciles à comparer avec "Sparte", il y avait des choses à dire sur les railleries à l'égard de Pommier dans l'Album zutique. Il n'y a rien de tout ça dans le livre La Syllabe et l'écho.
Vous voulez que je photographie les pages de mon exemplaire pour vous le prouver ?
Chevrier passe ensuite à un chapitre sur les "sonnets monosyllabiques". Celui de Paul de Rességuier est à nouveau cité et cette fois il fait l'objet d'un commentaire de Chevrier lui-même. Chevrier cite ensuite un poème en huit vers d'une syllabe que Maxime du Camp rapporte dans ses Souvenirs comme un exemple de "calembredaine" à la manière de Rességuier : "Blonde / Nuit, / L'onde / Fuit ! / Une / Brune / Lune / Luit !" Le passage "L'onde / Fuit" me fait songer au poème de l'Album zutique de celui qui n'ayant trouvé personne écrit un poème se finissant par "Je m'enfuis" (citation de mémoire).
Chevrier cite ensuite des sonnets en vers de trois syllabes d'un proche de Victor Hugo : Auguste Vacquerie. Il y a ensuite un sonnet qui a été attribué à Baudelaire, à Baudelaire et Banville, puis au seul Banville, avec des mots coupés entre les vers, sonnet en vers de trois syllabes où Vacquerie est mentionné dès l'attaque du morceau :
VacquerieA son Py-Lade épi-Que : "Qu'on rieOu qu'on crie,Notre épiBrave pi-Aillerie." O Meuri-Ce !il mûriRa, momie.Ce truc-làMène à l'A-Cadémie !"
J'aime beaucoup cette contribution de qui qu'elle soit. Si elle est de Banville, ça pique encore plus à la tronche rouge de Barbey d'Aurevilly. J'aime beaucoup l'idée de couper les mots comme un charcutier, le jeu de mots "mourra" et râle d'agonie derrière le découpage "Meurice" et "il mûrira, momie." Et la chute est simple mais redoutablement efficace : Ce truc-là mène à l'Académie, phrase triviale toute conne mise en tercet avec des rimes.
J'aime beaucoup cet humour virtuose.
D'autres sonnets en vers courts sont cités, le "Martyre de saint Labre" est cité comme le deuxième sonnet monosyllabique à la page 354, mais incidemment. Aucune insistance sur la référence à Rességuier, aucune explication sur le choix de Daudet contre Verlaine, aucun lien aux vers de Pommier, aucun lien non plus anticipé pour les sonnets zutiques. Chevrier écrit simplement ceci :
Ce poème est paru dans le Parnassiculet contemporain (1867), un pastiche féroce des poètes paraissant dans les livraisons du Parnasse contemporain depuis 1866, adeptes du sonnet et de la rime riche. Il est attribué à Alphonse Daudet.
Je l'ai déjà dit par le passé. Il n'y a aucun lien de fait avec Verlaine malgré le sous-titre "Sonnet extrêmement rythmique" qui est une allusion à "Nuit du Walpurgis classique" des tout récents Poèmes saturniens. Il n'y a rien à se mettre sous la dent. Le lien à l'article de Verlaine qui cite les vers d'une syllabe de Pommier n'est pas vu. La colère de Barbey d'Aurevilly quand il écrit ses Médaillonnets n'est pas cernée et rapportée à l'article de Verlaine. Barbey d'Aurevilly n'est même pas cité ici. A la page suivante, page 355 qui se referme sur la page 354, Chevrier commence la recension des sonnets monosyllabiques de l'Album zutique et il ne fait pas le lien ni avec les vers de Pommier, ni avec le sonnet de Daudet. Oui, il y a une sorte de sous-entendu par la chronologie que les sonnets zutiques sont d'époque et supposent une connaissance des antériorités de Rességuier et de Daudet, mais c'est un peu court. Et si on en a conscience, pourquoi on n'en fait rien ?
Je croyais qu'il y avait au moins une phrase où le lien était envisagé de manière traînante à la fin d'un chapitre, mais là je ne trouve pas, je suis fatigué.
Achetez le livre et vérifiez si ce que je viens de dire est vrai ou pas...
Au passage, j'avais rédigé tout un article sur les vers originaux d'Armand Renaud, apparemment il n'est plus trouvable sur internet, mais je l'avais rédigé sur un ordinateur plus ancien que celui que j'utilise actuellement. Je suppose que j'avais mis ça en ligne sur des forums de discussion à l'époque, et j'avais écrit que le recueil de Renaud ne contenait pas que le poème "Le Puits" comme originalité métrique. Je note que Chevrier a fait un article sur ce recueil, j'en prends note. Soit !
Mais pour Le Bois, vous ferez croire que vous vous êtes interdit de lire ce blog que vous avez pourtant déjà cité dans un article pas si ancien, que vous ne lisez pas les articles parus dans Rimbaud vivant non plus...
La revue Parade sauvage et son comité de lecture ne connaissent pas non plus la revue Rimbaud vivant où certains publient pourtant ou ont publié occasionnellement. Mais bien sûr !
C'est plus Parade sauvage, c'est le paradis en images, cette revue.
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Edité : j'ai édité mon article récent sur Villon, pour corriger un passage à vide de ma part sur un vers de l'Epitaphe Villon, et à ce sujet il serait bon que je trouve ce que disent les notes des éditions actuelles au sujet du vers en question.
A propos du livre La Syllabe et l'écho de Chevrier, il y a des compléments importants à faire. D'abord, plus haut, je parle du verbe "geindre" (quelques coquilles (lacunes de mots) dans mon texte encore à corriger), mais il est employé aussi dans "Le Martyre de saint Labre" (ce que j'avais déjà dit par le passé) : la liaison est la mention "Geins" du poème "Blaise et Rose" de Pommier, la mention de ce passage précis du poème par Verlaine contre Barbey d'Aurevilly en 1865, la mention "Geint" par Daudet qui ne signe pas son "Martyre de saint Labre" du Parnassiculet contemporain, la mention "Geigne" par Rimbaud dans "Cocher ivre" et la mention "Geint" par l'auteur du "Pauvre diable" qui doit encore être identifié puisque ce n'est pas Baudelaire qui était mort quand Rimbaud composait "Cocher ivre" source au "Pauvre diable". J'ajoute que la mention "Clame" du "Cocher ivre" vient d'un autre poème de Pommier en vers courts, mais en vers de deux syllabes, "Pan". La séquence "clamer" et "geindre" relie "Cocher ivre" et "Le pauvre diable" avec une symétrie de position en fin de poème.
J'ajoute que la consigne "Faire un poëme épique en vers d'un seul pied" est une citation d'un extrait en alexandrins où Pommier parle de ses propres jeux :
Comment s'amuse-t-il aux vers trisyllabiques ?Que ne fait-il plutôt des poëmes épiques ?
Ces vers sont cités dans le livre de Chevrier mais à aucun moment il ne fait les liens avec "Le Pauvre diable". 1878, c'est deux ans après les Dixains réalistes, deux ans avant la première citation par Champsaur de strophes des "Chercheuses de poux" dans une revue, le roman Dinah Samuel étant postérieur de deux ans. Nous sommes au début des lectures publiques sur le modèle des Hydropathes et bientôt du Chat noir... L'enjeu est carrément de savoir ce qu'il est advenu des manuscrits des "Chercheuses de poux" et des "Veilleurs" entre les mains des ennemis de Verlaine et Rimbaud qu'étaient les hydropathes, Félicien Champsaur, Maurice Rollinat, Octave Mirbeau et donc François Coppée. C'est trois fois rien...
Je note que sur le sonnet de Rességuier, Verlaine faisait l'erreur courante de l'attribuer à un Jules, alors qu'il est d'un Paul de Rességuier. En revanche, Vacquerie dans son sonnet en vers de trois syllabes citait un Paul, en l'occurrence Paul Meurice. Voilà qui nuance étrangement l'analyse du prénom "Paul" dans "Jeune goinfre".
C'est par coïncidence que Daudet a attaqué un Paul avec un sonnet monosyllabique, on dirait.
J'ai toujours annoncé que je ferai un relevé complet des emprunts à Pommier dans les sonnets zutiques et un peu au-delà, ça viendra.
Chevrier cite Barbey d'Aurevilly dans sa partie sur Pommier, mais jamais l'article de Verlaine, et il ne cite pas Barbey quand il parle des sonnets monosyllabiques, et j'ajoute que si nous connaissons le sonnet d'Alphonse Daudet ce n'est pas à Chevrier que nous le devons. Je le savais avant 2002 qu'il y avait un Parnassiculet contemporain avec ce sonnet, donc qu'on ne me dise pas que Chevrier a des droits par le fait d'avoir cité ce sonnet page 354 juste avant une recension des sonnets de l'Album zutique. Chevrier n'a rien vu. Il a des sujets qu'il a trouvés importants et qu'il a traité à fond, mais il n'a pas cerné l'importance du sonnet de Daudet, il le cite comme ça en passant, et Chevrier n'a pas compris le lien étroit entre les poèmes en vers d'une syllabe de Pommier et les sonnets en vers courts des zutistes. Son discours se limite à dire que les zutistes ont fait des vers courts parce que Pommier et d'autres en faisaient déjà, et Pommier est perdu dans la masse, et pire encore Chevrier parle en termes élogieux de Pommier, un poète qu'il est regrettable d'oublier, un virtuose de la forme et un précurseur du courant "fantaisiste", rien que ça. Non ! Le lien n'est pas compris !
Sinon, sur les mélanges de vers longs et courts, Pommier est disciple de Victor Hugo. Chevrier fait là en revanche des analyses très intéressantes et fouillées.
Je vais faire un article sur les vers courts, et Chevrier cite aussi avec raison des sources aux ballades de Victor Hugo. Je vais bien parler de tout ça, on va faire un bon dossier sur les vers de chanson de Vicotr Hugo, de Musset, de Pommier et d'autres encore.
Et je vais mettre en avant des idées de sources pour des vers de Rimbaud, j'ai remarqué quelques trucs.
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